Le Tyrol, dont nous avons présenté en 2012 quelques aspects hivernaux toujours d’actualité, est une région éminemment touristique mais qui, plus que toute autre en Europe, a su garder son âme et ses traditions : on vous reçoit ici, mieux qu’en simple visiteur, comme un membre (éloigné) de la famille, parfois en français, le plus souvent en anglais ou, bien sûr, en allemand. L’atmosphère dans les hôtels et restaurants est toujours chaleureuse, sans parler de la gastronomie qui mériterait un article à elle seule ! L’accessibilité est globalement bonne dans les villes et villages, étant entendu que le Tyrol est une région montagneuse où tous les obstacles ne sont pas compensés… Côté tarifs, la destination se situe dans la moyenne des pays européens et offre une gamme assez large pour satisfaire tous les budgets. Le trajet est faisable sans encombre par la route (environ 900km depuis Paris ou Marseille, 200 de moins depuis Lyon) ou, faute de vol direct, via Munich dans la Bavière voisine, en louant ensuite un véhicule ou en empruntant le train. Attention si vous circulez sur les autoroutes, il faudra vous procurer la vignette ad hoc.
Un pont sur l’Inn.
Lovée au coeur des montagnes le long de sa rivière, Innsbruck évoque Grenoble par son dynamisme à la fois sportif et économique, et l’atmosphère active qui y règne. Les touristes viennent en nombre découvrir le centre ancien, particulièrement pittoresque (relisez ce que nous en écrivions en 2012) mais peu s’aventurent dans la partie récente de la cité, qui présente pourtant de nombreux attraits, tant architecturaux que culturels. Par exemple, tout le monde se rue au tremplin olympique de Bergisel qui domine la ville, spectaculaire témoignage des JO de 1964 (toujours en usage et reconstruit en 2001 par la « starchitecte » Zaha Hadid disparue en 2016), sans prêter attention au tout aussi spectaculaire panorama qui attend les visiteurs en contrebas, celui de la bataille de 1809 qui vit les Tyroliens résister héroïquement aux troupes franco-bavaroises. Une immersion complète, troublante de vérité ! Accès par élévateur, stationnement payant à proximité.
L’endroit, ultramoderne, est connecté au bâtiment plus classique du musée d’Histoire par un souterrain d’où un ascenseur permet de gagner les étages. Sur le versant opposé de la vallée, les amateurs de panoramas naturels et d’architectures atypiques pourront emprunter un funiculaire (dont les stations ont été conçues, là encore, par Zaha Hadid dans des courbes et une transparence étonnantes) puis un téléphérique, parfaitement accessibles, pour un point de vue sur la vallée à couper le souffle du haut de ses 1.900 mètres ! Et s’il vous en faut encore un, rendez-vous en centre-ville, près de la gare, au 12e étage de l’hôtel Adler où un restaurant très trendy offre, particulièrement le soir, un balcon merveilleux sur Innsbruck et ses montagnes.
Autre incontournable local, mais qui réserve son lot de surprises : Kristallwelten (« Les mondes du cristal ») de Swarovski, du nom de la célébrissime marque de strass fondée ici à la fin du XIXe siècle. Les visiteurs qui y affluent tout au long de l’année ne s’attendent probablement guère à une confrontation avec l’art d’aujourd’hui : c’est pourtant ce qui advient, au fil d’un parcours bluffant, parfaitement accessible, où les ambiances, signées de grands artistes contemporains, se succèdent avec une égale magie. Un vaste parc paysager accessible de plain-pied complète l’enchantement pour ceux à qui il reste des forces. Enfin, côté strass, si vous craignez de craquer, évitez de passer par la boutique… Parking réservé au plus près de l’entrée, restauration possible sur place.
Que du bleu !
A une quarantaine de kilomètres au nord-est d’Innsbruck, le lac d’Achensee (prononcez arainzé) est le plus grand du Tyrol. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, ses eaux très pures, d’un bleu profond, attirent sur ses berges et dans les massifs montagneux qui le dominent de nombreux Autrichiens et Allemands avides de calme, de nautisme ou d’excursions en moyenne montagne. Peintres et photographes sont également à la fête car les paysages, avec leurs bourgs de carte postale, évoquent un Tyrol éternel, celui d’avant la douloureuse séparation d’avec la partie italienne (1918 : le sujet est toujours sensible chez les vieilles générations)… L’atmosphère, à l’instar du reste de la région, est familiale, détendue : on se salue dans les rues ou sur les chemins, nul stress à l’horizon ! Les principales stations (Maurach, Pertisau, Achenkirch) sont desservies, outre la route et une magnifique voie verte, par une compagnie de navigation dont les navires sont accessibles en fauteuil roulant (particulièrement celui-ci), occasion d’une mini-croisière de découverte dans un environnement aussi splendide que préservé. Repas possible à bord ou, à la faveur d’une escale, dans l’un des nombreux restaurants qui animent le rivage. Le petit train à vapeur, dont le signal et la fumée caractéristiques ponctuent la rive occidentale du lac, est malheureusement inaccessible en fauteuil roulant mais l’observer en manoeuvre demeure un vrai plaisir !
À Pertisau, les amateurs de panoramas seront servis : il y a d’abord celui, époustouflant, qui se découvre depuis le Zwölferkopf, l’un des sommets du massif du Karwendel en empruntant une télécabine accessible de plain-pied. Les activités, une fois sur place, se résument à la contemplation, mais quelle contemplation ! Dans le fond de la vallée, une route à péage permet d’accéder à un autre paysage majestueux, celui des montagnes entourant l’alpage de Gramai-Alm. Autour d’une vaste auberge (accessible par sa partie arrière), de nombreuses activités sont possibles mais les excursionnistes handicapés moteurs devront, faute de joëlette, se contenter de baguenauder sur le bitume… Enfin, ne manquez pas, à Pertisau, un étonnant musée, installé de plain-pied sous le « cristal » emblématique du centre-bourg, qui retrace l’épopée de l’extraction du schiste bitumineux, débutée en 1902 et toujours en activité. Audioguides en français. Cette « huile de pierre », après distillation, fait l’objet d’usages inattendus en cosmétique, ainsi qu’on peut s’en rendre compte en passant par la boutique : vous croyiez tout savoir sur le Tyrol ?
Jacques Vernes, août 2018.
Sur le web, le site officiel du Tyrol propose, en français, un véritable portail d’informations sur la destination, sans omettre la partie handicap (en allemand ou en anglais). Consultez également, en français, le site de l’Office de tourisme d’Innsbruck et cette partie du site Tyrol consacrée à l’Achensee. Lequel dispose d’un portail bilingue allemand-anglais avec un chapitre « barrier-free » très complet.