…Qui se tiendra pourtant dans trois semaines, le 10 juin 2008, à la Cinémathèque Française. D’aucuns pourront s’interroger sur le lieu, dédié à l’histoire et au patrimoine cinématographiques, pas vraiment glamour, plutôt art et essai. C’est pourtant là que le « gratin du handicap » doit débattre avec les hommes politiques et les directeurs d’administrations de la mise en oeuvre de la loi de février 2005 et des perspectives d’évolution de l’action en direction des personnes handicapées.
Sauf que les nouvelles mesures gouvernementales ne seront pas annoncées à l’issue de la conférence comme un résultat naturel des débats, mais dès son ouverture. Ainsi le veut Nicolas Sarkozy, qui présentera ses nouvelles mesures dans son allocution d’ouverture, à 10 heures du matin. Le reste des débats de la journée risque donc fort d’être vidé de sa substance et aussi dénué d’intérêt que d’autres « grand-messes ».
Déjà pliée, la conférence nationale du handicap prendra des allures de ce qu’était devenue la conférence de la famille : une tribune médiatique pour le Gouvernement, dont le chef venait annoncer les mesures qu’il octroyait après plus ou (surtout) moins de concertation. Pour la conférence du handicap, ce n’est pas le Premier Ministre qui s’exposera aux flashes et aux caméras, mais le Président de la République, dont l’image publique est aussi ternie que son action est contestée.
Venir devant le « tout handicap » montrer l’intérêt que l’on porte aux plus vulnérables des Français devrait être porteur de quelques points positifs dans les sondages. Il restera ensuite aux commentateurs à rapprocher tant bien que mal les mesures Sarkozystes de celles qui auront été émises lors du processus de (prétendue) concertation préalable confiée aux groupes de suivi de l’application de la loi du 11 février 2005. C’est sur cet écart que seront mesurés l’intérêt et l’ampleur des actions nouvelles en direction des personnes handicapées pour lesquelles les ressources sont pressurées par l’inflation, les perspectives d’évolution sociale quasi-nulles et les chantiers d’accessibilité au point mort.
Laurent Lejard, mai 2008.