Michel Point a visiblement le rallye automobile dans le sang. C’est en 1996 qu’il a formulé sa première demande de licence de copilote afin de participer à des compétitions de rallye automobile. Il était prêt d’aboutir, en décembre 2003, après moult péripéties et l’obtention d’une licence de conduite en Côte d’Ivoire, la Fédération Française du Sport Automobile lui ayant refusé de lui en délivrer une. Hélas, la toute- puissante Fédération Internationale de l’Automobile, dont le siège « royal » est situé dans un Palais de la place de la Concorde à Paris, a refusé le 22 décembre 2003, huit jours avant le départ du Dakar, d’homologuer la licence de Michel Point. Il ne lui restait que peu de jours pour tenter d’inverser la décision. Malgré ses appels pressants au Ministre des sports et au Président de la République, Michel Point a dû se résoudre à une solution de compromis. Il a embarqué en tant que navigateur sur le véhicule d’assistance de la voiture qu’il envisageait de copiloter. Le navigateur du camion l’a remplacé sur le siège passager de la voiture n° 285.
Le règlement sportif et médical de la F.I.A (téléchargeable au format P.D.F) prévoit pourtant dans ses articles 10 et 11 la délivrance de licences de pilote ou de copilote aux personnes handicapées. Les aveugles sont toutefois exclus de l’octroi d’une licence de navigateur (article 11.1). Interrogé lors de l’étape de Nouakchott (Mauritanie), Michel Point précise : « Le médecin de la F.I.A n’a pas voulu examiner les adaptations qui ont été conçues en étroite collaboration avec l’organisateur, A.S.O. Il a aussi refusé de me mettre en situation afin d’apprécier ma capacité à m’extraire d’une voiture en cas d’accident », préférant opposer un refus pur et simple.
A.S.O a fourni une version informatique du road-book, le livre qui contient tous les paramètres de la route à suivre au moindre virage près; il est lu sur un terminal informatique braille et vocal comportant également un système combinant calcul de la distance parcourue et guidage G.P.S. Ce matériel permet au navigateur d’être pleinement opérationnel selon Michel Point qui détaille ces adaptations sur le site Internet qu’il a créé pour présenter sa participation au Dakar et relater son aventure en temps réel.
A la F.I.A, on se réfugie dans le silence face au vacarme médiatique engendré par la situation; la presse dans son ensemble, nationale, internationale et sportive, s’est fait l’écho de ce qu’il convient d’appeler « l’affaire Michel Point ». A Paris, le Ministre des sports est intervenu auprès des instances fédérales, mais après le départ de la compétition. Des élus du département de Vendée, où est basée l’association support de Michel Point, se mobilisent en sa faveur. Philippe Streiff, tétraplégique et ancien pilote de Formule 1, a tenté sans succès de joindre le président de la F.I.A, Max Mossley; il a promis à Michel Point de mettre en oeuvre ses relations dans le milieu du sport automobile pour obtenir une décision favorable dans le cadre d’une compétition ultérieure. « Le médecin fédéral n’a pas voulu reconnaître son erreur d’appréciation, estime Michel Point, par méconnaissance de la cécité. Quant aux fédérations et instances sportives, elles se sont renvoyé la balle en disant : ce n’est pas moi c’est l’autre ! ».
Michel Point, qui dans le civil est formateur de déficients visuels aux métiers du télémarketing et webmestre, ne s’avoue pas vaincu. Son premier objectif est d’arriver à Dakar, pour mieux repartir lors d’une prochaine édition, en compétiteur cette fois.
Laurent Lejard, Janvier 2004.