Frédéric Sausset, âgé de 43 ans, est amputé des bras et des jambes suite à une blessure infectée qui est survenue en juillet 2012 dans les Landes. Quatre ans après ses multiples amputations, Frédéric peut prendre place à bord de son bolide, une voiture de course monoplace adaptée, une Morgan LMP2. Mais comment pourra-t-il piloter l’engin ? Grâce à des palans, installés sous ses cuisses et reliés aux pédales, utiles pour freiner ou accélérer. Une prothèse, fixée à son bras droit, est aussi reliée au volant grâce à une vis alors que les vitesses passent via une boîte automatique. Le siège est équipé d’un système de ressort pour qu’il puisse être éjecté en cas d’accident.

Si certains ne croyaient pas à ce projet fou, le rêve est devenu réalité. Il a pris définitivement vie le 18 juin dernier lors de la course d’endurance des 24 heures du Mans, sur la ligne de départ. Frissons garantis, pour une réussite totale : avec ses deux équipiers Christophe Tinseau et Jean Bernard Bouvet, la Team SRT41 de Frédéric Sausset a terminé la course et s’est classée à la 36e place. Un parcours qui fait écho aux tentatives folles de sportifs handis !

Plus d’un mois après la première compétition moto officielle pour handis à Carole (Seine-Saint-Denis), Stéphane Paulus, président d’Handi Free Riders (HFR) qui a organisé l’événement, nous éclaire. Il y a 5 ans, Stéphane ne faisait que du shunt (acrobaties) sur quad. Il est contacté pour le tournage d’un film, le French Stunt Tour. Au vu de son histoire et pour l’occasion, un ami prête sa moto, une 1000 GSXR, non préparée pour son handicap, pour faire quelques tours de piste et quelques wheeling. Sa femme le voyant heureux sur une moto, lui dit de se remettre sur selle. Le projet de PMR (Pilotes à Mobilité Réduite) Brigestone Cup a été lancé en décembre 2015, et compte 14 pilotes de trois nationalités : 8 paraplégiques, 5 amputés, 1 déficient d’une jambe. Mais sur la moto, il n’y a plus de handicap ! Elle se court sur des motos de 600 et 1000 cm3. Deux autres étapes sont prévues, les 27 et 28 août au Mugello en Italie, et les 8 et 9 octobre pour la finale au circuit Carole (France). Elles se déroulent comme toutes les courses classiques, roulage le vendredi, séance de qualification le samedi, course le dimanche, en départ lancé et 10 tours.

Question :
 Quelles sont les améliorations apportées pour adapter le handicap à ton sport ?

Stéphane Paulus : 
Toutes les commandes sont remontées au guidon, shifter, frein arrière. Pour les para, leurs bottes sont équipées de fixations de VTT ainsi que les cales pieds, les genoux sont retenus entre eux par une sangle mais non à la moto pour permettre l’éjection lors de chutes.

Question :
 Tes objectifs, les dates futures et lieux ?

Stéphane Paulus : 
Une surprise est prévue pour la fin d’année mais pas un mot pour le moment ! Mon grand bonheur est de remettre en selle les pilotes, les guider pour qu’ils puissent réaliser leur passion et de les voir heureux. Pour certains, c’est la première compétition de leur vie, 80% d’entre eux n’avaient jamais fait de course moto avant.

Propos recueillis par Wilfried Panatier, Pratikable.com, août 2016.

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