Il aura dû attendre longtemps, mais le travail de Jean-Claude Chesneau alias Stanis va pouvoir être diffusé : son premier C.D est en cours d’impression, un récital est programmé dans le cadre du festival Handistars (Carentoir, Morbihan) en juin prochain. S’il a, depuis l’enfance, la passion de la musique, celle du chant ne le travaille que depuis quelques années. La musique, pour lui, c’était la guitare, qu’il « grattait » le soir en famille, jusqu’au plongeon fatal qui le rendit tétraplégique. Il a récupéré une partie de la mobilité des membres supérieurs, mais sa tétraplégie C5/C6 lui a fermé la possibilité de faire carrière dans une époque fertile en tendances musicales, celle des années 1960.
Après hospitalisation et rééducation, Jean-Claude Chesneau a été dirigé vers l’apprentissage de la comptabilité, l’une des rares activités professionnelles alors proposées aux jeunes tétraplégiques. Il n’y trouva pas d’emploi durable et décida de se former à l’électronique en suivant des cours par correspondance. Et l’idée lui vint de créer une entreprise dans le domaine des aides techniques aux personnes handicapées, une société qui compta jusqu’à 18 salariés mais qui périclita en même temps que la santé de son dirigeant. Il avait pourtant initié des programmes de recherche et innovation, dont l’un, en partenariat avec I.B.M, lui fit développer la commande par le souffle d’une machine à écrire. Les matériels élaborés par son entreprise, parfois à l’unité, ont été vendus à des établissements accueillant des personnes handicapées; la curiosité de Jean-Claude Chesneau l’a notamment conduit à employer différemment des systèmes éprouvés dans l’industrie.
Mais c’est la musique qui l’appelait : « A l’hôpital de Garches, le médecin-chef m’avait encouragé à conserver ma guitare, j’en jouais lors des séances d’ergothérapie. Une de mes mains était presque inerte, je grattais comme je pouvais ». Après la mort de sa mère, et pour lui rendre hommage, il décide de se remettre à l’écriture, l’évolution technique lui permettant de composer sur ordinateur : « J’écris des chansons pour les faire partager à d’autres. Au départ, je voulais simplement vendre mes compositions. Puis j’ai décidé de les interpréter, malgré les problèmes de souffle engendrés par la tétraplégie. J’ai pris des cours pour poser ma voix, apprendre à maîtriser ma respiration, ça vient ». Jean-Claude Chesneau estime à une cinquantaine les chansons de son répertoire, et une dizaine celles qu’il apprécie particulièrement. Il s’est produit dans le cadre privé : maisons de retraite, restaurants, réunions d’associations. En pratique, il chante en play-back, la bande musicale étant diffusée depuis un ordinateur portable.
À 61 ans, Jean-Claude Chesneau est à une période charnière de son activité : il a pris comme nom de scène le prénom de son grand-père, Stanis, son premier C.D sortira le 13 mars. Ses titres seront essentiellement diffusés par voie numérique, en téléchargement sur des sites commerciaux : « Je suis dans une phase qui me conduit à monter sur scène, ce qui change le prix de mon spectacle parce qu’il y a des musiciens avec moi. Il faut savoir être patient et valoir le prix que l’on demande ». Un tarif qui reste modique mais doit encore trouver preneur : pour Handistars, par exemple, il ne sera pas payé et se produira avec une bande enregistrée. Mais ce spectacle devant un public sera l’occasion de « faire partager le bonheur que je prends à chanter »…
Laurent Lejard, mars 2006.
Stanis présente ses chansons sur son site Internet, dix titres M.P3 téléchargeables. Stanis Musique, 22 rue Ambroise Paré 85300 Challans. Tél. 02 51 49 19 13.