Jeudi 27 février – Justice – Prêtre blanchi dans le Jura.
L’ancien curé du village de Moirans-en-Montagne (Jura), aujourd’hui âgé de 69 ans, a été acquitté par la Cour d’Assises du département de l’accusation de viol et d’agressions sexuelles sur une paroissienne multi-handicapée. Très dévote, toujours vierge par choix à l’âge de 35 ans, elle affirmait avoir été attouchée par le curé en juin 2010 lors d’un pèlerinage, puis violée au presbytère alors qu’elle venait lui dire qu’elle ne voulait pas entretenir une relation. Le curé avait avoué le viol lors de son audition en garde à vue, puis s’était rétracté en affirmant que la femme était consentante. Le prêtre a toutefois reconnu des relations sexuelles avec des femmes et des paroissiennes, notamment lorsqu’il officiait en Nouvelle-Calédonie.
Jeudi 27 février – Handicap mental – Colloque autisme occupé à Brest.
Une quinzaine de parents membres du collectif Autisme Bretagne a envahi un colloque organisé par le Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Saint-Pol-Roux à Brest (Finistère). Ils entendaient dénoncer les propos d’une psychanalyste invitée, membre de l’Association Lacanienne Internationale (ALI), fondée par le psychanalyste Charles Melman actuellement âgé de 81 ans. Son interview parue dans Le Télégramme a généré la manifestation du collectif Autisme Bretagne, Charles Melman niant le caractère génétique de l’autisme, affirmant que son origine réside dans le comportement de la mère qui « n’a pas pu transmettre le sentiment du cadeau qu’il était pour elle et qui dès lors lui donnait sa place dans le discours qu’elle lui adressait, voire qu’elle lui chantait », estimant que les pédiatres peuvent détecter l’autisme entre les 3 et 18 mois de l’enfant. L’ALI a formé un recours au Conseil d’État demandant l’annulation des recommandations de la Haute Autorité de Santé formulées le 8 mars 2012 : elles considèrent que la psychanalyse n’est pas pertinente dans le traitement de l’autisme, et prescrivent l’usage de thérapies « fondées sur une approche éducative, comportementale et développementale ». « Ces enfants autistes sont vides comme un golem au sens où leur capacité combinatoire n’a pas de maître ni de limites, concluait Charles Melman. Ils ont des capacités de calcul souvent stériles, comme un ordinateur laissé à lui-même. » Ces propos ont suscité la colère d’Autisme Bretagne qui demande aux autorités de sortir le Centre de Ressources Autisme du giron du service de pédopsychiatrie de l’hôpital de Brest.
Mercredi 26 février – Accessibilité – Les Ad’Ap reportent l’échéance.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a présenté aux porte-parole du Comité d’Entente des associations de personnes handicapées les décisions prises par le Gouvernement au terme de la concertation relative au retard pris dans la mise en accessibilité du cadre bâti, de la voirie et des transports. Il donne des délais supplémentaires de mise en accessibilité sous réserve d’élaborer un agendas d’accessibilité programmée (Ad’Ap) : 3 ans pour les petits Etablissements Recevant du Public dits de 5e catégorie, 6 ans pour les autres ainsi que les transports routiers, 9 ans pour les transports ferroviaires et les « patrimoines complexes ». En l’absence d’accessibilité réglementaire ou de dépôt d’Ad’Adp, les sanctions prévues par la loi du 11 février 2005 seront applicables. « Les possibilités de dérogation initialement prévues par la loi de 2005 sont par ailleurs confortées », ajoute le Premier ministre dans un communiqué. Une partie des normes va être révisée par décrets, après que le Gouvernement ait obtenu du Parlement durant la session de printemps l’adoption d’une ordonnance lui confiant le droit de modifier la loi. Les textes de l’ordonnance et des décrets seront examinés par le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH). Lire également cet Éditorial.
Mercredi 26 février – Justice – Inculpé pour viol.
Un chauffeur bénévole, âgé de 53 ans, oeuvrant depuis deux ans à Besançon (Doubs) pour une association d’aide aux personnes handicapées a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Il lui est reproché d’avoir violé une femme handicapée qu’il véhiculait, et d’en avoir agressé sexuellement trois autres ainsi que deux accompagnatrices. Le mis en cause conteste le fait de viol et reconnaît seulement des caresses. Il lui est toutefois interdit d’exercer une activité professionnelle ou sociale, fut-ce bénévolement, au contact de personnes handicapées ou vulnérables.
Mardi 25 février – La perle de la semaine.
Les propos sur l’autisme tenus par le directeur de l’Agence Régionale de Santé de Corse, Jean-Jacques Coiplet, lui valent une convocation à Paris pour s’entretenir avec la ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti. « Il faut laisser le libre choix aux familles de soigner par la psychanalyse ou par une autre méthode », a-t-il déclaré lors d’un colloque organisé par la Conférence Régionale sur la Santé et l’Autonomie, suscitant la protestation de parents présents. « Vous ne pouviez pas ignorer que le plan Autisme présenté en Conseil des Ministres vise, entre autres, le respect des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) et de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements sociaux et médico-sociaux (ANESM), rappelle la ministre dans son courrier de convocation. Ces décisions ont été régulièrement confirmées à l’ensemble des Agences Régionales de Santé, dont celle que vous dirigez […] Par vos propos, vous avez créé l’émoi parmi les familles et associations. Les orientations du gouvernement que vous représentez de par vos fonctions sont claires et visent à apaiser un débat encore trop souvent passionné sur la prise en charge de l’autisme. » Les recommandations invoquées préconisent l’approche éducative, comportementale et développementale et désavoue la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme.
Lundi 24 février – Sports/Discrimination – Autistes refusés à Evry.
« 3 jeunes enfants autistes accompagnés de deux encadrants de l’association Ecolalies ont été refusés à rentrer à la patinoire d’Evry (Essonne), parce que autistes », déplore l’association dans un communiqué. Le responsable de la patinoire a invoqué les créneaux horaires destinés aux publics spécifiques, sans plus de précisions, pour justifier sa décision. « Plusieurs familles de l’association se sont vues refuser l’accès à la patinoire ou à la piscine sans explications en laissant partir des parents en larmes », ajoute le président de l’association, Stéphane Bruzzi. De son côté, la communauté d’agglomération d’Evry Centre Essonne a réagi sur Facebook : « Pour des raisons de sécurité, il existe sur le complexe Agorasport des créneaux attribués aux publics spécifiques […] avec mise à disposition d’un matériel adapté (chaise sur patins et luges) et d’un personnel qualifié (2 éducateurs). Les équipes de l’agglomération travaillent ainsi avec de nombreuses associations. » Il apparaît en conséquence que les personnes handicapées ne peuvent pas utiliser cet équipement public de loisirs au moment de leur choix, mais uniquement dans des créneaux spécifiques dont l’information précise n’est pas disponible.
Vendredi 21 février – Tourisme – Cap Ferret inaccessible fermé.
Le Maire de Lège-Cap Ferret (Gironde) a décidé de fermer par arrêté municipal le site du phare du Cap Ferret, du fait de l’inaccessibilité du bâtiment attenant entièrement rénové et agrandi. Géré par l’Office de Tourisme, son étage comporte une salle d’exposition inaccessible faute d’ascenseur ou élévateur, et d’autres manquements à l’accessibilité ont été relevés par l’association Mobilité Réduite fondée et dirigée par Jean-Michel Royère, dont l’absence d’attestation de conformité alors que les locaux sont ouverts depuis mai 2013. Le maire justifie l’absence d’ascenseur par une dérogation au titre des monuments historiques, alors même que l’extension est de style contemporain et accolée au phare qui, lui, est classé. Mobilité Réduite avait demandé au maire de Lège-Cap Ferret de dresser, au nom de l’État, un procès-verbal d’infraction et, face à son inertie, l’avait informé de l’imminence d’un recours au Tribunal Administratif pour faute grave et carence manifeste de l’autorité administrative.
Vendredi 21 février – La perle de la semaine.
Une quadragénaire amputée des deux jambes a été obligée, à l’aéroport de Marseille-Provence, d’enlever ses prothèses, un employé de sécurité lui demandant de passer le portique de sécurité en marchant sur les moignons ! C’est la deuxième fois de cette femme corse est victime de ce type d’agissements à l’aéroport de Marseille-Provence, rapporte Corse Net infos, le premier incident datant d’octobre 2013. On savait déjà qu’à l’aéroport de Brive (Corrèze) les pompiers sont requis pour soulever de leur fauteuil roulant les voyageurs paralysés afin que l’agent de sécurité les contrôle, au vu des autres passagers, humiliation que la direction de l’établissement estime réglementaire, on sait désormais qu’à Marseille les passagers amputés sont conviés à ramper pour passer le portique de sécurité : bon voyage…
Vendredi 21 février – Accessibilité/Société – « Police Drive » au Cannet.
Le nouveau bureau de Police Municipale du Cannet (Alpes-Maritimes) est équipé d’un guichet accessible sans quitter sa voiture. Une aire de stationnement-minute longe le bâtiment, installé dans un ancien bistro, et une fenêtre assure à l’automobiliste ou son passager un contact direct avec un agent, à la manière des guichets drive-in des fast-foods. Cet aménagement conçu pour faciliter l’accès aux personnes handicapées devrait également ravir les habitants de la Côte d’Azur, réputés réticents à effectuer quelques mètres à pied pour effectuer une course par exemple.
Jeudi 20 février – Emploi – Loi formation au Sénat.
Le projet de loi relatif à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale a été adopté par le Sénat après l’avoir été à l’Assemblée Nationale le 7 février. Ce texte sera définitivement voté dans quelques jours, après élaboration par une Commission Mixte Paritaire d’un texte commun aux deux chambres. Sans attendre le prochain projet de loi de décentralisation, il transfère de l’État aux Conseils Régionaux le pilotage de la formation professionnelle des travailleurs handicapés. Ces derniers rejoignent le cadre commun des salariés qui se constituent, au fil de leur activité professionnelle, un compte personnel de formation limité à 150 heures. Ce compte est utilisable dans le cadre de la formation permanente, ou en cas de perte d’emploi pour se requalifier. L’Agefiph ou le Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique pourra compléter le compte personnel d’un travailleur handicapé, sans obligation ni contrainte de pourcentage du nombre d’heures de stage de formation à prendre en charge. Il en est de même pour Pôle Emploi. La rémunération spécifique des stagiaires handicapés est supprimée, remplacée par l’allocation chômage ou une allocation minimale s’ils n’y ont pas droit. Le régime actuel permet de bénéficier du salaire antérieur sans épuiser l’allocation chômage.
Mercredi 19 février – Institutions/Transports – Carlotti aux abonnés absents.
La ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, refuse d’expliquer les dispositions qu’elle entend prendre en matière de financement des transports sanitaires des personnes handicapées entre leur domicile et un établissement sanitaire de long séjour. Une circulaire de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie datée de juin 2013 censée clarifier « les règles de prise en charge des frais de transports de patients » et mise en oeuvre début janvier 2014 a été suspendue d’application par les Caisses primaires face aux protestations des familles : elle supprime en effet la prise en charge des transports réguliers établissement-domicile, ce qui laisse à la charge de la personne ou de sa famille les trajets des sorties de week-end. Ces frais de transports posent problème depuis la réforme de leur prise en charge par l’arrêté du 23 décembre 2006, que le directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) d’alors, Frédéric Van Roekeghem, était chargé d’exécuter; directeur toujours en place aujourd’hui.
Mardi 18 février – Transports – Accessibilité totale dans le 06.
Le Conseil Général des Alpes-Maritimes réaffirme sa volonté de mettre en accessibilité dès 2015 l’ensemble du réseau de transports collectifs qu’il gère. L’annonce sonore et visuelle des arrêts doit être installée d’ici là dans l’ensemble des véhicules, 7 lignes étant actuellement équipées. La moitié du parc d’autocars est accessible, le reste devant l’être dans les prochains mois. Un service de remplacement doté de 5 véhicules, Access’06, assure désormais le transport des personnes aveugles ou en fauteuil roulant sur les lignes inaccessibles, au même tarif et itinéraires, sur appel préalable auprès de la centrale de réservation du département au 0800 06 01 06.
Lundi 17 février – Logement – Lettre ouverte de l’Anphim.
L’Association Nationale Pour l’Intégration des personnes Handicapées Moteurs (Anpihm) adresse une lettre ouverte à la ministre du Logement, l’écologiste Cécile Duflot. L’Anpihm rappelle que la ministre a agi dès sa nomination pour que le 1 % logement ne finance plus l’adaptation des logements existants occupés par des personnes à mobilité réduite. « Puis, reprenant les contrevérités de votre prédécesseur, vous avez publiquement affirmé que l’obligation d’accessibilité du cadre bâti d’habitation entraînait un surcoût de l’ordre de 15% des biens immobiliers construits, et ce malgré nos démonstrations attestant qu’un appartement intelligemment conçu ne conduit à aucun surcoût ! Et si des difficultés économiques peuvent le cas échéant conduire à moins construire, rien ne peut justifier de mal construire les biens durables que sont les logements. » L’association dénonce le refus de Cécile Duflot d’abaisser aux immeubles de trois étages le seuil d’installation obligatoire d’un ascenseur dans un immeuble de logement neufs (actuellement fixé à R+4) en invoquant l’augmentation du nombre de personnes handicapées ou âgées en perte d’autonomie. L’Anpihm rappelle l’ignorance volontaire par la ministre de la perte de plus de 74.000 logements HLM desservis par ascenseur, et que l’obligation d’accessibilité ne concerne qu’un logement nouveau sur trois. « Madame la Ministre, conclut l’Anpihm, si vous persistez dans votre erreur, vous resterez comme la ministre qui se sera opposée frontalement et en toute connaissance de cause au droit à l’autonomie et à la citoyenneté des personnes dites handicapées, et à terme, des personnes âgées ! »
Samedi 15 février – Accessibilité – Stationnement pour poubelles.
Des poubelles « stationnées » sur un emplacement réservé aux véhicules de personnes handicapées, c’est ce qu’une lectrice scandalisée a photographié en plein après-midi à Poissy (Yvelines), sur le parking situé face à la célèbre Villa Savoye, monument national ouvert au public et lieu d’expositions accessibles. « Il est permis de supposer que les poubelles sont celles du Centre de Diffusion Artistique de Poissy, précise cette lectrice. Jusqu’ici, je n’avais rencontré que des occupations sauvages de places pour handicapés par des personnes sans respect ni éducation. Là, cela devient institutionnel ! »
Vendredi 14 février – La perle de la semaine.
Par la volonté souveraine d’une directrice d’école, une Auxiliaire de Vie Scolaire est devenue maitresse d’une classe de maternelle en Zone d’Éducation Prioritaire, quelque part dans le nord parisien. La promue raconte comment sa montée en grade est survenue, du fait de l’absence non remplacée de l’institutrice et de la décision autoritaire de la directrice de l’établissement. Les AVS, rémunérés 650€ par mois pour assurer exclusivement l’aide à la scolarité d’élèves handicapés, sont parfois employés à d’autres fins par des chefs d’établissements, mais il est rare qu’on leur demande de pallier l’absence d’un professeur des écoles en gardant les élèves…
Jeudi 13 février – Transports – Calculateur multimodal accessible ?
Le ministre chargé des transports, Frédéric Cuvillier, a annoncé la mise en chantier d’un calculateur d’itinéraire national multimodal sur smartphones qui devrait être opérationnel courant 2015. Confié à l’Agence française pour l’information multimodale et la billettique (AFIMB), il devrait permettre aux usagers d’organiser leurs trajets en consultant les horaires et la fréquentation en temps réel. « L’objectif est d’avoir le maximum de données et de modes de transport possibles », précise le cabinet du ministre des transports qui ajoute n’être « pas en mesure de dire si les données handicap seront incluses. » Faute d’une instruction précise du ministre en la matière, l’inclusion des informations d’accessibilité ou d’inaccessibilité des modes de transports ou trajets figurant dans le futur calculateur dépend de la volonté des acteurs associés à sa réalisation dans le cadre de l’open data : Etat, Groupement des Autorités Responsables de Transport, Assemblée des Régions de France, opérateurs.
Mercredi 12 février – Vie Autonome – Loi vieillissement pour 2015.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a présenté à Angers (Maine-et-Loire) les principales dispositions que devrait contenir le projet de loi pour l’adaptation de la société au vieillissement qui sera débattu au Parlement dans les prochains mois pour une mise en oeuvre en 2015. Une augmentation du budget de l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie à domicile, qui bénéficie actuellement à 700.000 personnes, devrait octroyer une heure d’aide quotidienne supplémentaire aux allocataires les plus handicapés, et une par semaine aux autres, le reste à charge serait réduit voire supprimé pour titulaires du minimum vieillesse, une aide au répit de 500€ par an serait accordée aux aidants familiaux, les aides humaines à domicile seraient professionnalisées et leur salaire de base augmenté. Diverses actions de prévention ont également été annoncées, l’ensemble des mesures étant financé par l’affectation de l’intégralité de la Contribution Additionnelle de Solidarité pour l’Autonomie (CASA), créée en 2013. Les dispositions relatives à l’adaptation de 80.000 logements de personnes âgées en perte d’autonomie n’entreraient en vigueur qu’en 2017 et resteraient dissociées de celles qui concernent les personnes handicapées. La question du reste à charge des résidents en maison de retraite est repoussée au mieux à 2016, ce qui obligera encore ces personnes à vendre leur patrimoine ou faire payer les dépenses par leurs descendants et ayants-droit.
Mardi 12 février – Transports/Discrimination – Easyjet condamnée en appel.
La compagnie aérienne anglaise Easyjet a vu sa condamnation décuplée par la Cour d’Appel de Paris dans le procès pour discrimination qu’avait intenté une passagère paraplégique débarquée d’un avion. Cette dernière avait été interdite de vol par la direction de la compagnie lors d’un trajet Nice-Paris le 21 mars 2010, pour raison de sécurité parce qu’elle n’était pas accompagnée. Easyjet avait été condamnée le 4 mai 2012 pour discrimination par le Tribunal de Grande Instance de Paris à 5.000€ d’amende, peine multipliée par dix par la Cour d’Appel de Paris, soit 50.000€. Easyjet devra également verser 5.000€ de dommages et intérêts à la victime et l’euro symbolique à l’Association des Paralysés de France qui était partie civile.
Mardi 11 février – Fiscalité – Rapport de la Cour des Comptes.
Le rapport annuel de la Cour de Comptes qualifie « d’empilement de mesures sans cohérence » la fiscalité liée au handicap. Les magistrats de la rue Cambon relèvent la disparité des dispositions et des critères pour en bénéficier, l’inefficacité de certaines dispositions, des inégalités de traitement entre contribuables, l’absence de budgétisation de certaines niches fiscales « adaptées ». La Cour prend toutefois mal en compte la dimension « compensation du handicap » de la plupart des abattements et dégrèvements spécifiques. Lire aussi cet Éditorial.
Lundi 10 février – Loisirs – Lily est cassée.
Parce qu’elle a fait la maline, Lily a le bras cassé, ce qui n’est pas bien grave. Sauf qu’elle a 14 ans, que c’est le premier jour de ses longues vacances d’été, qu’elle en souffre à vouloir mourir, qu’elle ne sera plus comme avant, bref c’est un drame dont elle va lentement sortir grâce à l’amour de sa mère et de son petit frère infirme moteur cérébral et hémiplégique. Il va lui montrer comment il fait pour vivre avec un seul bras en fonctionnement, et son espièglerie comme sa joie de vivre vont sortir Lily du trou noir qu’elle s’est créée. L’auteure Frédérique Deghelt raconte cette histoire de résilience dans un court roman pour adolescents, « Cassée », au style haletant sans pathos excessif qui ne laisse pas de répit au lecteur, credo de la collection « D’une seule voix » : « des textes d’un seul souffle ». Cassée, par Frédérique Deghelt, Actes Sud Junior, 9€ en librairies.
Vendredi 7 février – Transports – Lille Métropole réagit.
La condamnation de Transpole, société exploitant le réseau de transports en commun de l’agglomération lilloise, fait réagir le Vice-Président de Lille Métropole chargé des transports, Eric Quiquet (lire l’actualité du 30 janvier 2014 et cet Editorial). « Je ne voudrais pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt, estime-t-il. Notre réseau est exemplaire. Tous les bus sont à palette. Il y a un service de transport à la demande. S’il y a une faute, il y a sanction. » De fait, le juge de proximité de Lille a condamné Transpole pour le refus d’un conducteur de bus d’accepter à son bord un second passager en fauteuil roulant. « Je suis pour la souplesse et l’intelligence, poursuit Eric Quiquet. S’il y a de la place, les fauteuils roulants doivent embarquer. La relation client est extrêmement importante, c’est peut-être une faiblesse de l’exploitant. »
Jeudi 6 février – Transports – Tarif multiplié par 16 à La Réunion !
Alors que la communauté intercommunale du nord de l’ile de La Réunion (Cinor) lance un service de transport spécialisé pour les habitants handicapés, le GIHP qui assure un service similaire multiplie son tarif par… 16. C’est ce que relève le quotidien Zinfos974, qui a constaté l’absence d’information préalable des clients du GIHP : d’un prix de trajet de 1,50€, ils doivent payer, depuis le 22 janvier, 25€ de l’heure. La direction du GIHP affirme que son service transport, qui couvre toute l’ile, est déficitaire, et qu’il ne pouvait encore s’aggraver du fait de la suppression d’une subvention de 45.000€ de la Cinor. Celle-ci met en service Cityker, transport de porte-à-porte adapté aux personnes handicapées motrices, qui fonctionne sur le territoire de l’agglomération de 7h à 18h du lundi au samedi et de 7h30 à 13h30 le dimanche, au prix de 1,30€ le trajet. Cityker est ouvert aux résidents permanents ou temporaires titulaires d’une carte d’invalidité après enregistrement préalable.
Mercredi 5 février – Surdité – Centre relais, nouvelle expérimentation.
Un Centre Relais Téléphonique (CRT) expérimental pour les appels de vie quotidienne entre sourds, malentendants et entendants va pouvoir être lancé au terme d’un troisième appel d’offres, les deux précédents ayant échoué (lire l’actualité du 20 décembre 2012). L’opérateur Websourd aura la charge de l’organiser dans les quatre mois qui viennent, puis de le gérer durant 12 mois. Cette société coopérative avait réalisé, en 2008, une expérimentation similaire dont les résultats étaient mitigés (lire l’actualité du 9 novembre 2009). 500 personnes seront sélectionnées pour constituer un panel test, chacune disposant d’une heure de communication mensuelle. Le panel sera audité par Orange consulting. L’expérimentation, d’une durée totale de 28 mois, dispose d’un budget de 2,8 millions d’euros. Lors de son lancement officiel, la ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, a annoncé que la députée socialiste des Côtes d’Armor Corinne Erhel serait chargée d’une mission parlementaire pour définir les conditions du développement du relais téléphonique. Cela repousse à 2017 au moins l’éventuelle création d’un CRT. Deux concurrents de Websourd, Delta Process (Acceo Tadeo) et Edagora, avaient attaqué l’appel d’offres devant le Tribunal Administratif de Paris qui les a déboutés. Le Président de Delta Process, Laurent Allart de Hees, est opposé à cette expérimentation et à la création d’un CRT national pour les communications entre particuliers. Dans un communiqué vidéo en Langue des Signes Française avec texte alternatif, la Fédération Nationale des Sourds de France (FNSF) salue le dénouement de cette affaire bloquée durant l’année 2013 par les recours et contraintes légales.
Lundi 3 février – Justice – Agression relayée sur Facebook.
La publication dimanche sur Facebook d’une vidéo montrant l’agression et l’humiliation d’un jeune handicapé intellectuel âgé de 18 ans, qui est scolarisé en Institut Médico-Educatif et a porté plainte, fait scandale. L’agression s’est déroulée dans un parc à Grenoble (Isère). Sur la vidéo, deux adolescents de 14 et 15 ans bousculent et frappent leur victime qui reste passive, lui dérobent sa capuche qu’ils jettent dans un canal avant d’y précipiter l’agressé. Les agresseurs ont été identifiés et interpellés cet après-midi par la police; un enfant d’une dizaine d’années qui assistait à l’agression en rigolant et qui excitait les agresseurs, ainsi que celui qui a filmé la scène sont toujours recherchés. L’écoute des propos tenus fait penser à une vengeance contre des jeunes d’un quartier de Grenoble, bande à laquelle la victime n’appartient pas. Dans un communiqué, la ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti s’indigne en dénonçant une « agression barbare » qui mérite « la plus grande sévérité »; elle demande au ministre de l’Intérieur « qu’une enquête permette d’établir la vérité des faits ».
Dimanche 2 février – Loisirs/Surdi-cécité – Keller et Sullivan en BD.
Le dessinateur américain Joseph Lambert publie dans un bel album de bandes dessinées, avec une traduction française de Sidonie van Den Dries, le récit biographique de l’éducation de la célèbre enfant sourde-aveugle Helen Keller par Annie Sullivan. L’auteur centre le récit sur l’éducatrice dont il retrace l’enfance douloureuse, en explique le caractère intransigeant qui viendra à bout de l’enfermement de la petite Helen dans la surdi-cécité. Le lecteur découvre au fil des pages l’ouverture simultanée au monde d’une « enfant sauvage », et aux autres de son éducatrice tourmentée par ses frustrations. Le dessin s’attache particulièrement à restituer la perception qu’Helen a des humains et des objets, des formes imprécises dans le noir auxquelles vont progressivement être associées des signes, jusqu’au moment ou l’enfant comprend que chaque signe désigne un objet précis. Le récit restitue la violence d’une enfant en désarroi, progressivement socialisée grâce à la patience et l’opiniâtreté d’Annie Sullivan, sur fond de machisme tel qu’il se pratiquait en Alabama au tournant du XXe siècle. Annie Sullivan et Helen Keller, par Joseph Lambert, coédition Çà et Là/Cambourakis, 22€ en librairies.