Sur les 21 Métropoles que compte notre pays, celle de Grenoble est la première à s’être dotée d’un site Internet conforme à 100% aux règles d’accessibilité numérique. En repartant de zéro, avec un nouveau site dédié à l’information et aux formalités des habitants, et également très employé par les agents administratifs. « Les services métropolitains et municipaux s’en servent beaucoup, justifie Nathalie Suze, cheffe de projet Communication numérique. C’est un outil de travail parce qu’on y trouve tous les services publics, et les politiques métropolitaines y sont référencées, du coup c’est un outil d’information professionnelle. » La Métro est compétente pour les déchets, l’eau potable, l’assainissement, la voirie (en partie), l’urbanisme, le logement, le développement économique, les solidarités, la lutte contre les discriminations, l’emploi, l’insertion. De vastes domaines du quotidien des habitants, à l’exception notable des transports traités par la Société Publique Locale M TAG.
Recourir à des spécialistes
La Métro partait d’un très mauvais niveau d’accessibilité. « On n’avait jamais fait d’audit sur l’ancien site, ajoute Nathalie Suze. Par contre, on a commencé très tôt à créer un groupe d’usagers avec des personnes porteuses de handicaps, et au moment du diagnostic du site on les a fait naviguer sur le site pour qu’ils nous montrent les difficultés auxquelles ils faisaient face. On a clairement pris conscience que malgré ce que l’agence web nous disait, le site n’était pas accessible, et ça nous a aidés à argumenter en faveur d’un accompagnement par un prestataire en plus de l’agence Eolas qui allait faire les développements. C’est Access42 qui nous a accompagnés dès la conception et tout au long du projet pour être sûrs que l’accessibilité soit maximum et vérifiable. » De cette collaboration entre deux prestataires résulte une accessibilité totalement conforme : « Les équipes d’Eolas étaient formées à l’accessibilité mais pas au point de pouvoir assurer qu’elles allaient atteindre les 100% de conformité, poursuit Nathalie Suze. On s’est bien rendu compte tout au long de la phase de développement qu’Access42 apportait beaucoup à l’agence, au-delà des failles qui étaient relevées, en montrant clairement ce que les équipes devaient faire. Elles ont pu ainsi acquérir de nouvelles compétences. » L’ensemble de leur travail a été testé et validé avant mise en ligne par des usagers handicapés. Quant aux usagers lambda, ils sont 76% à être satisfaits.
« Pendant toute la phase de développement du site, précise l’experte Access42, on a répondu aux questions du prestataire technique sur le volet accessibilité. On a aussi vérifié que les développements étaient accessibles, pour les gabarits, la page d’accueil, tel formulaire, etc. Sur cette phase de développement du site, on a aussi conseillé la Métropole sur les outils qu’elle allait utiliser. » Cette mise en accessibilité n’intègre pas les formalités réalisables en ligne, complète Nathalie Suze : « Elles sont hébergées sur une autre plate-forme. Sur le site Grenoble Métropole on explique la vingtaine de démarches, et on renvoie vers la plate-forme pour leur réalisation. Cette plate-forme sera reprise en 2024 et l’objectif est d’atteindre 100% d’accessibilité. »
Sobre et efficace
La volonté politique de la Métro étant également de créer un site écoconçu, le résultat est sobre : texte noir sur fond blanc, police de caractère simple, deux couleurs pour les fonds (jaune vif et vert d’eau), peu d’images, encore moins de vidéos, et des textes simplifiés pour être compréhensibles par tous. « On a été sensibilisés au Facile à lire et comprendre [FALC], reprend Nathalie Suze, et on a retravaillé tous nos contenus avec cette méthode FALC, sans aller jusqu’à la certification. » Les images qui apportent de l’information sont décrites, pas les décoratives. On le constate par exemple sur le graphique « Trier oui, mais bien trier c’est encore mieux ! » : un texte lu par la synthèse vocale des navigateurs pour internautes aveugles ou malvoyants présente la répartition des objets mal triés. Mais aucun texte alternatif n’apparaît sur la carte du réseau vélo structurant : « J’aurais demandé une description détaillée, commente l’experte d’Access42. Ce n’est pas parce que ça concerne le vélo qu’une personne aveugle n’est pas censée avoir l’information sur les voies cyclables. Des personnes aveugles font du vélo et elles peuvent avoir besoin de cette information. » Il ne faut donc pas préjuger de l’usage de tel ou tel contenu par des personnes handicapées pour décider de le rendre accessible.
Les documents liés aux pages vont également être rendus accessibles mais au fil du temps. « On mène un gros travail de mise en conformité, précise Nathalie Suze. On est accompagné par Atalan, pour ce chantier qui va prendre plusieurs années parce qu’on a tellement de documents… » Un cycle de formation des personnels à la création de documents accessibles est lancé, pour les formulaires et les documents réglementaires obligatoires. « Les usagers peuvent demander une version accessible d’un document, ajoute Nathalie Suze, et il devient prioritaire pour la mise en conformité. L’équipe de journalistes qui contribuent aux contenus est formée. Access42 continuera à nous accompagner pour que les nouveaux modules et évolutions du site soient validés. » Société qui a également réalisé l’audit de conformité du site de Grenoble Alpes Métropole, la réglementation n’empêchant pas le conseilleur de certifier son propre travail : « On pourrait très bien envisager un accompagnement et un audit séparés, précise l’experte Access42, on l’a déjà fait pour certains clients. »
Laurent Lejard, juin 2023.