A 23 ans, Nathan Le Garrec défend ses idées : gaulliste et souverainiste, le coeur à droite dans une famille de gauche. « Mes parents étaient écolos dans une tendance communiste mais antinucléaire. Maintenant ils sont plutôt Mélenchon. Moi j’étais pour François Fillon en 2017, et souverainiste humaniste on va dire. Si vous avez la liberté de faire ce que vous voulez, vous pouvez accueillir comme vous voulez et vous pouvez aider les gens que vous voulez sans avoir de contraintes budgétaires ni liées à l’Union Européenne. » C’est ce mélange de nationalisme ouvert à la présence sur le sol national d’étrangers « utiles » qu’il exprime et voudrait retrouver dans une alliance Jean Lassalle – François Asselineau, tout en écartant les soucis judiciaires du premier qui a ses faveurs.
Natif de Pontivy (Morbihan), ses premières années ont été tranquilles : « J’étais en école maternelle, l’enfant un peu différent, un peu atypique. La maîtresse avait suspecté des choses parce que je ne regardais pas dans les yeux et que j’avais trois mots de vocabulaire. Du coup j’ai fait de l’orthophonie. » Sa situation a profondément changé avec la mutation professionnelle de ses parents à Saint-Lô, chef-lieu de la Manche. Il y a connu le harcèlement et les coups contre l’enfant différent : « L’école primaire, c’était assez compliqué. L’institutrice me mettait un scotch sur la bouche parce que je ne faisais que parler. On se moquait de moi, « tête de poisson » etc.. Du coup, j’allais toujours à la bibliothèque, un peu mon point de repère parce qu’aujourd’hui je parle encore avec la bibliothécaire de l’époque. Le collège a été les pires années de ma vie, du harcèlement et de l’humiliation tous les jours. J’étais passionné par l’Histoire, et donc à fond dans la politique. » Il était également intéressé par la détection de métaux : « J’étais tout seul en pleine nature, pas un bruit pour me déranger, et forcément ce que je trouvais était lié à l’Histoire. J’y passais quatre à cinq heures par jour. L’aspect historique m’a emmené vers la politique, les deux sujets sont tellement liés ! » Il allait voir le déroulement des élections, assistait à des conseils municipaux. Il était alors suivi par un Centre psychologique pour adolescents, et sous médicament pour essayer de le calmer. « J’ai commencé à y réfléchir à 15 ans, quand j’ai commencé à aller au lycée et que j’ai fait une dépression et trois ans de phobie scolaire en allant en cours par-ci par-là. »
C’est en voyant un documentaire sur le cerveau, en se reconnaissant dans les témoignages, qu’il a remis en cause ce que les adultes lui assenaient : jusqu’alors, le psychiatre aveuglément suivi par ses parents le diagnostiquait psychotique « diplôme sur la table », avec à la clé mise sous chape médicamenteuse. « J’ai dû attendre mes 18 ans pour sortir de tout ça parce que sinon je me faisais engueuler par les parents. La présidente de Normandie Autisme, qui pratique l’approche comportementale, m’a littéralement sauvé la vie. A l’époque, tout le monde me disait fou dès que je parlais d’autisme. » En attendant, il poursuit des études de psychologie en 1ere année de licence à Brest (Finistère) tout en effectuant un service civique dans le lien social.
Tout cela ne l’a pas empêché d’assumer son goût pour la politique en se présentant en 28e position aux élections municipales de 2020 sur la liste centriste sans étiquette d’Emmanuelle Lejeune, lors desquelles il n’a pas été élu directement. Les démissions successives de quatre conseillers lui ont permis d’intégrer le conseil en septembre 2022, où il est délégué à la Jeunesse et au numérique, ce qui le conduit à travailler en liaison avec l’agglomération et le département puisque ces deux compétences sont partagées avec ces collectivités locales. Qu’est-ce qui l’a incité à se lancer ? « J’avais 19 ans, donc tout jeune citoyen. Me présenter aux élections municipales à Saint-Lô était une évidence. On m’a appelé, donc ça prouve que j’étais présent sur la scène publique saint-loise parce que j’ai écrit un livre et fait un peu de com’. Déjà en 2014, j’avais aidé ma mère pour les élections municipales, j’étais présent dans les bureaux de vote. Ce que j’aime bien, ce sont des personnalités fortes qui font bouger les choses au-delà du champ de politique politicienne, des groupes de majorité. »
A quatre mois des élection européennes, Nathan Le Garrec n’a pas encore fermement pris parti : « Pour l’instant, je suis plutôt pour Jean Lassalle, son programme me plaît. Il a fait 3% aux présidentielles de 2022 et une coalition avec François Asselineau pourrait obtenir plus de 5% des voix, pour moi c’est faisable. » Au moins un citoyen qui y croit !
Laurent Lejard, février 2024.