Si une nette reprise économique marque l’automne 2021, quel en est l’impact sur l’accès au premier emploi des jeunes, dont ceux qui sont handicapés ? C’est ce qu’a étudié l’Ifop à la demande des partenaires de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (Agefiph, CNCPH, Droit au savoir, Fédé 100% Handinamique, FIPHFP, Ladapt, UNML). Elle met en miroir leurs situations et ressentis respectifs, et les résultats témoignent de différences notables dans ce qu’attendent professionnellement ces jeunes travailleurs.
Les jeunes handicapés sont proportionnellement plus nombreux à vouloir rechercher cette année un emploi (51%), alors que les jeunes valides vont à égalité viser un stage (30%, et 33% pour la recherche d’emploi). Parmi les critères de choix, les premiers accordent davantage d’importance à la localisation géographique (+7 points), à l’équilibre vie personnelle-professionnelle et à l’engagement éthique de l’entreprise (+14 points) ; ils sont moins déterminés par la rémunération (-7 points) que les jeunes valides. Autres écarts notables, les jeunes handicapés craignent de devoir déménager ou travailler loin de leur région (+9 points), rencontrer des difficultés d’intégration lors de l’arrivée dans l’entreprise (+13 points) et surtout de devoir accepter un poste avec une charge de travail trop importante (+20 points). Ces jeunes travailleurs ressentent visiblement le besoin de conserver leurs repères et cadre de vie, et de préserver leur santé. Ceux qui sont en emploi estiment, plus que les jeunes valides, que cela correspond à leur niveau de qualification (+6 points) et projet professionnel (+9 points). Mais 30% estiment être discriminés, contre 20% de leurs camarades valides. Cela aboutit à moins d’optimisme chez eux, 60% contre 73% des jeunes valides.
Léo Tassel fait partie de ces jeunes. Après une formation radiophonique de deux ans au Studio École de France et de multiples stages pendant deux ans, il vient d’obtenir son premier contrat de travail : un Parcours Emploi Compétences de 10 mois au sein de la radio associative parisienne Vivre FM consécutif à une mission de Service Civique de huit mois dans la même entreprise, succédant à un stage de trois mois. À bientôt 21 ans, avec seulement le baccalauréat, il accède au salariat grâce à son statut : « En termes de facilités, concède-t-il, je verrais la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé, parce que les entreprises ont besoin de remplir un quota de travailleurs handicapés, et les aides qu’elles peuvent obtenir. Côté désavantage, il y a les a priori, les doutes des employeurs sur les capacités. » Dans la filière qu’il a choisie, il a déjà rencontré les limites liées aux troubles autistiques qu’il vit, lors d’un stage au sein d’une société de production télévisuelle : « Je m’occupais d’accueillir le public, de le placer en fonction de la production. Une expérience négative, compliquée par rapport à mon handicap parce que je devais effectuer de nombreuses tâches manuelles en rencontrant beaucoup de difficultés parce que je suis fatigable, moins à l’aise côté gestuel parce qu’il faut faire tout très vite, et avec une forte pression. » Il a abandonné ce stage, d’autant qu’il n’apprenait rien sur l’animation radio-télé, son futur métier. Léo Tassel a finalement trouvé sa voie, un beau parcours alors qu’on avait dit à ses parents dans sa petite enfance qu’il « était limite scolarisable »…