Normand originaire de Falaise (Calvados), âgé aujourd’hui de 44 ans, Michel Boudon se définit comme « papa au foyer ». Il vit à Trilport, commune de Seine-et-Marne proche de Meaux, une « petite ville à la campagne » dont il est tombé amoureux, et où il habite, dans une maison individuelle, depuis une vingtaine d’années : trois ans après l’accident qui a entraîné une double amputation au-dessous du genou. À ce premier handicap se sont ajoutées les séquelles d’un cancer qui l’obligent désormais à se déplacer en fauteuil roulant.
« Quand je suis arrivé à Trilport, explique-t-il, j’ai noté quelques problèmes d’accessibilité et de vie quotidienne liée au handicap. J’en ai fait part aux élus, et on m’a demandé de faire partie de l’équipe municipale aux côtés du maire de l’époque, Michel Vallier, qui a été conseiller général durant 30 ans. Je voulais apporter à la commune, parce que j’avais une vue différente sur la vie à Trilport ». Son premier mandat date de 1995, durant lequel il a été conseiller municipal délégué au cadre de vie. Réélu en 2001, il a occupé les mêmes fonctions auxquelles, en fin de mandat, s’est adjointe l’accessibilité. Depuis les élections de 2008, il est maire-adjoint au cadre de vie et à l’accessibilité. Bien que militant du Parti Socialiste, et membre de sa commission nationale handicap, Michel Boudon définit son action comme politique au sens noble, mais pas politicienne : « On subit déjà assez la politique nationale ! « . Il regrette toutefois que la ville voisine de Meaux, dirigée par le Président du groupe U.M.P à l’Assemblée nationale Jean-François Copé, ne l’ait jamais convié à participer aux travaux de la commission accessibilité de la Communauté d’agglomération. Michel Boudon ignore même si cette commission existe (interrogée par nos soins, la Communauté d’agglomération du Pays de Meaux cherche toujours quoi répondre) contrairement à Trilport, qui a créé la sienne en 2006 : « La commune n’était pas légalement obligée de l’instituer. Mais on a voulu la créer ».
Michel Boudon se veut économe des deniers publics : « Je ne veux pas faire de l’accessibilité globale sur un secteur urbain, mais agir au fur et à mesure des travaux dans la ville, pour adapter la voirie, les bâtiments publics, en programmant la mise en accessibilité pour éviter le gaspillage ». Il privilégie l’adaptation permanente sur le long terme aux opérations ponctuelles de grande ampleur qui portent sur un secteur restreint, tout en s’inquiétant de la difficulté de tenir l’objectif imposé par la loi, une ville accessible à tous en 2015 alors que les moyens financiers font défaut à sa commune.
Président de Trace +, une association de promotion du vélo adapté, il va prochainement passer la main, les activités étant reprises par une autre association de l’Essonne. « Mes fonctions de maire-adjoint, et le judo, ne me laissent plus assez de temps pour m’occuper de l’association. La pérennité des actions sera quand même assurée ». Il pratique le ju-jitsu en fauteuil roulant et le judo en technique au sol. Michel Boudon a été le premier judoka handicapé moteur français à accéder à la ceinture noire, au terme d’un parcours intensif de deux années de travail, à raison de quatre à six heures d’entraînement quotidien : « J’ai travaillé avec Jean-Claude Prieur, ancien directeur technique fédéral du judo à la Fédération Française Handisport. On a cherché une solution technique pour adapter un kata pour que je prépare ensuite les différents grades. Ma ceinture noire ouvre de nouveaux horizons aux pratiquants handicapés, elle est reconnue par la fédération internationale de judo ». Une réussite dont il tire une fierté comparable à l’amour qu’il porte à sa ville.
Laurent Lejard, décembre 2008.