De nombreuses personnes handicapées motrices ou déficientes visuelles hésitent à effectuer des randonnées en pleine nature, du fait de la fatigue physique engendrée et de l’accessibilité aléatoire des sites. Or, les engins mécaniques genre quad ou 4×4 sont incompatibles avec la préservation des chemins, le calme des milieux naturels et la découverte de la faune. Quand au cheval, il nécessite un apprentissage et n’est pas adapté à tous.
Le recours à un attelage apparait, en fait, constituer un bon compromis et l’âne est un animal idéal à cet usage. « On adapte le fauteuil roulant sur une charrette attelée, explique l’un des animateurs d’Escap’âne, l’accès s’effectue grâce à une rampe, puis le fauteuil roulant est fixé au plancher. On transporte un seul fauteuil roulant manuel ou électrique sur une charrette à deux roues, et deux fauteuils sur une charrette à quatre roues. Des banquettes peuvent être installées sur les charrettes pour les personnes qui préfèrent se transférer ».
Escap’âne propose, dans le Nord, des randonnées pédestres accompagnées avec âne bâté. « L’âne est plus sûr que le cheval. Durant l’année, on reçoit des institutions, des familles. Dans ce cas, on adapte la randonnée, la personne handicapée motrice est transportée sur une charrette et elle paie le même prix, l’attelage dont le châssis est rehaussé, est gratuit. L’attelage permet de se promener comme les autres. Dans le Boulonnais, un paysage de bocage, les chemins sont balisés; beaucoup de clubs organisent des randonnées, de 8 à 30 kilomètres durant la journée, ou par étapes, sur plusieurs jours. L’âne est bienvenu sur les chemins ».
Ce sont des ânes communs qui sont employés, des animaux certes têtus, mais au comportement intelligent : « C’est un animal calme, pas peureux, attachant. Les randonneurs participent aux soins, le brosse, le nourrisse, ils préparent le matériel. On fait également de la médiation avec l’âne, pour établir une relation avec l’animal ». En randonnée, l’âne sert à porter les sacs des marcheurs qui sont ainsi débarrassés d’une charge gênante et fatigante.
Cet animal se prête à d’autres usages ; par exemple, l’association Sherpane propose en Savoie des randonnées alliant fauteuil tout terrain et, dès le printemps 2007, joëlette attelée. L’association travaille en montagne, dans le Parc Naturel Régional de Chartreuse. « On utilise des ânes pour tracter des fauteuils tous terrains, précise Marie Mandrou, animatrice. Arrivés sur les sommets, les fauteuils s’élancent pour une descente sportive ou tranquille, selon les capacités ou les désirs de l’amateur. Nous faisons aussi des promenades avec F.T.T attelé sur terrain plat ».
L’association a lancé cette activité après avoir mis au point un système de largage de l’attelage, similaire à celui qui est employé en ski assis. Elle a expérimenté l’attelage en joëlettes, qui nécessitait là encore un système de largage mais également d’adapter l’équilibrage de l’appareil aux animaux. Cet équipement devrait rendre accessible la randonnée avec âne sur terrains accidentés, sans avoir recours à une escouade de porteurs humains. Sherpane reçoit aussi bien les groupes que les individuels, et pratique l’asinothérapie avec des personnes handicapées mentales ou psychiques. Des activités qui font des ânes un moyen adapté, doux et écologique de déplacement en campagne et montagne des personnes handicapées.
Laurent Lejard, décembre 2006.