En France, près de 6,7 millions de personnes vivent avec une déficience auditive et 2 millions avec une déficience visuelle, mais elles rencontrent encore des obstacles dans l’accès aux loisirs et à la culture, notamment dans les cinémas. L’article 30 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CIDPH) garantit le droit fondamental de participer pleinement à la vie culturelle et sociale, cependant, le manque d’accessibilité dans les cinémas français entrave cette participation.
L’Observatoire du CNC a rendu en mars 2023 un rapport sur un état des lieux de l’accessibilité. Le constat est sans appel : « Faible taux d’établissements organisant des séances accessibles chaque semaine pour les personnes en situation de handicap sensoriel malgré des salles plutôt bien équipées. » L’insuffisance de l’accessibilité dans les cinémas freine l’expérience cinématographique des personnes concernées. Refuser l’accessibilité à ces populations constitue une injustice flagrante allant à l’encontre des principes d’égalité et de respect des droits humains, perpétuant ainsi une forme insidieuse d’exclusion sociale qui doit être corrigée de toute urgence.
L’accessibilité des salles (notamment par l’installation de boucles à induction magnétique et la mise à disposition des équipements pour bénéficier de l’audiodescription), en plus de celle des œuvres, est une obligation légale. L’accessibilité bénéficie à toute la société, favorisant l’inclusion sociale et stimulant l’industrie cinématographique.
Des solutions qui existent
De nombreuses solutions technologiques existent et sont déjà disponibles pour rendre les cinémas accessibles à tous :
- le sous-titrage ;
- la Langue des Signes Française (LSF) ;
- la boucle magnétique ;
- le renforcement sonore ;
- l’audiodescription, et bien d’autres.
Ces solutions sont, non seulement réalisables et rentables, mais aussi essentielles pour une expérience cinématographique inclusive pour tous.
Cérémonie des Césars et festival de Cannes
Concernant l’accessibilité des cérémonies prestigieuses telles que les Césars, le Festival de Cannes ou encore le Festival de Deauville, il est indispensable de prendre dans les meilleurs délais des dispositions pour assurer l’accessibilité universelle de ces manifestations.
Une solution efficace pourrait être l’utilisation d’un service de transcription écrite instantanée qui convertit la parole en texte en temps réel, permettant ainsi aux personnes sourdes et malentendantes de suivre les discours et les échanges en direct. Intégrer la transcription écrite instantanée lors de ces événements majeurs permettrait de rendre ces moments culturels accessibles à un public plus large et diversifié, renforçant ainsi leur impact et leur importance dans le paysage cinématographique mondial.
En ce qui concerne les récompenses, il serait par exemple judicieux de créer des catégories de prix spécifiques pour récompenser les efforts en matière d’accessibilité cinématographique. Un prix du meilleur sous-titrage pourrait être décerné pour récompenser les films offrant les meilleurs sous-titres pour les personnes sourdes, malentendantes et sourdaveugles. De même, un prix de l’audiodescription pourrait être instauré pour honorer les films offrant les meilleures descriptions sonores pour les personnes aveugles ou malvoyantes ; il existe d’ailleurs un prix (le prix Marius) qui récompense la meilleure audiodescription parmi les 7 films nommés par l’académie des César, dans la catégorie Meilleur Film. Ces prix serviraient, non seulement à reconnaître les réalisateurs et les studios pour leurs efforts en faveur de l’accessibilité, mais aussi à sensibiliser davantage le public à l’importance de rendre le cinéma accessible à tous.
Il est temps d’agir !
Malgré la loi de 2005 sur l’égalité des chances, nous attendons toujours qu’elle soit pleinement effective ! Nous sommes en 2024 et la loi est partiellement appliquée ! Il est impératif d’agir pour garantir une accessibilité totale dans tous les cinémas !
Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et Amblyopes (CFPSAA) et Unanimes, mai 2024. Pétition à signer en ligne.