Éric Bula a entamé son premier mandat électoral alors qu’il était valide : en 1989, il est élu conseiller municipal de Réquista, bourgade de l’Aveyron peuplée de 2.200 habitants. Un an plus tard, à l’âge de 25 ans, un accident automobile le rend paraplégique : « Cela n’a rien changé à mon action et à la manière dont j’étais perçu, même si des problèmes matériels sont apparus. Le handicap n’a rien changé à ma vision d’un mandat local. Je l’exerce dans ma ville de naissance, celle dans laquelle j’ai suivi ma scolarité et où j’ai toujours vécu, je le fais de façon naturelle. Cet engagement dans la vie politique locale résulte du travail que j’ai mené très jeune au sein d’associations, c’est une suite logique des choses ». Membre du Parti Socialiste par conviction, Éric Bula n’en est cependant pas un militant actif : « C’est un engagement personnel, pas celui d’une liste d’élus. La vie locale n’est pas marquée par les clivages politiques. J’apporte mon expérience à la Commission Handicap du parti, autant qu’elle serve à quelque chose ».
En 2001, Éric Bula est élu Maire, puis il accède à la tête de la communauté de communes du Réquistanais qui administre sept villages comptant au total 5.200 habitants : « On est en milieu rural, Réquista est isolée du reste du monde comme le reste du monde est isolé d’elle ! Le fait d’être élu et handicapé en milieu rural est une particularité; la vision du handicap me semble moins évoluée dans les grandes villes. Faire une pédagogie permanente par rapport au handicap, prouver par l’exemple que l’intégration est réalisable, figure parmi mes missions d’élu : être le premier magistrat de la ville donne encore plus de force à cette action ».
Si quelques propos dépréciatifs d’opposants à la municipalité viennent parfois contredire son action, Éric Bula estime qu’il est perçu comme n’importe quel autre élu « passé un premier moment de surprise au départ ». « Pour les autres élus et les représentants de l’administration, je suis un politique, Maire de Réquista, point final ». La présence sur le terrain d’Éric Bula a conduit nombre de décideurs à améliorer l’accessibilité aux bâtiments publics : « Au début de mon mandat, j’ai rencontré des problèmes qui se règlent au fil du temps. Plusieurs de mes collègues ont rendu leur Mairie accessible. Convié à une réunion à la Préfecture de Rodez, je n’ai pas pu accéder à cause d’une douzaine de marches; j’ai refusé d’entrer et je suis reparti. La Préfète de l’époque m’a appelé le soir- même pour s’excuser et m’assurer que cela changerait. Une rampe a été construite rapidement, qui est désormais utilisée par tout le monde ».
Éric Bula souhaite poursuivre son action politique sur le plan local, il n’envisage pas de carrière politique mais ne dit pas non à une éventuelle évolution vers un autre mandat : « Le temps est le meilleur moyen d’action »…
Laurent Lejard, septembre 2004.
PS : Confronté à des divergences de gouvernance au sein du conseil municipal, Éric Bula a abandonné la vie politique en mars 2014.