On ne peut répertorier, tant ils sont variés, les services et actions de portage de produits culturels à domicile. De nombreuses villes, bibliothèques, médiathèques, associations, proposent aux personnes handicapées ou âgées en perte d’autonomie de leur apporter chez elles les ouvrages qu’elles souhaitent lire, entendre ou voir. Il existe également des services d’accompagnement, assurés par des associations, pour que ce même public puisse se rendre au spectacle, au cinéma, au musée. Hélas, ces actions sont généralement dispersées entre plusieurs acteurs et la création à Paris d’une Cellule d’assistance et de services culturels à domicile (Cascad) a permis de regrouper dans une seule structure et organisation l’ensemble des besoins d’accessibilité culturelle.

La première Cascad a été créée en octobre 2006, après sept années de gestation; son concept est apparu lors d’études conduites par l’association Cemaforre pour le ministère de l’emploi, dans les années 1999 à 2002. Le besoin d’élaborer une politique culturelle visant les personnes handicapées sur un territoire donné fut mis en évidence. Quelques années et études complémentaires plus tard, c’est dans l’arrondissement parisien du siège social de Cemaforre (le 20e) qu’était créée la première Cascad. Elle intègre le portage d’ouvrages, l’accès aux pratiques culturelles à domicile (cours de dessin, peinture, musique avec les adaptations et équipements utiles en fonction du handicap de la personne), l’accompagnement dans les lieux de spectacles ou culturels, le conseil en matière d’accessibilité et d’accueil des publics handicapés à destination des établissements culturels. Pour les usagers, les services sont gratuits, les surcoûts liés au handicap étant pris en charge : Cascad recherche les possibilités de financement de ces surcoûts, déchargeant l’usager de démarches souvent complexes et fastidieuses.

D’autant que le département de Paris, via sa Maison Départementale des Personnes Handicapées, accepte de financer au titre de la prestation de compensation du handicap des sorties culturelles, affirme Pénélope Komites, adjointe chargée des personnes handicapées auprès du maire de Paris et présidente de la M.D.P.H. C’est d’ailleurs dans son arrondissement électif, le 12e, que la seconde Cascad a été créée : « Quand on a décidé de créer une Cascad dans un second arrondissement, il était difficile de ne pas prendre le mien ! » affirme-t-elle.

« L’action est très positive, constate Stéphane von Gastrow, conseiller municipal du 20e arrondissement, elle a apporté un ‘plus’ très net à la vie des personnes handicapées de l’arrondissement. Des usagers sont très actifs, d’autres moins. Cascad veut redonner le goût de sortir, de se cultiver ». Ce qui oblige à affronter l’obstacle financier, la plupart des personnes handicapées ou âgées dépendantes ayant de faibles revenus qui limitent leur capacité de payer des places souvent coûteuses dans les salles de concert, de comédie musicale ou d’opéra notamment. « On a bien ressenti l’obstacle financier, poursuit Stéphane von Gastrow, tout en gardant à l’esprit le principe d’égalité devant la culture. Le prestataire [Cemaforre NDLR] doit négocier des tarifs particuliers pour le spectateur et son accompagnateur. C’est également un droit à faire valoir auprès de la M.D.P.H ».

Les actions mises en place dépendent étroitement de la demande des personnes handicapées. L’une d’elles, âgée, a voulu organiser du théâtre en appartement, et un spectacle a été représenté chez elle en octobre 2007, avec ses voisins comme public. « La demande porte surtout sur le conte, précise Samuel d’Aboville, coordinateur des Cascad. Pour cela, on travaille avec des compagnies théâtrales locales ». En attendant que la Cinémathèque Française, partenaire Cascad, joue un rôle actif, le cinéma à domicile pourrait bien être initié par un collectif de jeunes réalisateurs qui souhaitent diffuser directement ses créations auprès du public. Quant aux sorties culturelles, elles représentent environ les deux tiers des demandes et concernent les établissements parisiens, et quelquefois franciliens, le domaine de Versailles notamment. C’est dans le champ de l’ingénierie et du conseil en accessibilité culturelle que le bilan de Cascad apparaît limité, faute de réelle demande de la part des professionnels et des établissements potentiellement concernés; nul doute que l’échéance de l’accessibilité à tous pour tous, le 12 février 2015, agisse sur les mentalités ambiantes et rendent plus que nécessaire l’extension de cet outil intégré d’accès à la culture pour tous que sont les Cascad.

Laurent Lejard, janvier 2008.


Renseignements : Samuel d’Aboville, coordinateur des Cascad, 115 rue de Ménilmontant, 75020 Paris. Tél. 01 47 97 87 26, Fax : 01 47 97 87 26.

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