Le vaste département de la Dordogne, dont les frontières actuelles correspondent peu ou prou à celles de la province historique du Périgord, est à juste titre l’un des plus prisés des touristes en quête d’Histoire, de patrimoine, de gastronomie et plus généralement d’un certain art de vivre « à la française » dont les Anglo-saxons sont à ce point friands que nombre d’entre eux ont choisi de vivre ici à l’année. Ce tourisme « doux » fait écho aux politiques locales qui privilégient la qualité sur la quantité, même si certains sites emblématiques restent très fréquentés en toute saison. Là comme ailleurs, individuels et familles sont choyés avec une offre qui ne laisse personne de côté, quels que soient ses moyens financiers… ou physiques. Côté accessibilité en effet, la plupart des sites ont développé une offre adaptée, souvent personnalisée, qui compense autant que faire se peut certains obstacles dus à la configuration des lieux ; l’accueil, quoi qu’il en soit, est toujours attentionné.
Fondée au bord d’un méandre de l’Isle par les Pétrocores, tribu gauloise éponyme de la province et de sa capitale, Périgueux est une antique cité dont le quartier sud, édifié sur l’ancienne Vésone (Vesunna pour les Romains) témoigne toujours de l’importance par la majesté de ses ruines. Un musée ultramoderne dû à l’architecte Jean Nouvel (un enfant du pays) a été inauguré en 2003 à côté d’un temple gallo-romain dont demeure une impressionnante « tour » et à quelques encablures de ce qu’il reste de l’ancien amphithéâtre transformé en jardin. Ce musée de Vesunna, parfaitement accessible, présente la particularité de recouvrir entièrement, en toute transparence, le site d’une domus, vaste complexe d’habitation dont subsistent les soubassements couverts de fresques. Un témoignage captivant sur la vie antique, qu’étayent des collections permanentes rassemblant les objets retrouvés sur place (notamment dans les anciens remparts, édifiés avec des blocs provenant de monuments gallo-romains) ainsi que dans la région. Côté accessibilité, outre une circulation aisée en fauteuil roulant (stationnement réservé sur le parking attenant au musée) on retiendra l’audiovisuel sous-titré, les planches tactiles et braille ainsi que les visites adaptées (sur demande pour les individuels), bien utiles pour mieux appréhender le site et son histoire.
La cité elle-même, dont le coeur s’est réfugié en hauteur, au Moyen-Âge, autour de la cathédrale Saint-Front (partiellement accessible en fauteuil roulant) avant de s’étendre en-dehors des remparts, présente un dédale de vieilles rues où il est délicieux de se perdre : placettes ombragées, venelles mystérieuses… L’office de tourisme organise d’ailleurs de passionnantes balades guidées à la découverte de la ville et de son passé, qui prennent en compte le handicap éventuel des participants : de quoi lever les yeux intelligemment et pousser les bonnes portes ! L’hyper-centre, où la circulation est réglementée, laisse une large place aux piétons; quant aux pavés, ils sont assez petits pour ne pas poser de problème en fauteuil roulant. Mieux vaut toutefois stationner en haut de ville, côté place Bugeaud ou square Daumesnil par exemple, afin de s’épargner la pente. N’espérez toutefois pas visiter le riche Musée d’art et d’archéologie du Périgord (MAAP) si vous ne vous déplacez pas sur vos deux jambes; les visiteurs handicapés sensoriels sont mieux lotis… Périgueux brille par ailleurs depuis le Moyen-Âge pour ses marchés, dont les célèbres marchés au gras ou aux truffes attirent, à la froide saison, les amateurs du monde entier : quitter le Périgord sans avoir goûté à ses merveilles gastronomiques serait, plus qu’une erreur, une véritable faute !
À une cinquantaine de kilomètres au sud de Périgueux s’étend la mythique vallée de la Vézère, également appelée vallée de l’Homme du fait de l’extraordinaire concentration de sites préhistoriques que l’on y rencontre, lieu de naissance non seulement de nos lointains ancêtres mais également de la science qui les étudie depuis le XIXe siècle. Près de 150 gisements y sont répertoriés, remontant pour certains à l’époque paléolithique (- 400.000 ans), ainsi que de nombreuses grottes et cavités ornées dont la plus célèbre, Lascaux, a récemment fait l’objet d’une troisième reconstitution (rappelons que l’original est désormais réservé aux seuls scientifiques) que l’on peut visiter en pleine accessibilité. Situé sur le territoire de Montignac, l’espace muséographique incrusté dans le paysage à l’instar d’un éclair minéral nous projette non seulement des milliers d’années dans le passé mais également en plein XXIe siècle. En groupes d’une trentaine de personnes, le public équipé d’un audioguide dernier cri (avec, sur demande, interface en langue des signes et/ou audiodescription) est invité à suivre un guide, humain celui-là, qui dirige la première partie de la visite, consacrée au fac-similé.
L’expérience est bluffante mais la cadence, un groupe poussant l’autre, fait qu’il ne faut guère espérer d’intimité avec l’art pariétal : pour cela, préférez la découverte, fût-elle moins complète, de Lascaux II, hélas inaccessible en fauteuil roulant. La seconde partie de la visite, totalement libre, permet de découvrir en détail les oeuvres marquantes de la grotte en circulant parmi de fidèles reconstitutions et en ayant recours à l’audioguide pour des commentaires, des séquences filmées voire de la réalité augmentée : enfants et jeunes adultes adorent, leurs aînés un peu moins… Une séance de cinéma 3D, une scénovision retraçant l’histoire de la préhistoire et une ludique « galerie de l’imaginaire » établissant une filiation entre arts pariétal et contemporain complètent la découverte : largement de quoi occuper une demi-journée et justifier le prix relativement élevé de l’entrée, même en tarif réduit. Restauration possible sur place, vastes parkings avec emplacements réservés à proximité. Réservez vos billets à l’avance et préférez les premières visites du matin, quand le public est moins nombreux.
Ce « pèlerinage » effectué, rendez-vous aux Eyzies de Tayac, bourgade charmante auto-proclamée « capitale mondiale de la préhistoire », non sans quelque raison puisque la science qui étudie cette période est née ici, où se trouve notamment le célèbre abri Cro-Magnon (partiellement accessible en fauteuil roulant) qui a donné son nom à notre plus récent ancêtre, Homo sapiens pour les scientifiques. Un Pole international de la préhistoire y a été fondé au début des années 2000 par les collectivités locales avec l’appui de l’État afin de valoriser l’extraordinaire patrimoine vézérien et mieux informer le public. Pari tenu en 2010 avec l’ouverture d’un centre d’accueil résolument contemporain, très lumineux, où l’on peut librement se documenter sur l’ensemble des sites, consulter une très riche médiathèque, assister à des conférences ou découvrir des expositions temporaires, en parallèle avec les activités pédagogiques de la structure : passionnant et très utile pour remettre ses connaissances à jour avant de partir en exploration dans la vallée ! Excellente accessibilité tous handicaps, stationnement réservé en face de l’entrée (discrète) de l’autre côté de la route.
L’autre institution des Eyzies, c’est évidemment le Musée national de Préhistoire, internationalement réputé, dont les précieuses collections attirent scientifiques et amateurs depuis près d’un siècle. Outils de pierre, d’os ou d’ivoire, émouvants objets d’art, faune fossile, impressionnantes reconstitutions grandeur nature d’hommes préhistoriques : l’histoire de nos ancêtres depuis 500.000 ans prend ici corps mais il faut, pour cela, faire l’effort d’affronter une muséographie parfois austère (elle a pourtant été repensée en 2004 à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau bâtiment) ou, plus simplement, participer à l’une des captivantes visites guidées qui donnent littéralement vie aux pièces exposées ainsi qu’à ceux qui les ont fabriquées. Les inconditionnels de Lascaux trouveront notamment ici les objets exhumés dans la fameuse grotte. Côté accessibilité, les visiteurs à mobilité réduite sont choyés… une fois parvenus au sommet de la pente où s’ouvre le parvis d’entrée (stationnement réservé sur demande); aveugles et malvoyants peuvent par ailleurs, en visite guidée, toucher des répliques ou des originaux de certains artefacts, un vrai privilège !
À quelques encablures de là, la grotte des Combarelles est l’une des rares cavités ornées qui soit encore ouverte au public. L’accès en est restreint (réservation obligatoire) mais la visite, qui se fait à la lueur de lampes torches, réserve d’authentiques moments de grâce et d’intimité avec les Magdaléniens (- 13.000 ans) auxquels on doit les merveilleuses gravures qui s’offrent au regard : chevaux, mammouths, bisons, rhinocéros, fauves, rennes, bouquetins, ours, mais aussi visages stylisés et « Vénus » préhistoriques. Découverte au début du XXe siècle, la grotte a pu faire l’objet d’aménagements qui seraient impensables aujourd’hui, tel le creusement d’un corridor permettant une visite debout ou en fauteuil roulant avec aide, moyennant un transfert sur un fauteuil étroit… et le franchissement d’une dizaine de marches.
L’intérêt de l’endroit justifie largement cette manoeuvre, rédhibitoire en d’autres circonstances, mais il est indispensable de se signaler au moment de la réservation afin que le matériel ad hoc soit mis à disposition, ainsi que la possibilité de stationner au plus près de l’entrée. Des visites sont également organisées pour les personnes déficientes visuelles, limitées à deux visiteurs accompagnés… mais sans chien guide ; des livrets braille et relief, ainsi que du matériel tactile sont mis à leur disposition. D’autres sites préhistoriques « confidentiels » mais de grand intérêt s’avèrent accessibles à des degrés divers : renseignez-vous !
À une vingtaine de kilomètres à l’est des Eyzies, Sarlat (Sarlat-la-Canéda de son nom complet) est la ville la plus célèbre et la plus visitée de Dordogne. Ce qui attire les visiteurs du monde entier, c’est avant tout le patrimoine : le coeur de la cité présente en effet le plus important ensemble médiéval et Renaissance préservé d’Europe. Un petit miracle qui doit beaucoup à l’Histoire (Sarlat, fondée au Moyen-Âge, s’est endormie après la Révolution au profit de Périgueux) puis à la loi Malraux (1962) dont le ministre et écrivain éponyme a fait de la ville la première bénéficiaire. Résultat : se promener dans le centre ancien revient à faire un voyage au temps de La Boétie (1530-1563), humaniste sarladais rendu célèbre par son amitié avec Montaigne. Découvrir tant d’édifices classés sur un aussi petit périmètre laisse pantois, ce qui n’a guère échappé aux cinéastes qui ont tourné ici de nombreux films de cape et d’épée. On peut se contenter de déambuler au gré des vieilles rues, à l’instar des milliers de touristes qui s’y pressent, mais il peut être plus enrichissant de suivre un guide-conférencier qui pourra en outre répondre à toutes les questions : un passage par l’office de tourisme s’impose !
Autre manière spectaculaire de découvrir la cité et son histoire : grimper là haut, sur le clocher de l’ancienne église Sainte-Marie où un ascenseur panoramique, parfaitement accessible, permet de contempler Sarlat à 360°. On doit cette réalisation, ainsi que la sobre réhabilitation de l’église en marché du terroir, au « starchitecte » Jean Nouvel, qui a passé son enfance ici. Autre visite originale, la nuit, à la lueur des réverbères à gaz, les derniers en service en France… Attention, le stationnement dans l’hyper-centre piétonnier est très réglementé et s’avère difficile dans les rues adjacentes, surtout en période d’affluence (marchés et festivals notamment) : consultez cette page et renseignez-vous sur les emplacements réservés dont certains, tel celui adjacent à la cathédrale Saint-Sacerdos (accessible par le côté), ne sont autorisés que pour les messes, concerts ou cérémonies.
Au sud de Sarlat s’ouvre la vallée de la Dordogne et ses sublimes paysages. Là, il faut prendre le temps de flâner entre châteaux perchés sur leur promontoire dominant la rivière et bourgs paisiblement lovés sur ses rives. On y reviendra ! Un peu à l’écart de cet itinéraire, Cadouin est une ancienne étape de pèlerinage sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, très importante au Moyen-Âge puisqu’on y vénérait « un » Saint-Suaire qui s’est avéré, après analyse au XXe siècle, un textile musulman du XIe siècle… L’objet est désormais conservé bien à l’abri mais une reproduction est visible dans le petit musée de l’ancienne abbaye cistercienne, aisément accessible. Laquelle vaut surtout pour son extraordinaire cloître dont la finesse des sculptures émerveille encore aujourd’hui : procurez-vous le carnet de visite qui explicite l’iconographie parfois complexe de ces représentations, ou prenez rendez-vous pour une visite guidée, ici aussi fort utile pour mieux appréhender les oeuvres et leur contexte. La paix qui règne ici, conjuguée à la beauté des pierres, a quelque chose de magique…
Jacques Vernes, octobre 2017.
Sur le web, le site officiel du comité départemental du tourisme de la Dordogne permet de préparer des vacances de A à Z, activités et hébergements compris, et de télécharger de nombreuses brochures dont celle consacrée au label Tourisme et handicap, lequel figure également en critère de sélection sur le moteur de recherche hôtelier (rubrique « Séjourner ») et sur cette page spécifique.