La réaction d’un lecteur courageusement anonyme du Figaro constituant le titre de cet éditorial témoigne d’une réelle évolution de l’inclusion dans la société : comme tout un chacun, les personnes handicapées sont traitées à « égalité des droits et des devoirs, et de traitement » par des policiers, relève un autre lecteur du quotidien de droite conservatrice. Tel est l’enseignement du violent coup de poing asséné au visage d’un bientôt quadragénaire qui se déplace en fauteuil roulant, privé de l’usage de ses jambes et du bras droit depuis un grave accident de voiture dans laquelle il était passager. Cet acte commis par un CRS à Clermont-Ferrand le 12 mars dernier a suscité l’indignation du maire de la ville et d’une députée du département, tous deux de gauche, mais l’approbation massive d’une trentaine de lecteurs du Figaro.
Bien sûr, on n’était pas sur place et on ne connaît pas le déroulement complet de l’incident, mais un fait est certain, filmé, prouvé : un CRS placé légèrement derrière un fauteuil roulant a violemment frappé l’homme paralysé qui y était assis, pendant qu’un autre policier tenait le bras gauche de la victime : on n’est jamais trop prudent… Une troisième policière a certes tenté d’arrêter le geste, en vain. De toute façon, le problème est ailleurs : un policier a délibérément frappé un homme paralysé, sans défense et ne représentant pas une menace. Une lâche brutalité sans risque, comme le pratiquent nombre de ses collègues s’attaquant à plusieurs à un jeune, une femme, un vieillard, un migrant, un clochard…
Soutenant les policiers, la procureure de la République a décidé d’ouvrir une enquête pour « outrage et violence avec arme par destination sur personne dépositaire de l’autorité publique », l’arme étant le fauteuil roulant de la victime ; cet homme paralysé aurait foncé sur les policiers aux commandes de son bolide et, mieux encore, aurait donné des coups de pied aux policiers : deux s’en sont plaints ! La procureure ne craint pas le ridicule en ressortant le fauteuil-arme, argument déjà invoqué par ses collègues contre Odile Maurin, André Dji et Laurye, et systématiquement rejeté par les juges. On a dénombré en revanche de multiples agressions policières lors de manifestations contre des personnes handicapées n’étant ni violentes ni menaçantes. Dans l’incident de Clermont-Ferrand, rien dans les faits décrits et filmés ne témoigne de ce que la victime ait foncé avec son fauteuil sur les policiers : on les voit d’ailleurs légèrement derrière la personne frappée. Mais comme il est devenu habituel que des policiers brutaux accusent leurs victimes d’outrage, rébellion et violence, on mettra une fois de plus les plaintes policières sur le compte du mensonge par « personne dépositaire de l’autorité publique. »
Laurent Lejard, mars 2025.