Didier Faivre d’Arcier était encore très en colère, ce 7 février 2007 : la Maison Départementale des Personnes Handicapées du Var avait, selon lui, été inaugurée en catimini, après une commission exécutive bâclée. Arrivant trop tard pour manifester publiquement sa désapprobation, les « officiels » étant déjà partis, il décida de tenter, avec d’autres personnes handicapées, d’informer directement de leurs conditions de vie Nicolas Sarkozy, en meeting à Toulon, et d’autres dirigeants de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP). Mais seul Didier Faivre d’Arcier pu entrer dans la salle du meeting, grâce à sa carte de militant UMP. Une carte qui est un « effet collatéral » à son adhésion au club Debout la République créé et animé par Nicolas Dupont-Aignan, candidat à l’investiture UMP pour l’élection présidentielle avant de quitter ce parti quelques jours avant l’adoubement de Nicolas Sarkozy : « Parmi les candidats aux élections présidentielles, Nicolas Dupont-Aignan m’apparaissait intéressant, souverainiste, opposé à la Constitution européenne. Mais quand on rejoint son club, on devient également membre de l’UMP. Je recevais à la fois les plaquettes et documents du club et du parti ». Une formation à laquelle Didier Faivre d’Arcier a apporté son aide, notamment lors d’élections en étant assesseur dans son bureau de vote.
« Lors du meeting de Toulon, au bout de vingt minutes, j’ai compris que je n’aborderais personne. J’allais partir lorsqu’un caméraman m’a sollicité pour me filmer. Je lui ai expliqué l’affaire de l’inauguration de la MDPH, discutant avec José Frêches, l’un des conseillers en communication de Nicolas Sarkozy, et une interview s’est enclenchée naturellement, durant laquelle j’ai expliqué mon parcours professionnel, l’autonomie des personnes handicapées. J’ai un peu trop parlé de Nicolas Sarkozy, pris par l’enthousiasme du meeting, les cris permanents de la foule ». Ce passage médiatisé lui a valu quelques remontrances de la part d’administrateurs de l’Association des Paralysés de France. « Alors que je suis également allé chez les radicaux, de gauche comme de droite, pour défendre les personnes handicapées. J’ai fait ce que j’ai pu dans une ambiance assez torride ».
Didier Faivre d’Arcier, ancien militaire puis enseignant, tétraplégique depuis 1993, est devenu administrateur de l’APF après avoir constaté les faibles retombées médiatiques de la manifestation qui rassembla à Paris, le 29 mai 1999, 25.000 personnes selon l’APF et l’AFM. « Je me suis interrogé sur les moyens engagés pour communiquer, et me suis adressé aux délégations de l’APF pour le déplorer. Le siège national n’a pas réagi mais cela a contribué à mon élection au Conseil d’Administration, sur un programme ‘l’APF ne doit pas être le handicap des handicapés ». Et en septembre 1999, Didier Faivre d’Arcier découvre le siège national de l’association, sa complexité, la diversité des établissements qu’elle gère, la masse des personnels. « On m’a fait comprendre que les actions de protestation n’étaient pas dans la pratique de l’APF, qui privilégie la négociation. J’ai appris à connaître l’association, son réseau ».
Didier Faivre d’Arcier partage son temps entre son activité professionnelle d’écrivain public et journaliste pigiste, et l’action militante pour l’APF. « Dans le Var, je voulais monter mon affaire d’écrivain public et j’ai repris des études universitaires. Je voulais réaliser des biographies familiales, des livres sur commande. Mais on m’a obligé à passer par le parcours handicap, je devais dépendre des Fondations et de l’Agefiph ». Toutes les trois semaines, il se rend à Paris pour le conseil d’administration de l’APF et des réunions de commissions. Une association au sein de laquelle il s’efforce d’agir au plus près des personnes handicapées, tout en critiquant ses dirigeants élus ou permanents. « Les personnes handicapées que je rencontre sont impatientes, la loi leur a été mal expliquée; dans les établissements il n’y a plus d’assistantes sociales et les résidents ne sont pas informés ». Des personnes dont il partage le sort peu enviable, en devant se contenter des 620€ mensuels que lui octroie généreusement la solidarité nationale; mais il espère parvenir à convaincre les hommes politiques, en cette période électorale, que les salariés handicapés doivent avoir les mêmes droits que les salariés valides.
Laurent Lejard, janvier 2007.
L’intégralité de l’interview de Didier Faivre d’Arcier lors du meeting U.M.P de Toulon peut être visionnée en français et, assez curieusement en… chinois !
PS : Didier Faivre d’Arcier est décédé en février 2014.