Le candidat Nicolas Sarkozy ne s’était que très peu exprimé sur la politique qu’il souhaitait impulser en direction des personnes handicapées. Tout juste savait-on que l’Allocation Adulte Handicapé augmenterait de 25%, que les allocataires seraient encouragés à travailler au moyen d’un nouveau Revenu de Solidarité Active cumulable avec un salaire, que le quota d’emploi obligatoire de 6% serait maintenu, qu’un droit opposable à la scolarisation serait instauré. La présence du Président Nicolas Sarkozy lors du 47e Congrès national de l’UNAPEI (Union Nationale des Associations de Parents et Amis de Personnes Handicapées Mentales) était en conséquence attendue par tous les acteurs du monde du handicap, afin de connaître les intentions réelles de l’homme qui va conduire durant 5 ans la politique de la Nation.
On constate tout d’abord que la tonalité de son discours est empreinte de la commisération habituelle à la plupart des hommes politiques, en témoignent les mots « courage », « combat », « lutte de tous les jours », « lourd fardeau personnel », « leçon de dignité et de fierté ». Pour le Président, les personnes handicapées sont un exemple pour la société, et le handicap apparaît constituer une lourde charge à porter avec courage par les familles et les bénévoles, ceux-là même qui ont pallié au fil des ans « les carences publiques », « pris en charge ce problème, alors [qu’ils avaient] déjà à porter un lourd fardeau personnel ». Pour les récompenser, Nicolas Sarkozy annonce vouloir offrir « des avantages concrets à ceux qui donnent de leur temps à la société dans les associations ». Il considère que le handicap « doit être considéré comme une réalité ordinaire de la vie » et « doit être pris en compte à chaque fois qu’une initiative est prise ». Parmi ses intentions, on relève l’accès à la culture, la scolarisation avec les autres élèves « pour apprendre à nos enfants les vraies valeurs de l’existence », un meilleur accès aux établissements d’enseignement supérieur, un renforcement des efforts de formation, la réalisation du quota de 6% de travailleurs handicapés dans la fonction publique d’Etat, la création d’un supplément de revenu pour les allocataires qui travaillent, la revalorisation du montant de l’Allocation Adulte Handicapé.
Le Président de la République affirme qu’il « n’y aura pas de moratoire dans l’application [des] dispositions » de la loi du 11 février 2005 et que « l’accessibilité des transports et des bâtiments publics aux personnes handicapées sera donc une priorité absolue », que « chaque préfet devra donc établir avant la fin de l’année, avec l’ensemble des parties concernées, un plan d’action pour l’accessibilité assorti d’un calendrier de mise en œuvre ». Le ministre en charge des personnes handicapées, Xavier Bertrand, devra créer une cinquième branche de la protection sociale pour prendre en charge la dépendance, et « lancer un nouveau plan de création de places et de développement de l’accueil pour personnes handicapées sur cinq ans ». Nicolas Sarkozy conclut son propos par : « Ce que j’ai dit, je le ferai ».
Voilà qui est bien dit, mais n’est pas fait. Parce que le projet de loi relatif à l’extension du Revenu de Solidarité Active qui sera débattu au Parlement dans les prochaines semaines ne concernera pas les bénéficiaires de l’A.A.H. Parce que le ministère en charge des personnes handicapées observe le plus profond mutisme lorsqu’on lui demande quand cette A.A.H sera revalorisée. Enfin, parce que le droit opposable à l’école est inscrit dans les lois de la République depuis… 1882. Les premiers actes ne sont pas au rendez-vous, attendons la suite.
Laurent Lejard, juin 2007.