Pascal Reynes vit à Nancy depuis trois ans; il a récemment emménagé dans un appartement flambant neuf qu’il occupe avec sa fidèle compagne Noly… chienne d’assistance. De sa terrasse en rez-de-chaussée, il voit le quartier se construire peu à peu. Bientôt un supermarché se dressera de l’autre côté de la rue, un complexe cinématographique a ouvert non loin de chez lui, deux « services » plutôt pratiques quand on se déplace en fauteuil roulant électrique. Mais qu’en est-il du reste de la ville ? Et pourquoi avoir choisi de vivre à Nancy alors que Pascal n’est pas originaire de la région ? « Je suis de la Haute-Saône, qui dépend de l’Académie de Besançon. L’envie de faire des études de psychologie m’est venue bien avant l’obtention du baccalauréat, j’ai pris rapidement des informations sur l’accessibilité de la faculté de lettres de Besançon, les déplacements y sont très difficiles lorsque l’on est en fauteuil roulant ainsi que l’obtention d’aides aux études : preneur de notes pour les cours et secrétaire lors des examens, et également obtention d’un logement accessible. A cause de ces difficultés, j’ai préféré venir étudier à Nancy ». Une ville dans laquelle il envisage de résider après la fin de ses études. « La prise en compte des personnes handicapées à Luxeuil-les-Bains, la petite ville haute-sâonoise d’où je viens, est mince comparée à une ville comme Nancy. Je pense à la Mairie et à La Poste de Luxeuil, aux difficultés d’accès dans la plupart des magasins, à la voirie. Donc oui, je souhaite rester le Nancéen d’adoption que je suis ! ».
Pascal Reynes a trouvé facilement à se loger : « Je viens d’emménager dans mon second logement depuis que je vis à Nancy. L’appartement a été livré en août 2006, mais je me suis intéressé au projet bien avant qu’il aboutisse, ce qui m’a permis de demander des adaptations au propriétaire : carrelage dans toutes les pièces pour faciliter les déplacements en fauteuil roulant, prises et interrupteurs électriques à ma hauteur, largeurs de portes à 90 cm, accès à la terrasse, rehaussement des toilettes déplacées dans la salle de bains pour faciliter mes transferts, installation d’une porte automatique à l’entrée de la résidence. L’agence qui me loue cet appartement a joué le jeu et a fait preuve d’une qualité d’écoute et d’action remarquables, ainsi que d’une sensibilisation au handicap des autres locataires ». Nouvel habitant, Pascal Reynes porte un regard lucide sur sa ville d’adoption: « Ses avantages, la qualité de vie. La municipalité est consciente des difficultés des personnes handicapées et j’ai l’impression qu’elle essaye d’y remédier. Ensuite, la proximité et l’accès des locaux administratifs, commerciaux au centre ville, la voirie, les nombreuses associations et activités. Mais aussi des inconvénients : une voirie et des lieux ouverts au public d’accès moins aisé lorsque l’on quitte le centre ville, le manque de respect des places de parking réservé, les bus ne peuvent pas accueillir des personnes en fauteuil roulant, les quai du tramway qui ne sont pas tous accessibles et l’emplacement handicapé dans le tram, très mal pensé, il est difficile de manoeuvrer et les portes se ferment trop vite ».
Face à ces problèmes de déplacement, Pascal Reynes anticipe : « Je me déplace principalement en fauteuil roulant électrique; il est important de connaître son parcours pour ne pas rencontrer de difficulté (trottoir trop étroit, voitures mal garées, etc.). Pour des distances plus importantes je fais appel au service de transport spécialisé exploité par le GIHP (Groupement pour l’Insertion des personnes Handicapées Physiques). Il dispose de véhicules équipés de rampes d’accès et fonctionne dans toute la communauté urbaine du Grand Nancy. Sinon, je prends le tram. Avec tout cela, oui, je m’y déplace facilement ».
Agnès Donzelle, AMIH, octobre 2006.