Créé en décembre 2000, le Collectif des Démocrates Handicapés (CDH) n’aura pas atteint l’adolescence : les quelques adhérents qui restaient encore viennent de décider de le dissoudre pour créer à sa place un véritable parti politique, l’Initiative Citoyenne pour l’Inclusion Transversale et Universelle (In’Citu en abrégé). « C’est une évolution, confie sa présidente Joëlle de Corte. Le CDH ne répondait plus à la demande des personnes handicapées. Nous avons décidé de créer un vrai parti politique. » Âgée de 44 ans, mariée et mère de trois enfants pas encore adolescents, Joëlle de Corte côtoie quotidiennement une maladie de Charcot-Marie-Tooth qui l’oblige à utiliser cannes ou fauteuil roulant, une maladie que l’un de ses fils subit également. C’est ce qui l’a conduit à s’engager, et ce sont les statuts d’un parti politique qu’elle et son mandataire financier ont déposés, au grand dam du fondateur de feu le CDH, Jean-Christophe Parisot.
« Nous voulons aujourd’hui réaliser ce que Jean-Christophe Parisot avait annoncé en 2000, poursuit Joëlle de Corte. Être reconnu comme parti politique, faire de la personne handicapée un vrai citoyen. Il y a six mois de cela, en constatant qu’il n’y avait plus qu’une dizaine d’adhérents au CDH, on a dit : on fait table rase ou on s’en va. » Ce sera donc table rase, sans Jean-Christophe Parisot, entre-temps devenu préfet hors-cadre (sans affectation ni activité tout en étant rémunéré) et qui n’a pas participé à l’assemblée de dissolution de l’association CDH et de création d’In’Citu : opposé à ce changement, il acceptait seulement sa transformation dans un mouvement appelé… « Les Intouchables » !
L’échec du CDH.
Tous ceux qui ont suivi l’activité du Collectif des Démocrates Handicapés se rappellent les soubresauts de ce mouvement tenu d’une main de fer par son fondateur. Avec quelques épisodes pitoyables comme en 2007, quand Jean-Christophe Parisot avait cru pouvoir mettre en avant sa qualité de délégué à l’insertion professionnelle des personnes handicapées au ministère de l’Éducation Nationale pour se présenter à l’élection présidentielle, puis ses remerciements publics aux 302 élus locaux qui avaient parrainé sa candidature… alors qu’ils n’étaient que 16 selon le décompte du Conseil Constitutionnel. Durant les années Parisot, le CDH n’a connu que querelles d’égo, tentatives de récupération d’actions associatives et coups médiatiques sans grand effet. Son successeur, Jean-Louis Fontaine, a achevé le mouvement en concluant un accord électoral (intéressé) avec l’Alliance Écologiste Indépendante de Jean-Marc Governatori : elle devait verser au CDH une contribution proportionnelle au nombre des suffrages obtenus par les candidats handicapés aux élections… mais s’en est abstenue sous divers prétextes.
C’est sur les ruines d’un CDH qui a perdu la quasi-totalité de ses 400 adhérents qu’une nouvelle équipe espère donc développer le premier parti politique français défendant les personnes handicapées. Mais pas de manière exclusive, plutôt en recherchant une ouverture vers l’ensemble de la société et de la population, en identifiant les points de convergence avec d’autres problématiques : par exemple en s’intéressant aux difficultés des motards à faire prendre conscience du caractère nécessaire d’actions de prévention des accidents et donc des handicaps.
Un renouveau avec In’Citu ?
« On va tout faire pour s’inscrire dans une démarche de collaboration, précise Joëlle de Corte. Beaucoup de gens sont intéressés mais attendent de voir. On essaie d’avoir une palette de sujets et d’idées pour s’ouvrir. » In’Citu affirme avoir déjà recueilli l’adhésion de 80 personnes handicapées ou concernées par les handicaps. Ce parti devra également choisir la formation politique nationale avec laquelle il nouera une alliance, condition indispensable pour atteindre une visibilité, une réelle existence et influence, peser sur les choix politiques, obtenir des élus capables d’agir dans les collectivités territoriales. « Si on se bat pour nous et nos enfants, conclut Joëlle de Corte, on est capable de se battre pour les autres. »
Laurent Lejard, octobre 2012.
PS : In’Citu a vécu moins de deux ans, contraint à la dissolution au printemps 2014 (lire l’actualité du 4 mars 2014).