Ces derniers Jeux Olympiques et Paralympiques auront probablement été les mieux médiatisés de l’Histoire : depuis de nombreux mois, la Chine fait l’actualité et ce qui s’y déroule a été passé au crible. Le développement de la puissance économique de ce pays, ainsi que les émeutes récentes qu’il a connues au Tibet comme dans les régions ouïgoures, ont placé la Chine au coeur de l’actualité. Au point de faire naître un faux suspense sur la participation du Président Sarkozy à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques.
Le Président de la République n’est pas plus allé soutenir sur place l’équipe de France Paralympique que ses prédécesseurs, mais, à la différence de Jacques Chirac, il s’est également abstenu de venir encourager les handisportifs français rassemblés à Paris avant leur départ pour Pékin. Si les deux secrétaires d’Etat en charge des sports et des personnes handicapées ont séjourné quelques jours en Chine au contact de l’équipe de France Paralympique (ce qui n’est pas nouveau), les handisportifs médaillés affirment n’avoir reçu aucun message de félicitations du Premier Ministre ou du chef de l’Etat.
Porte-drapeau de l’équipe de France, Assia El’Hannouni a publiquement réagi contre cette indifférence des dirigeants politiques en annonçant, avant de se raviser, qu’elle ne participerait pas à la cérémonie organisée jeudi dernier à l’Elysée par le Président de la République au soir du retour des athlètes. « Jamais un Président de la République n’est venu aux Jeux Paralympiques, commente en marge de cette réception Gérard Masson, président de la Fédération Française Handisport. Si Nicolas Sarkozy était venu, j’aurais trouvé cela merveilleux, ça aurait été très symbolique. Les athlètes l’espéraient. »
4.000 journalistes ont couvert les Jeux Paralympiques de Pékin, soit autant que d’athlètes. Cette fois-ci, des quotidiens nationaux français ont dépêché des journalistes. Dans de nombreux pays européens, des compétitions, les cérémonies d’ouverture et de clôture ont été diffusées. Mais pas en France. Dans l’Hexagone, France Télévisions s’est contenté de reproduire grosso modo le maigre dispositif des Jeux Paralympiques de Sydney 2000 et d’Athènes 2004. La seule différence notable fut le nombre de sujets que l’on a pu voir dans les journaux télévisés, ce qui montre que leurs rédacteurs en chef trouvaient un intérêt à la compétition, estimant que le grand public devait être informé de ces Jeux Paralympiques et du contexte chinois.
« Je connais le nombre d’heures de retransmission en Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Italie, poursuit Gérard Masson, je vais en parler avec France Télévisions. Parce qu’on ne soit pas capable de diffuser la cérémonie d’ouverture, c’est-à-dire d’offrir aux téléspectateurs français non pas du handicap mais un beau spectacle, alors que tous nos voisins le font, là on n’est pas bons ! ». Gérard Masson attend de Patrick de Carolis, président de France Télévisions qu’il s’explique : « Il a certainement des bonnes raisons, et si elles me conviennent et si surtout elles conviennent aux athlètes, alors on le dira. La seule chose qui m’inquiète, c’est pourquoi on est en retard sur les autres pays européens, alors que je croyais que durant six mois la France serait la première des nations européennes… ». Allusion au fait que la France préside l’U.E jusqu’à la fin de l’année. En réponse, le chargé de mission pour les Jeux Paralympiques au sein de France Télévisions, Olivier Harland, n’a pu risquer que quelques explications, évoquant la diffusion de chroniques aux heures de grande écoute tout en reconnaissant leur brièveté : « On a diffusé un 26 minutes dimanche 14 septembre… pour constater que les téléspectateurs éteignaient leur poste ! Il y a un problème en France, il faut que les téléspectateurs puissent petit à petit s’adapter aux Paralympiques ». Mais avec zéro image dans les émissions sportives entre deux Jeux Paralympiques, « l’adaptation » promet d’être longue…
Laurent Lejard, septembre 2008.