Jean-François Copé : rien ! On ne trouve aucune disposition concernant les personnes handicapées dans les ordonnances législatives que le député-maire Les Républicains de Meaux voudrait faire voter à la hussarde par le Parlement s’il devenait Président de la République…
François Fillon : la privatisation de la solidarité nationale. L’ancien Premier ministre, actuellement député Les Républicains, affirme vouloir refonder la politique familiale et renforcer les politiques de solidarité. Dans son constat préliminaire, il relève « l’impératif de solidarité de long terme pour les familles confrontées au handicap d’un des leurs » auxquelles la seule solution qu’il propose est l’assurance privée : il veut « encourager la généralisation d’une couverture assurantielle dépendance privée sur une base volontaire », écartant la solidarité nationale au risque de creuser davantage les inégalités sociales dans la prise en charge des personnes âgées ou handicapées dépendantes. S’il affirme « faire du vieillissement une priorité des politiques publiques », c’est sans budget, en recourant aux « aides de voisinage et [aux] actions intergénérationnelles ». Il considère que le maintien en activité professionnelle favorise l’autonomie, ce qui justifie également un report à 65 ans de l’âge de la retraite. A cet égard, François Fillon ne s’exprime pas sur le maintien du droit à une retraite anticipée dès 55 ans pour les travailleurs handicapés qui partiraient donc dix ans avant tous les autres, ni plus généralement sur l’emploi des personnes handicapées. Rien également sur leurs revenus de remplacement (allocations, pensions d’invalidité, rentes accident du travail, etc.), du flou volontariste sans moyens en matière de scolarisation des enfants handicapés. Le candidat veut poursuivre l’application de la réforme de l’accessibilité du 26 septembre 2014 en favorisant « la conception d’habitats privatifs facilement modulables en fonction des handicaps de chacun »; il a visiblement oublié ses propos du 10 mars dernier : « Il est absurde de vouloir par exemple que tous les logements de notre pays soient accessibles aux handicapés ».
Alain Juppé : le service minimum. On cherche presque en vain un propos sur les personnes handicapées et des propositions en leur faveur sur le site web de l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac et actuel maire Les Républicains de Bordeaux. Pas de rubrique Handicap, ni même Social, rien dans les propositions sur l’école, l’emploi, la culture, le numérique, pas un mot sur les revenus. En matière de politique familiale, Alain Juppé propose de « développer les passerelles entre les formations de la petite enfance et celles du médico-social (handicap, vieillesse), où les besoins sont encore plus importants » et de « faire en sorte que la scolarisation des enfants en situation de handicap en milieu dit ‘ordinaire’ soit la solution effective de droit commun. Pour cela, développer les postes d’accompagnants, mais aussi former l’ensemble des enseignants et des cadres scolaires à la question du handicap. » En juin dernier à l’occasion d’un salon handicap, le candidat s’était exprimé sans sortir des généralités de circonstance : « donner la priorité à l’emploi en milieu ordinaire chaque fois qu’il est possible, ce qui implique un effort massif en faveur de la formation, surmonter les barrières culturelles autour de la question du handicap en faisant de la pédagogie collective, promouvoir, diffuser et mieux prendre en charge les nouvelles technologies essentielles à une bonne compensation de la perte d’autonomie, doter les acteurs médico-sociaux – MDPH, établissements médico-sociaux, usagers – d’un système d’information performant, inter-opérable et ergonomique, procéder à un effort systématique, déterminé et drastique de simplification, tant les procédures administratives, dont l’ensemble de nos concitoyens connaissent au quotidien la complexité sont, pour les personnes en situation de handicap, d’une complexité aggravée. »
Nathalie Kosciusko-Morizet : un projet en devenir. L’ancienne ministre de François Fillon et candidate malheureuse Les Républicains à la Mairie de Paris en 2014 veut, dans son projet Nouvelle société Nouvelle France, faire de la dépendance un « chantier prioritaire du quinquennat ». Il reposerait sur l’initiative privée, le public n’étant que le garant de la qualité de l’accompagnement, avec l’objectif de créer 200.000 emplois. Ce chantier serait piloté par un ministère à l’accompagnement de la vie, chargé du handicap et de la dépendance. Pas de financement de la solidarité nationale mais une taxe de 5% sur les contrats d’assurance multirisques représentant de 1,5 à 3 milliards d’euros. Nathalie Kosciusko-Morizet avait rencontré, en avril dernier, des associations de personnes handicapées lors de laquelle elle avait exprimé « la nécessité de mettre tous les moyens au service de la formation et de la professionnalisation du secteur du handicap, ainsi que sur la prévention », et annoncé la création de cinq groupes de travail au sein du pôle projet, en lien avec les associations qui ont participé à la réunion. Les propositions qui en sont sorties apparaissent bien minces : rien sur l’éducation, l’emploi, les revenus, etc.
Bruno Le Maire : deux plans nationaux. L’ancien ministre de François Fillon et député Les Républicains considère dans son Contrat présidentiel que le handicap « n’est ni un drame ni un deuil, il fait partie de la vie. Cette prise de conscience sociale permettra d’effacer les représentations dévalorisantes pour laisser place à une connaissance des singularités et des réponses à apporter. » Il propose un Plan national sur le handicap (formation des personnels éducatifs, coopération entre établissements scolaires et médico-sociaux, fourniture de matériels adaptés) et un Plan sur l’autisme. Il souhaite simplifier « les allocations sociales autour de socles : Allocation de solidarité unique (ASU), Allocation personnalisée d’autonomie (APA), l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) et les allocations destinées aux personnes âgées (Allocation de solidarité aux personnes âgées). » Ses propositions sur l’emploi portent essentiellement sur l’alignement du « coût du travail de la personne en situation de handicap sur sa productivité pour l’entreprise », l’accès à la formation, la reconnaissance du handicap de fonctionnaires déjà employés et une interrogation sur « l’efficience du dispositif juridique en faveur de l’emploi des personnes handicapées. » En matière d’accessibilité, il se prononce pour le « principe d’une accessibilité raisonnée [qui] doit être porté et soutenu financièrement », qui sous-entend une nouvelle réforme de la législation en la matière, et des échéances repoussées.
Jean-Frédéric Poisson : un désintérêt désuet. Député du Parti Chrétien Démocrate, partisan d’une politique réactionnaire (inscription des racines chrétiennes de la France dans la Constitution, instauration du droit du sang, suppression du ministère de la Culture, du mariage pour tous), il exprime ce propos dans son projet : « Je veux promouvoir des politiques publiques respectueuses de la dignité humaine pour tous, jusqu’aux plus fragiles d’entre nous, de l’enfant à naître aux plus anciens d’entre nous, des personnes en situation de handicap aux grands malades et grabataires. » Grabataire, un terme obsolète que l’on n’avait plus lu depuis de nombreuses années sous la plume d’un politicien…
Nicolas Sarkozy : le quasi néant. Le précédent Président de la République Les Républicains, qui espère vivement retrouver en 2017 cinq années d’immunité à l’abri des juges, ne propose guère qu’un plan santé englobant l’autisme et une « action amplifiée concernant le Handicap sur les créations de places, l’accessibilité physique et numérique, et les écoles inclusives », sans plus de précision. Nicolas Sarkozy était plus disert sur les normes d’accessibilité le 4 février dernier lors d’une émission de télévision : « Est-ce qu’il vaudrait pas mieux réserver 10% des HLM, vraiment, pour les handicapés plutôt que d’appliquer des normes de cette nature qui ruinent les communes qui n’en peuvent plus ? Pareil pour l’accessibilité dans les écoles. Alors, on est pas obligé de mettre des ascenseurs dans toutes les écoles, il n’y a qu’à réserver une ou deux écoles pour l’accessibilité handicapés. » Enfin, si les propositions du candidat sur la sécurité et l’immigration sont fournies, il n’en formule aucune concernant l’emploi, la formation professionnelle ou les revenus des personnes handicapées.
Laurent Lejard, novembre 2016.
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