« Le rafting est ouvert à tous ! proclame Gaël Bertolini, de Nunayak Rafting. Il a la capacité de s’adapter aux personnes handicapées, le chef du bateau et ses équipiers formant une micro société qui dure le temps d’une descente de rivière ». Gaël Bertolini a lancé à Samoëns (Savoie), sur le Giffre, son activité de rafting adapté en collaborant étroitement avec son frère, employé dans un établissement suisse spécialisé qui accueille des personnes polyhandicapés ou lourdement handicapées motrices. « Avec elles, explique-t-il, nous effectuons le même parcours qu’avec d’autres, en supprimant seulement un passage difficile. Les personnes les plus lourdement handicapées sont assises au fond du bateau, on prévoit un encadrant pour chaque participant ». Le Giffre ayant un débit important, les embarcations ont un fond gonflable qui se prête à l’accueil de personnes lourdement handicapées, ce qui n’est pas possible sur des rivières dont le niveau d’eau est plus bas. Généralement, une descente de rivière dure une trentaine de minutes, auxquelles il faut ajouter le temps de préparation et d’habillement : l’eau est toujours froide, entre 5 et 10°, combinaison et chaussons indispensables sont fournis pour éviter une hypothermie liée à l’eau froide, gilet de survie et casque sont obligatoires. Selon le degré de handicap, les descendeurs participent à la manoeuvre avec une pagaie courte.
En fonction du souhait des participants, le rafting peut consister en une descente paisible de rivière ou en un exercice plus sportif. Dans ce cas, l’organisateur tient compte des aptitudes physiques des participants pour évaluer le degré de difficulté acceptable pour une sécurité optimale, tout en procurant le plaisir et les sensations souhaitées. Dans les Hautes-Pyrénées, Ecolorado accueille essentiellement deux types de publics handicapés. Pour les personnes handicapées mentales, le parcours est réduit à 8 km au lieu de 12, ce qui élimine quelques passages un peu difficiles : « On sait que des personnes ne savent pas nager, explique Roberto Larrieux, d’Ecolorado, alors on prévoit un éducateur plus un animateur sportif breveté pour cinq personnes handicapées mentales ». Les équipiers s’assoient sur le rebord de l’embarcation, leurs pieds étant maintenus par des foot-straps. « Certains participants sont très contents, d’autres s’inquiètent, il faut rassurer, mettre dans un cadre de confiance, maîtriser l’appréhension du bateau ». Pour les personnes handicapées motrices ou déficientes visuelles, la sécurité est renforcée par l’ajout de lignes de vie supplémentaires. Les paraplégiques et tétraplégiques qui ne peuvent s’asseoir sur le rebord sont installés au fond de l’embarcation.
Rivières plus calme dans l’Aveyron, territoire de Roc et Canyon basé à Millau. « On adapte le parcours en fonction des publics, précise Emmanuel Barre, directeur. Les rivières sont assez basses, on utilise des bateaux à fond en toile tendue, on ne peut y asseoir personne, ce qui fait que nous ne pouvons accueillir des personnes paraplégiques ou tétraplégiques. Pour elles, on propose des descentes sur air-boat biplace conduit par un moniteur ». À la différence des régions montagneuses, le rafting est ici praticable en toute saison, la température de l’eau variant de 10 à 18°; combinaison, gilet, casque sont nécessaire et fournis. Pour que chacun puisse trouver le rafting qui lui convienne…
Jacques Vernes, mars 2008.