Michel Monnain est entré en politique le jour de la dissolution par le Général de Gaulle de l’Assemblée Nationale, le 30 mai 1968. Ce coup de force a eu un effet détonnant sur le jeune salarié. Michel Monnain a adhéré au Parti Communiste Français, auquel il est demeuré fidèle depuis. Il travaillait alors à Nord Aviation, ancêtre de l’Aérospatiale devenue récemment EADS. Il conduisit de pair une intense activité syndicale (à la Confédération Générale du Travail), et politique, militant engagé dans les luttes sociales acérées des années Pompidou et Giscard. Comme il était de règle à l’époque au sein du PCF, il a milité au sein de l’entreprise plutôt que dans sa ville. En 1986, un problème de coagulation sanguine contraint les médecins à l’amputer de ses deux jambes, très au-dessus du genou. Michel Monnain était en train de changer d’activité, il travaillait au sein de l’imprimerie de presse éditant la Vie Ouvrière, hebdomadaire de la C.G.T.
Après l’hôpital, il effectue un long séjour de rééducation à Coubert (Seine et Marne) pour reconquérir son autonomie… et découvrir l’inaccessibilité. « J’ai cherché du travail dès que possible, je ne voulais pas me contenter de ma pension d’invalidité ». Cette dernière assurait à Michel Monnain une vie décente mais le militant politique ne pouvait s’en satisfaire et a repris rapidement une activité et des responsabilités : « Je me suis adressé à la Section de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) où j’ai eu la chance de tomber sur Christian Favier qui m’a proposé de tenir des permanences à la Maison des Communistes. S’il s’est posé des questions sur mon handicap, il les a gardées pour lui ». Dirigeant du PCF local, Christian Favier est actuellement président du Conseil Général du Val de Marne.
Michel Monnain reprend quasiment toutes les activités d’un militant : distribution de tracts, porte à porte dans les immeubles (dotés d’ascenseur !), prises de parole. Seul l’affichage lui échappe… « Au début, les gens étaient surpris; ils vous acceptent en fonction du comportement que vous avez envers eux. Si on veut être reconnu, il faut avoir un comportement d’être humain mais sans profiter de la situation. J’ai décidé d’agir comme n’importe qui. L’action politique y a contribué; je luttais auparavant, ça m’a aidé à me battre et à accepter ma condition d’handicapé ». Ses relations syndicales font le reste : Michel Monnain est embauché à l’Urssaf de Paris en août 1989, qu’il a tout récemment quittée en bénéficiant d’une pré-retraite : « Ma situation vis à vis de l’invalidité m’a semblé invraisemblable. D’un côté, la Sécurité Sociale me versait une pension pour inaptitude au travail et de l’autre je travaillais dans des conditions normales ! ». Rares sont en effet les pensionnés troisième catégorie à pouvoir reprendre une activité professionnelle tout en conservant leur pension. « Le fait d’être un militant m’a fait me considérer avant tout comme un citoyen ». Durant ses « années Urssaf », Michel Monnain a repris une activité syndicale, délégué du personnel durant quelques années. Ce qui l’a quelque peu éloigné de Champigny, militant de nouveau en entreprise.
Regrette-t-il de ne pas avoir accédé à un mandat électif ? « Je n’avais pas d’objectif dans ce domaine, ni le goût du pouvoir, et être élu nécessite également un important investissement personnel. L’acte militant est fait de mille choses, je me suis adapté à la situation ». Michel Monnain voudrait faire entrer le domaine « handicap » dans les débats et la réflexion du Parti Communiste Français et le faire évoluer sur la question. « Très rapidement, j’ai voulu qu’il y ait une réponse politique au handicap, il n’y en avait pas. J’ai rencontré Liliane Ganille, qui a créé au sein du parti une Commission handicap, avec le soutien de Michèle Demessine. L’approche politique doit élever le débat mais quel contenu lui donner ? C’est très compliqué. Pourtant, il faut apporter une réponse politique à la réforme en cours de la loi d’orientation de 1975. Mon souhait est que chaque fédération départementale rencontre les associations et débatte avec elles, que chacun apporte ses arguments ».
Laurent Lejard, mai 2004.