Plus de 6 mois après une première série de vêtements adaptés pour homme (lire cette présentation), la société de prêt-à-porter Jules commercialise sa seconde collection. Sortie tardivement, elle n’a été disponible qu’au coeur de cet hiver et se compose de 6 éléments : un pantalon « urbain » et des boxer (non testés ici), une chemise blanche manches longues, un tee-shirt uni, un sweat-shirt bicolore et une doudoune noire. Ils s’ajoutent aux articles de la première collection de l’été 2022.
« On part de notre collection grand public pour proposer des vêtements pour tous les hommes, explique Estelle Jean-Baptiste, chef de produit de la collection Inclusion. On s’appuie sur des personnes handicapées de l’APF à Villeneuve d’Ascq (Nord) et des aidants. On recueille leurs avis d’usagers qui ont des besoins d’aisance et ne trouvent pas dans le commerce les habits qui leur conviennent. » Il est en effet délicat de dénicher des vêtements agréables à porter et à regarder, faciles à mettre et confortables en position assise, dès que l’on sort des pantalons à taille élastique par exemple.
Le surcoût de l’adaptation est réparti entre le fabricant et le consommateur. Par exemple, le sweat adapté est vendu 4€ plus cher que le modèle de la collection, et le jean urban flex 10€ de plus ; le fabricant fournit 50.000 pièces d’un vêtement standard, et prend à sa charge la main d’oeuvre pour réaliser les adaptations sur 300 pièces. De son côté, Jules répercute le surcoût du surplus de tissu, des fermetures éclair et autres matériaux complémentaires.
Une doudoune chaude et compacte
Réalisée en matériaux synthétiques (tissu déperlant sur lequel l’eau s’écoule sans pénétrer, et garnissage), la doudoune noire est à la fois légère, chaude et transportable. Repliée dans une grande poche intérieure, elle prend la forme d’un coussin de 33×26 cm, permettant de la transporter dans un sac de voyage par exemple. Bien que d’apparence assez fine, elle tient chaud d’autant que le col montant protège particulièrement bien la gorge du froid, faisant le travail d’une écharpe. Ce vêtement est évasé vers le bas (5 cm de largeur supplémentaire en taille XL entre les aisselles et la ceinture), ce qui procure davantage d’aisance mais présente l’inconvénient de générer des plis horizontaux en position assise ; malgré cela, l’ampleur de ce vêtement est limite pour les usagers de fauteuil roulant ayant une mobilité standard des épaules, quand ils se propulsent.
La doudoune est facile à enfiler, le tissu étant glissant. Cette action est d’ailleurs facilitée, pour un aidant habillant une personne paralysée, par de longues fermetures éclair latérales qui se prolongent jusqu’à une trentaine de centimètres de l’extrémité des manches : on peut ainsi l’enfiler par la tête, devant fermé, puis passer aisément les bras dans les manches largement ouvertes. Le curseur de la fermeture centrale de la doudoune est muni d’un cercle dans lequel on peut passer le doigt, ce qui facilite l’action, et une petit poche transversale, dans laquelle on glisse deux doigts, permet de bloquer le bas pour ajuster cette fermeture éclair. Côté rangement, quatre poches intérieures ouvertes (plus celle faisant housse de transport) et deux grandes poches à fermeture éclair verticales avec cordon de manipulation. On peut ajuster les manches sur les poignets au moyen de passants cousus à leur base munie d’une ceinture élastique ; ces passants facilitent également le déshabillage. Fabriquée en Chine, elle n’est disponible qu’en noir et coûte 69,99€.
Un sweat confortable et facile à mettre
Passons rapidement sur le tee-shirt uni, d’un coton très agréable et à fente latérale à la base pour réduire sa remontée sur le ventre, d’autant plus que le devant est légèrement plus court ; fabriqué au Bangladesh, il est disponible en trois couleurs blanc, pêche et noir, au prix de 19,99€. Autre vêtement conçu pour faciliter l’habillage, un sweat-shirt en coton et polyester qui tombe bien, que l’on soit assis ou debout. On retrouve sur les poignets les passants cousus destinés à faciliter l’enfilage des manches et leur ajustement ; cette innovation présente également sur la doudoune reproduit celle de Lacoste sur son premier sweat adapté commercialisé au printemps 2022. L’encolure s’ouvre sur l’épaule gauche au moyen d’un velcro qui n’altère pas le confort du vêtement ; on passe ainsi plus aisément la tête. De plus, des fermetures éclair s’ouvrent sous les aisselles pour accroître l’aisance lors de cette opération délicate pour des personnes paralysées. Fabriqué au Bangladesh, ce sweat blanc à large bande poitrine bleu foncé bordée d’un fin liseré vert est vendu 39,99€.
Une chemise habillée
Il manquait à la collection de vêtements adapté une chemise blanche, lacune comblée par celle-ci. Taillée dans un coton doux, elle est fermée par des boutons factices sous lesquels sont cousus des aimants, système déployé sur la précédente chemise hawaïenne. Ces aimants ont visiblement été allégés par rapport à celle-ci, donnant à la blanche un port plus naturel sans la rigidité de sa devancière, et la tendance des aimants à se coller les uns sur les autres. Seul le bouton de col est fermé par une boutonnière classique, ce qui est utile pour le port d’une cravate, ou pour réduire le risque d’ouverture de la chemise en cas d’ample mouvement des épaules, revers de l’allègement des aimants. Autre différence, l’avertissement de sécurité destiné aux porteurs de stimulateur cardiaque ou autre équipement électronique est plus visible, une étiquette cousue sous l’encolure et soulignée de jaune. Pour faciliter l’habillage/déshabillage par un aidant, cette chemise est équipée du même type d’ouverture par fermeture éclair sous les aisselles, entre la base des côtes et l’articulation du coude ; en revanche, il est quasiment impossible d’actionner seul ces fermetures pourtant équipées de tirettes. Fabriquée en Chine, la chemise blanche coûte 39,99€. Avec son panel d’usagers, Jules projette un costume pour 2024.
Après une première collection vendue exclusivement sur son site Internet, Jules propose désormais sa collection Inclusion dans une dizaine de magasins, en plus de la vente en ligne. « On vient de commencer, conclut Estelle Jean-Baptiste. On fait du test and learn [expérimenter et apprendre NDLR]. On regarde également la concurrence pour reprendre les bonnes pratiques. »
Laurent Lejard, mars 2023.