L’Islande, située à mi-chemin entre Europe et Amérique, s’est brutalement rappelée au monde, d’abord lors de la crise financière qui a ruiné ses banques (et bon nombre d’épargnants) en 2008, puis, de manière plus éclatante encore, à l’occasion de l’éruption récente du volcan sous-glaciaire Eyjafjöll, avec les conséquence que l’on sait pour la navigation aérienne… À 3h 1/2 d’avion de Paris, cette île hors du commun annonce donc clairement la couleur : bienvenue aux amateurs de sensations fortes ! Et deux impératifs : location de véhicule (4×4 de préférence) et portefeuille correctement pourvu indispensables. L’Islande importe en effet la plupart de ses denrées et les prix y sont à la mesure de la latitude… Pourquoi le 4×4 ? Parce que côté infrastructures routières, sorti de la fameuse route circulaire n°1 (sorte de boulevard périphérique à la mode locale) et de quelques voies bitumées, les pistes sont omniprésentes, certaines, nanties de passages à gué, impraticables en véhicule standard.

Alors, interdite aux petites natures, l’Islande ? Côté confort et accessibilité, il ne faut certes pas être trop exigeant en dehors des villes principales, mais il est tout à fait possible de jouir de la plupart des sites remarquables (« Cercle d’or« ), concentrés dans le sud de l’île, en rayonnant depuis Reykjavik avec sa propre voiture; les compagnies locales d’excursions à la journée ne disposent pas de véhicules adaptés. Bien que petite (200.000 âmes en comptant l’agglomération), la capitale de ce pays de 300.000 habitants offre tous les agréments d’une cité cosmopolite ainsi que de bons hôtels et restaurants. Côté patrimoine culturel, on n’y visitera cependant pas grand chose à l’exception de l’emblématique église luthérienne Hallgrímskirkja, dont la flèche culmine à 75m : la plupart des musées islandais, outre une accessibilité souvent « bricolée », s’exprime en effet dans la langue locale, parfois en anglais, très rarement en français. Plus gratifiante, la balade sur le port offre une jolie vue sur la rade. On peut y embarquer (avec aide) sur des navires proposant, en saison, d’observer baleines et macareux. Les amateurs de shopping (onéreux) trouveront, quant à eux, leur bonheur dans les deux rues commerçantes et le petit secteur piétonnier du centre-ville.

Au sud de la capitale, la péninsule de Reykjanes (où est situé l’aéroport international de Keflavík) constitue à la fois une banlieue résidentielle et une zone à forte affluence touristique du fait de la présence, à côté du village de Grindavík, du célébrissime Blue Lagoon. Les eaux bleues de cette station thermale implantée à proximité d’une centrale électrique géothermique en font l’une des cartes postales de l’Islande et un must pour tout visiteur. La taille du parking (emplacements réservés) donne une idée de la foule qui peut s’y presser en période d’affluence. Des facilités tarifaires sont accordées aux « curistes » handicapés mais l’accès à la piscine est malaisé (marches). Hôtellerie, restauration et shopping (de luxe) possibles sur place. Il existe néanmoins, dans le pays, d’autres endroits où l’on peut se baigner mais sans garantie d’accessibilité.

À quelques encablures du Blue Lagoon, la région de Krýsuvík regorge de sites volcaniques, dont une spectaculaire solfatare, à Seltún, accessible avec aide (pentes et seuils) via un platelage. Parking réservé, toilettes adaptées.

À une quarantaine de kilomètres à l’est de Reykjavik, au bord du lac þingvallavatn (on prononce þ comme le TH anglais), le site de þingvellir est un haut-lieu de l’Histoire islandaise : l’un des plus vieux parlements du monde (Alþing) y a été fondé au Xe siècle et la République y fut proclamée en juin 1944 après des siècles « d’occupation » danoise. L’emplacement, spectaculaire, n’a certes pas été choisi au hasard, quand bien même la connaissance de la tectonique des plaques est très récente : c’est en effet le seul endroit au monde où l’on peut observer à l’air libre, et parcourir (y compris en fauteuil roulant) une dorsale médio-océanique. Nul besoin d’être géologue ou historien pour apprécier la force des lieux. Un centre d’interprétation, accessible de plain-pied et doté de toilettes adaptées, présente une installation audio-visuelle disponible en français et sous-titrages (exception qui confirme la règle), pour approfondir la connaissance du site; il est complété par un belvédère accessible avec aide.

þingvellir

Comme ailleurs en Islande, les emplacements de parkings réservés ne font pas défaut; n’oubliez pas votre carte européenne de stationnement. L’Islande n’est pas encore membre de l’UE mais elle a adhéré en 1996 à la convention de Schengen et applique d’ores et déjà un certain nombre de règles communautaires.

Plus à l’est, en bord de route (comme la plupart des sites du Cercle d’or), Geysir a donné son nom à tous les geysers du monde. Il n’est plus actif depuis 1916 mais son voisin immédiat, Strokkur (« baratte » en islandais), projette, toutes les 10mn environ, son panache brûlant à près de 20m ! Spectacle garanti (et gratuit) accessible avec aide (pente). Parking réservé devant le restaurant situé de l’autre côté de la route.

Non loin de là, les splendides chutes de Gullfoss (« chute d’or » en islandais) sont également accessibles au bout d’un platelage pentu nécessitant d’être aidé; stationnement au parking haut pour profiter du site, toilettes dans le petit centre d’interprétation.

L’Islande compte un grand nombre de cascades, plus spectaculaires les unes que les autres, que leur toponyme « foss » permet de repérer sur une carte. Il n’est pas toujours facile d’en approcher au plus près en fauteuil roulant mais elles se laissent généralement admirer depuis le parking attenant (les Islandais font bien les choses) : munissez-vous de jumelles. Idem pour les aires à pique-nique, idéalement situées. Cerise sur le gâteau, les panneaux d’information touristique implantés dans ces emplacements comportent assez souvent un résumé en français.

De retour sur la route n°1, en quittant la petite ville de Selfoss (d’où l’on peut rayonner à l’instar de Reykjavik, distante d’une soixantaine de kilomètres) on se rapproche progressivement des plateaux escarpés et des glaciers qui font la beauté du pays. L’eau qui s’en écoule constitue de loin en loin de merveilleuses cascades, telle la Seljalandsfoss (partiellement accessible, les personnes valides peuvent passer derrière) située sur le chemin du célébrissime Eyjafjallajökull, c’est à dire le glacier (« jökull ») du volcan Eyjafjöll (« montagnes des îles », en référence aux mystérieuses îles Vestmann que l’on peut apercevoir depuis la côte).

On ne peut atteindre les contreforts du volcan Eyjafjöll qu’en 4×4 (piste puis gués) mais le paysage porte toujours les stigmates impressionnants de la récente éruption, les coteaux alternant le vert de la mousse au gris des cendres. À ce sujet, si la chose vous tente, ramassez-en donc vous-même à flanc de montagne au lieu d’en acheter en ville : un cadeau original dont vous serez certain(e) de la provenance !

Autre cascade majestueuse, la Skógafoss, visible (et audible) depuis la route, est située juste à côté d’un émouvant écomusée, partiellement accessible, dans le parc duquel ont été remontés quelques exemples de l’habitat local. Le musée des transports attenant, de plain-pied, manquerait moins d’intérêt, eu égard à la richesse de ses collections, s’il proposait un support de visite en français… Restauration possible sur place, toilettes adaptées dans la partie moderne, vaste parking.

À une quinzaine de kilomètres vers l’est, on peut approcher une langue glaciaire du Mýrdalsjökull en empruntant la piste 221 : noire à reflets bleus, couverte de cendres volcaniques, un phénomène époustouflant résultant de l’éruption du volcan Eyjafjöll mais condamné à disparaître.

Toujours plus vers l’est, juste avant le village de Vik, célébré comme l’une des plus belles plages (de sable noir) au monde, les falaises de Dyrhólaey évoquent celles d’Étretat. Des paysages d’une beauté ineffable, marqués par le grondement de l’océan, où il fait bon prendre son temps (et des photos). On peut accéder en voiture jusqu’au sommet de la falaise, et en fauteuil roulant jusqu’au pied du phare : sujets au vertige s’abstenir. Nuit possible à Vik ou dans les environs, à vos risques et périls néanmoins côté confort et accessibilité… Bon à savoir : le soleil ne se couchant pratiquement pas en été, les promenades d’après-dîner, dans une étrange atmosphère de crépuscule sans fin, sont un bonheur qu’il ne faut pas se refuser ! Côté météo, en revanche, il est courant que pluie et fraîcheur s’invitent aux agapes…

Plage de Vik

L’itinéraire, entre Vik et le village étape de Kirkjubaejarklaustur (imprononçable, mais on peut y faire halte pour sustenter voyageurs et véhicules !) traverse un paysage lunaire à la végétation rase, fleuri, en saison, de campanules bleues. Né des débâcles successives aux éruptions sous-glaciaires, il est suivi d’un autre désert, de lave celui-là : l’Eldhraun, vestige de l’une des plus titanesques coulées de l’Histoire humaine. En un peu plus de deux cents ans et sur près de quarante kilomètres, l’immense nappe rocheuse vomie en 1783 par le volcan Laki a été colonisée par une mousse épaisse couleur vert-de-gris, dont l’aspect évoque la moisissure. Un paysage quasi extra-terrestre qui ne laisse pas indifférent.

La route, ensuite, se rapproche des langues glaciaires qui descendent du gigantesque Vatnajökull, dont la superficie égale celle de la Corse ! Les falaises, également, se font vertigineuses : près de 700m pour le Lómagnúpur. Niché à sa base, le vieux hameau abandonné de Nupsstaður (ð se prononce comme le son anglais the) émerge à peine du sol, avec ses toits traditionnels en tourbe et sa chapelle minuscule. Très partiellement accessible, hélas, et uniquement avec aide.

Tel n’est pas le cas, en revanche, du centre d’interprétation du parc national de Skaftafell, à quelques kilomètres de là, où un chemin « adapté » en graviers bitumé a récemment été aménagé. Accès de plain-pied, restauration possible sur place, toilettes et stationnement réservé.

Ne ratez pas, une vingtaine de kilomètres plus loin, la petite église en bois de Litlahof, au toit couvert de tourbe, l’une des rares à témoigner du (très) rude passé rural islandais.

Le contournement du Vatnajökull rapproche la voirie du rivage, où se trouve l’une des attractions touristiques les plus courues du pays : le Jökulsarlon, lac glaciaire particulièrement photogénique qui a d’ailleurs servi de décor à deux James Bond et un Batman… Il est possible d’y naviguer au milieu des (gros) glaçons en camion amphibie mais si l’embarcadère est accessible, le chemin qui y mène ne l’est vraiment pas (galets). Le spectacle depuis les berges demeure néanmoins fascinant. Toilettes « adaptées » dans la boutique-cafétéria attenante.

Le Fjallsárlón, tout proche, peut constituer une alternative d’autant plus intéressante, surtout en période d’affluence, que glacier et icebergs y sont nettement visibles, et les accès plus roulants. Les deux lacs s’écoulent dans la mer; le spectacle des icebergs parcourant le chenal est tout simplement captivant !

L’itinéraire de liaison vers le bourg de Höfn, aux confins de la région sud, longe une succession majestueuse de langues glaciaires, de cours d’eau et de falaises.

Höfn est un port langoustier sur les quais duquel il est romantique de se promener et où l’on peut déguster une variété locale de langoustine géante particulièrement savoureuse. Comme à Vik, nuit possible dans les environs, à vos risques et périls côté confort et accessibilité…

Non loin de là, au pied des falaises de Stokksnes, l’Otan a installé l’une de ses bases radar à proximité d’un fort viking reconstitué : drôle de bout du monde !

Jacques Vernes, août 2010.

Sur le web, le site officiel Visit Iceland propose, en français, des informations générales sur la destination mais rien concernant l’accessibilité, notamment des établissements hôteliers. Mieux vaut, sur ce sujet et avant toute réservation, consulter directement l’établissement concerné et/ou votre agence de voyages.

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