2008 doit être, en théorie, une année charnière dans la mise en oeuvre de la loi du 11 février 2005 qui était censée instaurer la compensation individuelle et collective du handicap. En matière de compensation individuelle, on sait déjà que cette loi est un échec : conçue comme un empilage des dispositifs existants de financement, auquel on a ajouté les fonds du jour de travail forcé non payé dit de « solidarité », la prestation de compensation du handicap n’a pas séduit les bénéficiaires potentiels dont la plupart restent attachés à l’Allocation Compensatrice Tierce Personne. Pour la compensation collective, 2008 sera déterminante. D’abord parce que les schémas directeurs d’accessibilité des transports doivent être établis d’ici le 12 février; ensuite parce que les diagnostics d’accessibilité des services, établissements et installations recevant du public devraient être réalisés avant le 31 décembre (si le Gouvernement daigne enfin publier le décret qui a avancé de trois ans la date butoir de réalisation de ces diagnostics). Vu l’état d’avancement de la création des commissions communales d’accessibilité, on peut redouter que l’intention gouvernementale d’accélérer le processus d’aménagement des espaces publics ne se heurte au faible nombre des professionnels pouvant réaliser les diagnostics nécessaires. 2008 verra, par ailleurs, la première conférence triennale de la politique du handicap organisée par le Gouvernement. Là, il convient d’espérer que la concertation primera sur l’annonce de décisions préparées à l’avance dans le secret des cabinets ministériels : cet effet « grand-messe gouvernementale » dévaste régulièrement la conférence de la famille.
On sait déjà, en revanche, que 2008 ne sera pas l’année de l’amélioration du pouvoir d’achat des personnes handicapées : l’entrée en vigueur des nouvelles franchises médicales amputera davantage leurs ressources, les allocations et prestations devraient tout juste suivre l’inflation et la revalorisation de 25 % promise par le candidat (et rappelée par le Président) Nicolas Sarkozy ne figure pas dans le budget de l’État. Rien d’étonnant : les promesses n’engagent que ceux qui y croient… Mais ce qui sera bel et bien à l’ordre du jour, c’est une campagne de détection des fraudes réelles ou générées par l’iniquité des modalités de calcul des dites allocations (prise en compte des ressources du conjoint, cumul ridiculement bas avec un salaire), accompagnée d’un « flicage » des allocataires grâce à une déclaration unique des revenus concernés et au croisement des fichiers informatiques du fisc, de la Sécurité Sociale et des Caisses d’Allocations Familiales.
Enfin, 2008 sera l’année de la création du risque « dépendance » dont le financement pourrait être mixte, « solidarité nationale » et assurance privée pour une protection à deux vitesses, afin de satisfaire les intérêts des grandes compagnies financières qui lorgnent sur un marché qu’elles estiment particulièrement lucratif. 2008 : encore une année du business triomphant…
Laurent Lejard, janvier 2008.