Une campagne lancée en amont et pendant toute la semaine pour l'emploi du 14 au 22 novembre dans un objectif d’information et de sensibilisation pour : ● Mieux faire connaître la mission, les aides et l’accompagnement de l’Agefiph. ● Ouvrir le dialogue avec les communautés en ligne sur le handicap dans l’emploi. ● Briser certaines idées reçues encore persistantes sur le sujet. Une série de contenus sera ainsi partagée sur Instagram par Roro le Costaud et Les Maux en couleurs sur le plein emploi des personnes handicapées, l’alternance, l’opération DuoDay, etc.
La vie de Romain Guérineau, alias Roro le Costaud, aurait pu basculer sur une piste de ski, il y a une dizaine d’années, quand une collision avec un autre skieur l’a laissé tétraplégique. Mais ce pompier professionnel travaillant à Annemasse (Haute-Savoie) s’est reclassé dans ce milieu très solidaire. Âgé de 37 ans, il est depuis revenu à Tours (Indre-et-Loire), sa ville de naissance où il a fait construire une maison adaptée. Outre le sport, sa passion numéro 1, il communique sur les réseaux sociaux (Youtube, Instagram et TikTok) sur ce qu’il fait au quotidien, pour vivre des activités inédites et les partager en les filmant, dont tout ce qu’on n’imagine pas faisable quand on est en fauteuil roulant.
Question : Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager en faveur de l’emploi des personnes handicapées ?
Roro le Costaud : Tout simplement parce que mon parcours est passé par là ! C’est très important moi. Quand j’ai eu mon accident, travailler est une des choses que je voulais reprendre le plus rapidement possible. J’ai été aidé par l’équivalent de l’Agefiph pour la fonction publique, le FIPHFP, au niveau des démarches et puis également au niveau financier pour pouvoir reprendre le travail.
Question : Après votre accident, vous avez cherché à vous reclasser dans votre métier de pompier professionnel ?
Roro le Costaud : J’étais dans le monde des pompiers, je ne voulais pas en sortir. Assez rapidement mon employeur m’a dit qu’il me garderait même si au tout départ on ne savait pas encore quel aspect allait revêtir mon nouvel emploi. On a réfléchi aux sites proches de mon domicile, et puis on m’a proposé plusieurs postes en me demandant lequel m’intéressait le plus. Puis on est parti dans une démarche un peu compliquée puisqu’il faut passer par plusieurs commissions et comités de validation pour un emploi administratif. Ça a pris du temps, et allongé un peu la reprise du travail, mais on est obligé d’y passer.
Question : Vous êtes maintenant au Service Départemental d’Incendie et de Secours d’Indre-et-Loire, pour quel travail ?
Roro le Costaud : Je suis agent technique administratif et opérateur au centre d’appel des pompiers, le 18. Quand je suis en poste au standard, les gens ont 25% de chances de tomber sur moi.
Question : Vous avez quand même un un statut un peu particulier puisque vous êtes connu comme influenceur ?
Roro le Costaud : Oui, influenceur, créateur de contenus, peu importe le nom qu’on lui donne en fait. J’utilise les réseaux sociaux effectivement pour faire toutes sortes de choses, passer des messages, essayer d’aider des personnes qui se retrouvent handicapées comme moi.
Question : Entre présenter une recette de cuisine ou un saut en parachute, qu’est-ce qui conduit à intervenir sur l’emploi ? Après tout, quand on devient handicapé doit-on nécessairement travailler ?
Roro le Costaud : Pour moi, c’était très important. Travailler, c’est une des premières choses qui m’a vraiment – sans mauvais jeu de mots – travaillé. J’avais envie de reprendre parce que le travail c’était la sociabilisation, retrouver du monde, rediscuter avec des gens tous les jours, pouvoir partager. Et puis c’est aussi se dire « c’est pas parce qu’on est handicapé qu’on est incapable, qu’on est plus bon à rien ». Et même en tant que personne handicapée, on a encore notre rôle à jouer dans la société, on peut apporter notre pierre à l’édifice dans le monde du travail. Pour moi, travailler c’est important, c’est gagner ma vie, c’est avoir mon autonomie, y compris financière. Je ne dépends de personne, je ne vis pas grâce aux aides. Malheureusement, il y a des gens qui n’ont pas le choix, parce qu’ils ne peuvent pas reprendre un travail ou que c’est compliqué à 100%. Moi j’ai cette chance, cette opportunité de pouvoir continuer à travailler « normalement », c’était pour moi évident de le faire. Voilà pourquoi j’ai à cœur d’expliquer aux personnes en situation de handicap que peut être elles se mettent des barrières, se disent qu’elles ne peuvent pas travailler alors qu’en fait elles se trompent, elles le peuvent avec des solutions qui existent mais qu’elles ne connaissent pas.
Question : Peut-être aussi que les employeurs ne sont pas toujours très volontaires à rechercher ces solutions avec les candidats handicapés qui sont volontaires ?
Roro le Costaud : Tout à fait, et c’est pour ça que c’est important aussi de les sensibiliser pour leur faire comprendre qu’avoir quelqu’un en situation de handicap dans son entreprise, à partir du moment où on a adapté son poste, c’est quelqu’un qui va travailler aussi efficacement, qui va même avoir envie de prouver qu’il peut faire autant voire plus qu’une personne valide. Moi j’en suis convaincu, et les gens autour de moi qui travaillent avec d’autres personnes handicapées le disent : c’est une richesse pour l’entreprise d’avoir quelqu’un en situation de handicap. Tout le monde y est gagnant, tout le monde !