Faut-il encore présenter Toulouse ? Métropole gallo-romaine puis wisigothe, aquitaine, languedocienne, occitane, la quatrième ville de France attire depuis l’Antiquité !
Il suffit, pour s’en convaincre, de faire un tour au musée Saint-Raymond, installé dans un élégant bâtiment Renaissance près de la fameuse basilique Saint-Sernin (accessible, comme la cathédrale Saint-Étienne, par son portail nord). Ses collections, parfaitement accessibles et d’une très grande richesse, comportent notamment une collection fort bien mise en valeur de bustes impériaux et de notables romains.
Ne manquez pas, à peu de distance de là, le splendide couvent des Jacobins dont l’attrait, en plus de l’architecture (nef et cloître gothiques), tient aux expositions temporaires qu’il abrite ; les lecteurs érudits de Thomas d’Aquin (XIIIe siècle, saint-patron des universités) y trouveront en outre son tombeau. Pour visiter le musée des beaux-arts, dit des Augustins, et la fondation Bemberg dans le magnifique Hôtel d’Assézat, il faudra attendre la fin de leur rénovation, en 2022 ou 2023.
Un patrimoine préservé et valorisé
Le centre ancien, qui s’étend au-delà de l’emblématique place du Capitole, se visite assez aisément en fauteuil roulant. Le réseau de transports en commun est tout aussi facile d’utilisation (avec métro automatique) mais si vous arrivez en voiture, sachez que les options de stationnement ne sont pas légion dans l’hyper-centre en-dehors du parking souterrain. La place du Capitole constitue le coeur battant de Toulouse, magnifié par le palais des Capitouls devenu mairie, où convergent célébrations et protestations dans une ambiance surchauffée. Elle concentre également restaurants et hôtels (mention spéciale pour l’Ibis Styles où l’accueil handi est particulièrement bienveillant) et son nom résonne dans l’oreille de tous les amateurs d’opéra : les représentations que l’on donne ici placent en effet la salle parmi les étapes incontournables ; emplacements réservés pour les spectateurs à mobilité réduite qu’apprécient la militante Odile Maurin, audiodescription de 3 des 7 opéras programmés la saison prochaine.
À l’instar du sport (ah, le Stade Toulousain !), Toulouse joue depuis longtemps dans la cour des grands côté culturel. Celle qui a vu naître Carlos Gardel (1890-1935, le pape du tango argentin) et Claude Nougaro (1929-2004) offre un éventail susceptible de satisfaire tous les goûts : théâtre, concerts, expositions… Tout n’est pas forcément accessible en fauteuil roulant ou pour les spectateurs déficients sensoriels mais il suffit de se renseigner : impossible n’est pas toulousain comme l’exprime également Pierre Baradat !
En périphérie s’écrit le futur de la ville. Les nouveaux éco-quartiers y fleurissent, où la culture reste présente. L’Histoire aussi : celle de l’aviation, bien sûr. Ainsi l’ancien site historique du constructeur Latécoère (1883-1943), pionnier s’il en fut, a-t-il conservé une partie de sa piste (sur laquelle veille une version de « L’air » du sculpteur Aristide Maillol) et la plupart de ses bâtiments. Lesquels abritent désormais un musée accessible de plain-pied baptisé L’envol des pionniers qui retrace l’extraordinaire odyssée de l’Aéropostale et de ses héros : Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet… Nombreux objets historiques dont quelques-uns à toucher, livret braille ou grands caractères, maquettes tactiles certaines à l’échelle 1 : passionnant ! L’endroit propose régulièrement des expositions temporaires.
Le parking sur lequel vous n’aurez pas manqué de stationner si vous n’avez pas emprunté les transports en commun vous permettra d’accéder, tout près et toujours de plain-pied, à l’autre attraction du quartier : la Halle de la Machine. Utilisée par la célèbre compagnie éponyme, désormais nantaise, pour entreposer et restaurer ses monstres merveilleux, elle est ouverte au public qui peut y faire une promenade (accessible !) dans l’impressionnant Minotaure ou déambuler parmi les mécaniques éminemment poétiques qu’animent leurs concepteurs. Repas possible sur place, stationnement réservé.
Toulouse des airs et de l’espace
Du côté de l’aéroport de Blagnac, les amateurs d’aéronautique seront servis au-delà des espérances : Aéroscopia y déploie en effet des dizaines d’avions, civils et militaires, dans un immense hangar parfaitement accessible. Certains de ces appareils se visitent, dont un Concorde, un Super Guppy, un Airbus A380 et, sur réservation, un A400M entreposé à l’extérieur. Postes de pilotage, cabines dans leurs différentes déclinaisons, équipements de test complètent des panneaux de présentation (quelques-uns en braille et tactile) retraçant l’histoire et la « préhistoire » de ces aéronefs. Multiples aides aux visiteurs handicapés, dont prêt de fauteuil roulant, livrets illustrés présentant des sections difficilement accessibles, supports pour les visiteurs déficients visuels, visioguide LSF, etc.
D’un aéroport l’autre, la célébrissime Cité de l’Espace est implantée, quant à elle, non loin de celui de Lasbordes. Très prisé des familles mais aussi des amoureux de conquête spatiale, l’endroit ne présente de problème d’accessibilité que pour la visite d’une réplique de la station Mir, impossible en fauteuil roulant du fait de l’exiguïté. Le reste des installations, dominées par la silhouette imposante d’Ariane 5, se visite sans encombre, où l’on découvre, en taille réelle, maquettes et reliques authentiques de cette épopée humaine encore en devenir. De nombreuses installations ludo-scientifiques permettent de passer une journée à (ré)apprendre la conquête de l’espace sous la houlette virtuelle de Thomas Pesquet. Planétarium et Imax comportent des emplacements réservés. De multiples aides et adaptations aux visiteurs handicapés sont proposées dont des vidéos, animations et conférences en Langue des Signes Française, un guide pratique en grands caractère ou braille ainsi que des maquettes tactiles, plan simplifié, etc. Restauration possible sur place, parking aisé à proximité.
On l’aura deviné, Toulouse ne se laisse pas découvrir en un jour ! Deux (tout) petits derniers, pour la route : descendez en bord de Garonne, sur les quais près du Pont-Neuf. L’ambiance y est délicieusement méditerranéenne toute l’année. Veillent ici un petit bonhomme rouge et le sourire de Claude Nougaro : saurez-vous les trouver ?
Jacques Vernes, août 2021.
Sur le web, l’Office de Tourisme (dont les espaces physiques, derrière la place du Capitole, sont accessibles par rampe) propose, outre les rubriques standard, une page « vacances pour tous » qui détaille les dispositifs d’accessibilité et permet de télécharger au format pdf le plan accessible de la ville, la liste des sites principaux ainsi que « 10 lieux à ne pas manquer » présentés en Facile à lire et à comprendre (FALC). Enfin, la mairie a publié en avril 2021 un guide pratique d’accessibilité des services publics, culturels, privés, transports, etc.