Les sports d’hiver adaptés en France aux personnes handicapées concernent essentiellement les activités sur neige. Dans ce domaine, l’Hexagone accuse un retard certain sur la Scandinavie et l’Amérique du Nord notamment. Heureusement, quelques initiatives locales devraient amener une structuration de la pratique des sports de glace adaptés, si les amateurs répondent aux actions en cours de déploiement.
Le hockey sur luge. Le hockey sur luge est un sport d’équipe adapté du hockey sur glace; les règlements sportifs sont identiques, de même que la surface de jeu et les buts. La discipline, inventée en Suède dans les années 1960, est paralympique depuis 1994. En hockey sur luge, on joue assis dans une coque, les jambes allongées, l’ensemble reposant sur deux lames. Les compétiteurs sont équipés d’une crosse dans chaque main, dont une extrémité est munie d’un pic qui sert à se déplacer sur la glace; selon l’action, le joueur doit retourner sa crosse pour se propulser ou frapper le palet. Comme le hockey debout, les joueurs de hockey sur luge sont équipés de protections et d’un casque. Ce sport est également praticable sur terrain sec, les lames étant remplacées par des roues de type rollers.
Si les personnes valides sont les bienvenues, le hockey assis est principalement destiné aux personnes handicapées des membres inférieurs. Il est nécessaire d’être en bonne forme physique, ce sport étant exigeant pour le rythme cardiaque; il s’adresse particulièrement aux personnes qui ont une bonne ceinture scapulaire et une musculature puissante dans les bras. « C’est un sport intense, fatigant, explique Line Morinière, présidente de l’association Gliss’in à Cholet (Maine-et-Loire). Il s’adresse à des personnes sportives. Il est répandu dans de nombreux pays, son développement en France démarre tout juste, encouragé par la Fédération Française de Hockey sur Glace (F.F.H.G) ».
Outre Glisseo, la patinoire de Cholet, celle de Chambéry (Savoie) a expérimenté ce sport. Renseignez-vous auprès de la patinoire proche de chez vous pour savoir si un club ou association propose cette activité. Comme tout sport d’équipe, la pratique du hockey passe par un club dont l’adhésion est la seule dépense à la charge du joueur. Le matériel est fourni.
Le fauteuil sur glace. Avec un arceau de maintien placé à l’arrière et un dossier relevé (les modèles récents comportent même un appuie-tête), l’engin de hockey-luge devient un fauteuil sur glace qui permet à des personnes complètement paralysées ou ne disposant pas des moyens physiques qui leur assureraient une propulsion autonome, de profiter des joies de la glisse. L’engin est piloté par un patineur debout, à la manière d’un fauteuil-ski. Que ce soit en hockey ou en fauteuil, la personne handicapée est sanglée dans la coque et ses jambes sur la luge. Outre les patinoires, tout le domaine gelé de pleine nature est accessible; mais avant de s’y aventurer, il est prudent (et même recommandé !) de s’assurer de la solidité de la glace, le poids du patineur, du fauteuil et de son passager étant plus important même s’il est réparti sur une plus vaste surface. Un fauteuil sur glace vaut près de 1.000 €. Quelques associations en sont actuellement équipées, à Cholet et Bordeaux notamment, mais l’information est mal diffusée. Comme pour le hockey, renseignez-vous auprès de la patinoire proche de chez vous pour savoir si un club ou association propose cette activité.
Le curling en fauteuil roulant. Le curling est un sport de cible basé sur un concept très simple : le joueur fait glisser une pierre le long d’une surface glacée et tente de la faire s’arrêter autant que possible au centre de cercles concentriques. L’équipe adverse tentera toutes les stratégies pour empêcher la réalisation de cet objectif. Le jeu exige une grande habileté, de la finesse, de l’endurance, de la stratégie et de la détermination. Le curling en fauteuil roulant est apparu en 2006 aux Jeux Paralympiques de Turin, et le Canada en fut le premier vainqueur, un pays qui a depuis frappé une pièce de monnaie pour honorer cette discipline en devenir. Toutes les personnes handicapées motrices peuvent le pratiquer, pourvu qu’elles disposent d’un peu de mobilité dans les bras; on peut jouer en fauteuil manuel comme électrique. Selon les capacités du joueur, la pierre est poussée à la main ou au moyen d’un bâton extenseur réglable en hauteur. Le curling se joue en équipe de cinq, dont au moins un élément féminin. « Le public a été surpris par l’activité, explique Nadège Marescaux, référent technique au comité départemental handisport de Haute-Savoie. Les participants pensaient que le curling était ennuyeux. Alors qu’ils se sont pris au jeu, à sa stratégie. C’est un sport très sain, basé sur l’habilité, parce que la pierre doit être maîtrisée ». La dépense est limitée à la licence sportive. Actuellement, seule Strasbourg offre une activité régulière (Curling Club Strasbourg Kléber, Jean-Pierre Fregonese, tél. 06 62 91 57 75). Aubagne, dans la banlieue de Marseille, a organisé une présentation en mai dernier mais se heurte à une glace insuffisamment lisse; l’activité devrait être transférée dans une nouvelle patinoire qui doit ouvrir courant 2009. Des projets sont en cours à Valence (Drôme), Besançon (Doubs) et Chamonix (Haute-Savoie). Précurseur en la matière, le club de Viry-Châtillon (Essonne), reprendra certainement cette activité lorsqu’il bénéficiera d’une nouvelle patinoire, la précédente ayant été détruite par un incendie. Coordonnées des clubs sur le site web de la Commission nationale de curling.
Le bobsleigh. Sport de vitesse et de pilotage, le bobsleigh est une discipline qui nécessite une piste spéciale, glacée, étroite, sinueuse, aux virages relevés. On la descend sur un étroit traîneau caréné, le pilotage étant assuré par la gravité et l’action du pilote sur deux ficelles agissant sur des dérives. En France, il n’existe qu’une seule piste olympique, à La Plagne, et la pratique est de ce fait très limitée. Pour les personnes handicapées, seule la pratique loisirs est structurée; elle se décline en deux activités qui procurent des sensations fortes. Tout d’abord, le Bob raft, un engin capitonné, autoguidé et autofreiné qui transporte 4 passagers sans pilote et atteint les 80 km/h. Ensuite, le Bob Taxi : la descente est effectuée avec un pilote professionnel qui dirige un bob de compétition, plus rapide. La taille minimale requise est de 1,30 mètres; toutes les personnes handicapées peuvent pratiquer le bob raft, mais il est prudent de se faire maintenir la tête en place si l’on ne dispose pas de la musculature nécessaire, cela évitera de se cogner en tous sens ! Le Bob Taxi est limité aux paraplégiques ayant une musculature abdominale correcte.
Laurent Lejard, décembre 2007.