La dernière péripétie en date du lundi de Pentecôte consiste dans le rétablissement de son caractère férié. Pour tenter de sauver la face, le Gouvernement va charger les parlementaires du parti majoritaire, l’U.M.P, de présenter la proposition de loi qui modifiera celle qui avait supprimé le lundi de Pentecôte de la liste des jours fériés : la « corvée » de cette journée de travail gratuit ne disparaît pas, elle sera diluée durant l’année au gré des négociations conduites entre employeurs et salariés. De quoi la rendre assez rapidement invisible et indolore, tournant le dos aux volontés solidaires et pédagogiques de ses initiateurs : Jean-Pierre Raffarin, alors Chef du Gouvernement et Marie-Thérèse Boisseau, ci-devant secrétaire d’État aux personnes handicapées. Celle-ci avait imposé l’idée après un séjour en Allemagne, où une journée de solidarité est pratiquée chaque année.
La Corvée féodale fut un impôt inique, un esclavage au profit des nobles qui trouvaient là une main-d’oeuvre gratuite et contre lequel nos ancêtres se sont révoltés au point d’en renverser la Monarchie. Rétablie sous une forme moderne par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, elle avait été précédée par une résurrection de l’Octroi, instauré depuis les années 1970 avec la généralisation des péages autoroutiers puis du stationnement urbain en attendant son extension programmée au simple fait de circuler en ville en voiture. La Taille a survécu sous la forme de l’impôt sur le revenu, et s’en est rapproché davantage avec le « paquet fiscal » du gouvernement Fillon. Les nobles, jadis, en étaient exemptés : les riches d’aujourd’hui sont certes imposés, mais de moins en moins. Quant aux personnes dépendantes… qu’elles s’enrichissent !
Laurent Lejard, février 2008.