Maïté Durand fait partie des quelques personnes handicapées qui solliciteront en mars prochain les suffrages des citoyens lors d’une élection au scrutin uninominal. Elle se présente à l’élection cantonale, comme suppléante du candidat du MoDem (Mouvement Démocrate) : « Didier Denestebe m’a proposé d’être sa suppléante afin de pouvoir défendre les personnes handicapées au sein du Conseil Général de l’Hérault, et j’ai accepté même si je ne suis pas membre du MoDem. Mon handicap, une maladie orpheline dont les séquelles sont assez proches de celles d’une infirmité motrice cérébrale, ne me permet pas de travailler ». Cette dystonie généralisée génère des troubles de la coordination des mouvements, et parfois de la parole; ses effets sont stabilisés depuis l’implantation d’un neurostimulateur.
Âgé de 37 ans, Maïté Durand a repris des études de droit et vit à Agde, petite commune héraultaise connue pour sa proximité avec le plus grand centre naturiste de France. « Ma candidature m’a permis de voir comment aborder le handicap en dehors des associations, qui suivent et aident les personnes, mais dont l’action s’arrête là. Alors que la politique est plus ouverte. J’ai accepté la proposition de Didier Denestebe, non pour mon profit personnel mais pour défendre les personnes handicapées du canton ». Si ce candidat est élu, il demandera à sa suppléante de siéger au Conseil Général sur toutes les délibérations relatives aux personnes handicapées, ce que la réglementation permet désormais : « Je veux m’en tenir au canton d’Agde, il y a beaucoup à faire en termes d’accessibilité, pour disposer d’une station touristique au top afin d’accueillir les personnes handicapées. Cela se fait dans la partie naturiste, il faut développer cet accueil ailleurs, et que l’on ne fasse plus vraiment la différence entre personnes handicapées et valides ».
Maïté Durand fait campagne aux côtés de Didier Denestebe : « Je participe à des réunions publiques et prends la parole. Je fais les marchés, mais pas les boîtes à lettres : en ce moment je me déplace difficilement debout à cause d’une entorse. C’est ma première campagne électorale, je découvre et c’est très intéressant. On rencontre beaucoup de gens d’horizons divers, c’est une richesse supplémentaire en termes de relations humaines. Et ça montre que ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’on ne peut pas agir au service des autres. Pour l’instant, je reçois de nombreux messages par Internet qui m’encouragent, avec un feed-back encourageant des personnes handicapées qui espèrent être représentées. Les autres disent que c’est très bien pour moi, que ça m’apporterait, et évoquent la compétence à 100 % dans le domaine du handicap ».
Une campagne pour les élections cantonales n’est pas politiquement neutre et Maïté Durand le ressent nettement : « Les gens renvoient l’appartenance politique. Mais Didier Denestebe me dit que le plus important c’est mon savoir-faire dans mon domaine. Si j’avais été sollicitée par un autre candidat attentif au handicap, je lui aurais dit oui. Ma candidature est réaliste, concrète, sur le handicap. Il y a eu beaucoup de promesses locales, pas réalisées dans le détail ». Maïté Durand est d’ailleurs candidate au Conseil Municipal sur la liste Agde Avenir soutenue par le MoDem, mais dans une position apparemment non éligible, ce qui ne la décourage pas : « Ça me pousse à aller plus loin ! »
Propos recueillis par Laurent Lejard, février 2008.