Membre du parti politique de droite Les Républicains qui a obtenu le plus faible nombre de députés (41 + 6 apparentés) lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, Michel Barnier a pourtant été nommé Premier ministre le 5 septembre puis a formé son Gouvernement annoncé le 21 septembre. Problème, il a omis un ministère délégué aux Personnes handicapées : les protestations ont fusé de toutes parts, dénonçant 12 millions de Français laissés pour compte, aux besoins spécifiques ignorés, à la reconnaissance piétinée une poignée de jours après leur célébration lors des Jeux Paralympiques de Paris. Ce qui n’était encore qu’un oubli est devenu une volonté politique assumée (terme à la mode chez les politiciens) notamment à cause des propos maladroits du ministre des Solidarités, le député du parti Horizon Paul Christophe, dans un tweet du 22 septembre, supprimé depuis : « Et bien je me considère comme ministre en charge du handicap comme vous dites, même si j’aime appeler ça le monde extraordinaire. » Monde extraordinaire qui lui a valu l’accusation infamante de propos validiste.
Ce qui devait arriver arriva : la présidence de la République annonça, trois jours après ce tweet, la nomination d’une ministre déléguée aux Personnes handicapées, décision officialisée le 27 septembre. Ce portefeuille est confié, là encore, à une députée du même parti Horizon, la Nordiste Charlotte Parmentier-Lecocq. Ce sont donc deux camarades de la même formation politique qui auront la charge de mettre en oeuvre la politique gouvernementale concernant les personnes handicapées. Mais quelle sera-t-elle ?
Le nouveau Premier ministre l’a esquissée lors de son discours de politique générale du 1er octobre à l’Assemblée Nationale. Il prône une législation trans-partisane, comme si le handicap n’était pas sensible aux analyses politiques ou aux prises de position partisanes à géométrie variable, comme on l’a constaté au fil du temps. Faut-il rappeler ici que tous les parlementaires de gauche ont voté contre la loi du 11 février 2005 pour ensuite demander qu’elle soit appliquée puis respectée ? Et ajouter que la majorité socialiste rejointe par la plupart des députés de droite a approuvé en 2014 la mise en pièces de l’accessibilité à tout pour tous instituée par loi de 2005 ? Oui, le handicap sait être un sujet politicien. Michel Barnier veut également « améliorer l’accessibilité pour les élèves en situation de handicap et l’inclusion scolaire. » On verra ce qu’en pense sa ministre de l’Éducation nationale, la rapatriée de Singapour Anne Genetet, novice en la matière ; ses deux prédécesseurs estimaient, l’un que tous les enfants handicapés n’avaient pas leur place à l’école, l’autre qu’ils perturbaient les classes…
Le Premier ministre voudrait rebondir sur la réussite affirmée des Jeux Paralympiques de Paris : « Tous ces athlètes paralympiques nous ont rendus fiers. L’une des priorités du Gouvernement sera de maintenir cet élan pour résoudre les inégalités qui demeurent, pour renforcer la scolarisation, l’accessibilité des transports et de l’espace public, et combattre les discriminations à l’embauche. » Domaines dans lesquels les Gouvernements successifs ont été peu actifs, voire régressifs. Mais Monsieur Barnier aura-t-il seulement le temps d’esquisser la mise en oeuvre de cette priorité ? Les observateurs le disent sur un siège éjectable, à la merci d’une coalition de députés : quand appuieront-ils sur le bouton ?
Laurent Lejard, octobre 2024.