Un musée et un site extraordinaires
Le musée départemental gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal se situe à 30 kilomètres au sud de Lyon. Séparé de Vienne par le Rhône, il présente des objets provenant de la ville antique de Vienna et issus du site archéologique sur lequel il est installé depuis 1996. A l’intérieur, quatre espaces proposent de découvrir la civilisation gallo-romaine à travers des objets, mosaïques et maquettes répartis en 4 thèmes :
- l’histoire des fouilles archéologiques et l’urbanisation du site,
- la vie économique (commerce et artisanat),
- les décors (fresques et mosaïques),
- les différents espaces de la maison romaine.
A l’extérieur, le site archéologique est un des plus importants de France. On y trouve des grandes maisons urbaines (domus), des thermes et des ensembles commerciaux (entrepôts, boutiques, échoppes artisanales…). Plusieurs voies dallées traversent le quartier. Sur un côté, le Domaine expérimental des Allobroges associe un jardin de plantes anciennes, un vignoble reconstitué à l’antique et un espace artisanal avec des fours.
Un public diversifié depuis longtemps
Depuis son ouverture il y a 25 ans, le musée et le site attachent une importance particulière à l’accueil des publics en situation de handicap. Le musée est ainsi doté d’un ascenseur, les espaces de circulation sont larges et les objets exposés à des hauteurs raisonnables. Sur le site archéologique, des sols stabilisés ont été conçus pour la circulation dans une partie des espaces. Pour les publics sourds, des visites traduites en Langue des Signes Française sont organisées ponctuellement. Pour les personnes déficientes intellectuelles et visuelles, des visites spécifiques sont animées par des médiateurs qui utilisent de nombreux outils de médiation sensoriels. A ce propos, l’un des médiateurs, Jérôme Fage, est officiellement référent pour les publics en situation de handicap. Mais que proposer aux visiteurs en individuel qui viennent sans réserver de visite guidée ? Comment faire connaître à la personne en fauteuil roulant les espaces qui lui sont accessibles ou pas sur le site archéologique ? Pour répondre à ces attentes, il convenait de concevoir de nouveaux outils.
Un guide de circulation sur le site archéologique
Pour pouvoir orienter au mieux les personnes qui ont besoin d’une circulation stable, lisse, sans pente, un livret a été conçu. Il est disponible en ligne et sur demande à l’accueil en version imprimée. Contrairement aux autres outils dont il sera question ci-dessous, ce livret n’avait pas réellement d’équivalent existant dans d’autres sites. Il a donc fallu l’inventer ! L’idée était bien sûr d’inclure un plan du site archéologique avec les circulations accessibles, mais pas uniquement. En plus d’un plan brut parfois austère, le livret voulait guider le visiteur à chaque étape, avec des mots. Il voulait également apporter des informations historiques sur les différents espaces. Le simple plan s’est donc transformé en un livret de 12 pages ! Sur certaines pages, des espaces ont été signalés en vert comme étant très accessibles. Sur d’autres, le code couleur orange permet de laisser aux personnes mal marchantes le choix de s’y engager ou pas.
Deux documents en FALC
Pour les personnes avec des difficultés de lecture (personnes handicapées mentales, mais aussi touristes étrangers, personnes allophones…), deux livrets ont été rédigés selon la méthode du FALC (Facile à lire et à comprendre). C’est l’agence lyonnaise Rouge Bengale qui a conçu le graphisme adapté et soigné la mise en page. En voici les principes de base :
- phrases courtes,
- mots simples,
- absence de jargon,
- mise en page simple,
- ajouts de nombreux visuels (photos, dessins et pictogrammes).
Un livret « Infos pratiques » sert de préparation à la visite. Un autre livret de visite donne des explications sur le musée et le site archéologique. Ces deux livrets ont été testés par l’Établissement et Service d’Aide par le Travail Centre Isère de La Buisse en Isère. Des personnes handicapées mentales sont venues au musée pour voir les lieux et formuler toutes leurs remarques. Cette rencontre conviviale a ainsi permis de modifier certains termes incompris.
Huit images tactiles et neuf audiodescriptions
Pour les publics déficients visuels, il existait déjà quatre mosaïques reproduites en bas-relief et destinées à être toucher. Elles avaient été réalisées par Rémy Closset, de l’Association Valentin Haüy. Elles ont été complétées par cinq images tactiles en dépôt de résine, dessinées par Élise Bellec et imprimées par la société spécialisée Laville. Partant du principe qu’une image tactile nécessite toujours une description détaillée, neuf textes audio-descriptifs ont été rédigés, enregistrés et montés par Culture Accessible. Ces plages sonores viennent ainsi enrichir l’audioguide. Là encore, une séance de test avec l’AVH a été organisée.
En conclusion, il convient d’insister sur l’importance d’une mobilisation générale pour un tel projet : des publics cibles bien sûr, mais aussi de tous les services du musée et du service communication du département du Rhône. Le musée ne compte cependant pas s’arrêter là. Un grand projet de réaménagement de la muséographie devrait permettre de le rendre encore plus accessible.
Caroline Jules, Culture Accessible, octobre 2021