Habité par les hommes et chanté par les poètes depuis la nuit des temps, le Val de Loire (dont nous avions présenté quelques aspects en 2002 et 2006, toujours d’actualité) est une destination éminemment touristique, pour ses châteaux et ses vignobles principalement, mais qui présente l’avantage de n’avoir rien perdu en authenticité : on vit et on travaille normalement, ici, dans tous les domaines d’activité, et tout le monde est bienvenu, y compris les visiteurs handicapés. L’accessibilité, comme ailleurs en France, progresse lentement mais sûrement, même si celle des monuments emblématiques demeure perfectible. La plupart des prestataires hôteliers et de loisirs ainsi que les personnels des offices de tourisme sont sensibilisés à l’accueil des publics à besoins spécifiques, ce qui facilite grandement les vacances !

Naviguer sur le fleuve. Avec son millier de kilomètres, depuis sa source (au mont Gerbier-de-Jonc en Ardèche) jusqu’à son estuaire (du côté de Nantes-Saint-Nazaire), la Loire est le plus long fleuve de France. Axe principal de navigation durant des siècles, le chemin de fer puis le transport routier ont fortement réduit le trafic sur son cours, qui demeure capricieux. On dit parfois qu’il est « sauvage » : parler de « fleuve vivant » serait sans doute plus approprié, eu égard à la civilisation qui s’y est développée et continue d’animer ses rives. Cette histoire, ces paysages, on peut notamment les découvrir à Montsoreau, dont l’élégant château (partiellement accessible en fauteuil roulant) inspira à Alexandre Dumas sa fameuse Dame, objet de nombreuses adaptations cinématographiques. On peut y embarquer, sur La belle Adèle (accessible par rampe, parking à proximité), pour une passionnante balade commentée à la confluence de la Loire et de la Vienne : n’oubliez pas vos appareils photo. Les croisières organisées au crépuscule sont particulièrement romantiques…

D’autres châteaux. À l’exception notable d’Amboise, ancienne résidence royale où de réels efforts de mise en accessibilité ont été faits, l’offre de visite des grands châteaux historiques n’a guère évolué depuis ce que nous en écrivions en 2002 : visiteurs en fauteuils roulants, il faudra vous contenter des extérieurs et des jardins (mais ils valent souvent le détour) ou trouver des porteurs costauds ! D’où l’intérêt de s’arrêter à Amboise : outre le spectaculaire panorama sur la Loire qui se découvre depuis la terrasse, la plupart des espaces ouverts au public (étage mis à part) sont désormais accessibles, un audio-visioguide unique en son genre (incluant la Langue des Signes Française) permettant même de découvrir certains lieux fermés à la visite. L’esprit de Léonard de Vinci, dont la tombe se trouve ici, dans la chapelle Saint-Hubert, planerait-il encore sur ces murs qui ont vu se croiser, et parfois s’affronter, les grandes figures de la Renaissance ? Cerise sur le gâteau : sur réservation préalable, les personnes à mobilité réduite peuvent accéder directement à la terrasse avec leur véhicule, et des visites adaptées aux déficients visuels ou auditifs sont régulièrement programmées.

Mais des châteaux, en Val de Loire, il ne s’en trouve pas que sur le fleuve principal (les plus célèbres dans ce cas étant Chenonceau, sur le Cher, et Azay-le-Rideau, sur l’Indre) : la région tout entière regorge de demeures nobles, encore très souvent propriétés privées, dont quelques-unes sont ouvertes au public. Ainsi en va-t-il du Rivau, non loin de Chinon (Léméré). Cette forteresse médiévale « humanisée » à la Renaissance a longtemps appartenu à l’illustre famille de Beauvau, dont les membres successifs ont réalisé de splendides aménagements que les propriétaires actuels ont à coeur de restaurer, entretenir et faire vivre. Avec talent et en toute accessibilité : outre les écuries monumentales, dues à Philibert de l’Orme, où une présentation audiovisuelle retrace les grandes épopées médiévales, le château est, depuis peu, accessible par élévateur (sur demande préalable). Le décor intérieur est tout à fait inattendu : on ne vous en dira pas plus… Mais ce qui fait du Rivau un endroit particulièrement onirique, ce sont ses jardins de contes de fées parsemés d’oeuvres contemporaines, où la circulation est globalement aisée en fauteuil roulant malgré quelques passages gravillonnés. Un bonheur pour les enfants, à qui l’on peut même louer des costumes pour déambuler en princesse ou en chevalier ! Stationnement aisé à proximité de l’entrée, toilettes adaptées, petite restauration possible sur place.

château de Chaumont

Dans le Loir-et-Cher voisin, le domaine de Chaumont n’a guère avancé en ce qui concerne l’accessibilité de son imposant château, limitée en fauteuil roulant à la visite du rez-de-chaussée, mais de grands progrès ont été accomplis côté jardins : parking bitumé à l’entrée du festival (sur le coteau), nouvelle passerelle d’accès en plus des toilettes accessibles, meilleure prise en compte du handicap dans l’aménagement des espaces paysagers (mais encore beaucoup de graviers)… On peut passer toute une journée sur place, où il est possible de se restaurer, et se laisser émerveiller en famille par la créativité des paysagistes d’aujourd’hui, que des visites guidées permettent de mieux appréhender. Les enfants ne sont pas oubliés. Le thème du Festival changeant chaque année, Chaumont est, depuis plus de vingt ans, un rendez-vous incontournable pour les amoureux des jardins, qui viennent du monde entier.

Nectars. Cabernet franc, cabernet sauvignon et chenin se sentent bien en Val de Loire, et les vins de Chinon ont depuis longtemps conquis les palais. Bien qu’il n’existe pas à proprement parler ici de « route des vins », on peut agréablement se perdre dans le vignoble, à la rencontre des paysages, magnifiques en demi-saison, et de viticulteurs accueillants qui aiment à partager leur passion. Laure Dozon est de ceux-là : viticultrice à Ligré (à une dizaine de kilomètres de Chinon) depuis trois générations, elle reçoit en toute accessibilité dans un caveau aussi peu ostentatoire que sa production est généreusement aboutie. Le vin au féminin, c’est peu de tanins et une grande diversité de goûts : à découvrir d’urgence, messieurs ! Toilettes adaptées, stationnement aisé dans la cour.

Ces dames sont également à l’honneur dans l’appellation Cheverny : Laura Semeria, au domaine de Montcy, s’est « convertie » au bio afin de proposer une vinification au plus près de la nature, que l’on peut découvrir dans un caveau ultramoderne, accessible de plain-pied. Mais l’expérience ne s’arrête pas là : un gîte parfaitement accessible (sauf la terrasse supérieure) et très design a été récemment aménagé par notre viticultrice au beau milieu des vignes, où l’on peut jouir en toute quiétude de la douceur ambiante…

Pour une découverte exhaustive de l’appellation, rendez-vous, non loin de là, à la Maison des vins de Cheverny, qui propose, juste à côté du château (et en toute accessibilité contrairement à ce dernier) pas moins d’une centaine de vins à la dégustation, servis par une étonnante machinerie. Dégustation évidemment limitée à 7 crus par séance… Équipements ultra-modernes, personnel compétent : le rêve pour tout amateur ! Accès par l’arrière du bâtiment, stationnement réservé à côté de l’église, toilettes adaptées sur place.

À une trentaine de kilomètres plus au nord, le domaine du Croc du Merle (Muides-sur-Loire, non loin de Chambord) ravira davantage les familles, mais toujours en pleine accessibilité : non seulement on y produit de l’excellent vin en appellation Cheverny (et également du crémant de Loire), mais on peut y visiter une production laitière complète avec vaches, veaux, stabulation et robot à traire. Accueil convivial et dégustation de vins et fromages à la bonne franquette : une adresse bien sympathique.

Gourmandises. Autres plaisirs de bouche à Bracieux (entre Chambord et Cheverny) où le maître chocolatier Max Vauché a élu atelier en 2005. Ce créateur atypique, qui travaille directement avec les producteurs de Sao Tomé et Principe, propose à la fois un espace de découverte de l’objet de son art, de la plantation à la fabrication, mais également un lieu de dégustation où se mêlent haute-création et réalisations grand-public, dans un souci constant de qualité : rien d’artificiel, ici, uniquement du vrai bon cacao… et beaucoup d’amour. Le tout accessible de plain-pied, avec des toilettes adaptées et un vaste parking à proximité. Plus qu’une escale entre deux châteaux, un voyage à soi seul !

Toujours pour enchanter les papilles, à dix minutes de Cheverny, du côté de Contres, c’est à un voyage tout à fait différent que nous convie l’Atelier Saint-Michel. Saint-Michel, comme les célèbres galettes : ce groupe industriel possède en effet plusieurs usines en France, dont celle-ci, véritable vaisseau amiral de la flotte (c’est aussi le siège social), est dotée d’un espace ouvert au public, où l’on peut découvrir la fabrication de la spécialité maison dont la douce odeur flotte sur les lieux : la madeleine, réputée sans colorants, conservateurs ni matières grasses hydrogénées. Ultramoderne et parfaitement accessible (places de parking réservé à côté de l’entrée) l’endroit comporte une boutique et un espace dégustation. Mais de l’usine elle-même, on ne peut guère apercevoir que les extérieurs…

Achevons cette balade comme elle a commencé : dans l’eau, mais baignable celle-là. À Mont-près-Chambord (entre Chambord et Cheverny), la commune a récemment aménagé un immense bassin naturellement filtré, aussi bleu et invitant qu’un lagon tropical ! Parking réservé, vestiaires et sanitaires adaptés, rampe d’accès à l’eau, fauteuil roulant de prêt, vaste pelouse et même distributeur de maillots de bains : rien ne manque pour se détendre au soleil du Val de Loire…

Jacques Vernes, août 2012.


Sur le web, le site officiel Loire Valley (sic) rassemble toutes les informations indispensables pour préparer un séjour adapté en Indre-et-Loire. Idem pour le Loir-et-Cher, dont la partie Tourisme et handicap comporte en outre une présentation en LSF.


Nos adresses accessibles.

À Azay-le-Rideau, l’hôtel de Biencourt a récemment investi une ancienne école située au coeur du village, sur le chemin du château. Accessible par rampe amovible, vaste chambre adaptée en rez-de-chaussée sur rue (peu passante), parking réservé à proximité. Accueil attentionné et prix doux.

Toujours à Azay-le-Rideau, en sortie de bourg, le restaurant Les Grottes, accessible de plain-pied, est partiellement troglodytique, ce qui n’est pas si courant ! Cuisine traditionnelle, vins du cru et toilettes adaptées.

Sur les hauteurs de Villandry, la ferme-auberge L’Étape gourmande vous reçoit de plain-pied dans une ancienne longère transformée en restaurant gastronomique. La carte est inventive, les prix raisonnables et l’accueil sur mesure. Parking aisé.

Près de Villandry, à Savonnières, la maison d’hôtes Les Rosiers de Fanette est une vaste et belle demeure moderne parfaitement équipée et accessible (sauf la piscine) dont la propriétaire, véritable magicienne de la truffe (du Périgord, pas de Touraine !) propose une table d’hôtes d’exception. Parking aisé mais gravier tenace…

À Tours, le restaurant Le Saint-Honoré est une table récente, de très haute tenue mais sans chichi, où priment les produits du terroir. La qualité à un prix (qui n’est pas exorbitant) et l’accessibilité est parfaite, toilettes comprises.

En face de Chaumont, l’auberge de la Croix Blanche (Veuves) est un ancien relais de poste installé en contrebas de la levée de Loire. La cuisine est traditionnelle mais soignée, et l’accessibilité sans faille. Parking aisé devant l’établissement.

Près de Blois, à Candé-sur-Beuvron, le camping de la Grande Tortue, labellisé Tourisme et handicap, propose des prestations, notamment de loisirs, variées et d’excellente qualité, ainsi qu’un mobil-home adapté pour quatre personnes. Piscine accessible par harnais de mise à l’eau, accueil sur mesure.

Changement de décor à côté de Blois : le château de la Rozelle (Cellettes) est un établissement aussi élégant que luxueux où les prestations raviront les clients les plus exigeants, y compris handicapés moteurs : jolie chambre adaptée avec grande salle de bains, donnant sur un parc aux arbres centenaires, salons cossus, accueil personnalisé… et tarifs en rapport. Stationnement réservé au plus près de l’accès supérieur.

À Blois,Le Bistrot du cuisinier est une belle adresse contemporaine sur les quais de Loire où tous les appétits sont comblés sans que l’adition explose. Le personnel est souriant, les toilettes adaptées et l’accès aisé en fauteuil roulant… une fois contourné l’arbre situé juste devant l’entrée ! Emplacement de stationnement réservé à proximité.

Toujours à Blois, toujours sur les quais, le café-brasserie La trouvaille mérite bien son nom, ne serait-ce que pour le point de vue sur la ville (spectacle garanti au soleil couchant). On y mange bien, pour pas cher, et l’accueil est attentionné. Accessible de plain-pied, toilettes adaptées.

Enfin, entre Blois et Montrichard, le restaurant-bistrot L’Herbe Rouge (Valaire) est un endroit éminemment sympathique où l’on vous reçoit en toute accessibilité, à la bonne franquette et à petit prix, autour de produits bios du terroir. Stationnement aisé devant l’établissement.

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