10% de plus, c’est ce que toucheront dans 11 mois les Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap. Cette revalorisation salariale sera appliquée aux plus de 132.000 personnels essentiellement féminins exerçant à temps partiel pour une rémunération qui restera inférieure au seuil de pauvreté. Juste de quoi améliorer l’ordinaire, pas de quoi sauter de joie…
Cette avancée, parce que c’en est tout de même une, a failli passer inaperçue. Elle résulte en effet d’une « combinazione » entre une fidèle députée de la majorité présidentielle, Stella Dupont, et le Gouvernement. L’objectif est de montrer que celui-ci écoute les parlementaires, alors même que les projets de loi de finances et de financement de le Sécurité Sociale vont être adoptés sans vote. La Première ministre, Élisabeth Borne, n’a pas de majorité pour les faire adopter comme elle le souhaite, et a donc décidé d’appliquer un article de la Constitution qui lui permet de passer en force : avec le célèbre 49-3, elle et ses ministres décident de faire leur loi de finances, en retenant les quelques amendements qui leur conviennent.
…Dont celui de la députée Stella Dupont adopté sans débat ni vote. On ne parlera pas à l’Assemblée Nationale de la précarité des AESH, de leur nombre insuffisant, de l’émiettement de leur temps de travail, de leur engagement personnel mal reconnu, de leur retrait pendant le temps de la cantine et des activités périscolaires. Ce retrait, découlant d’un arrêt du Conseil d’État, entraîne des situations insupportables : des élèves handicapés sont de facto privés de repas à midi sauf si leurs camarades les aident ou que leurs parents les récupèrent pour le déjeuner. Et faute d’aide humaine pendant les activités périscolaires, des élèves handicapés s’en retrouvent exclus puisque la plupart des communes qui doivent en supporter la charge financière ne l’assument pas.
L’actuelle ministre chargée des Personnes handicapées clame dans la presse qu’elle veut faciliter la vie des personnes handicapées. Avec l’école, elle a un gros chantier devant elle.
Laurent Lejard, novembre 2022.