Notre visite commence par la capitale, Le Caire, qui embrasse une myriade de cultures et patrimoines: pharaoniques, grecs, romains ou turcs. L’enchanteresse métropole cairote aux mille minarets constitue le centre culturel, intellectuel, religieux, politique, économique et artistique du monde arabe. Le Caire, ce sont aussi des rues offrant un spectacle permanent, un capharnaüm grouillant de dix- huit millions de cairotes où se côtoient les derniers modèles de Mercedes et les charrettes branlantes conduites par des ânes, ou encore les marchands de jasmin ambulants. Le Caire, c’est une mosaïque de constrastes, un nombre infini de microsociétés qui s’entrecroisent et forment un tableau final qui ne peut laisser indifférent. Le Caire exaspère ou séduit sans demi- mesure.
Lorsque l’on prend le temps d’errer au coeur du souk de Khan El Khalili, plus forte encore que l’envie de shopping est le désir de savourer un bon karkadé (boisson typiquement égyptienne à base d’hibiscus) et d’observer tranquillement la vie locale égyptienne : fumeurs de narghilé (localement appelé shisha), joueurs de tawla (jeux de table égyptiens), vendeurs d’encens, ou encore gamins jouant au football et supporters des équipes locales Ahli (pour ceux qui portent un tee- shirt de couleur blanche) ou Zamalek (tee- shirt de couleur rouge). Tous les sens sont en éveil !
L’immense bâtiment couleur brique qui se dresse en plein coeur du centre ville est le Musée Egyptien du Caire. Certes loin d’être organisé et ordonné comme celui de Londres, ce musée réunit cependant la plus vaste collection au monde d’antiquités pharaoniques, de toutes les époques. Malgré un semblant d’organisation thématique, on assiste en réalité à une incroyable pagaille de pièces insolites et absolument fascinantes, bijoux incrustés, momies, statues monumentales, sarcophages, papyrus, et, bien sûr, le fabuleux Trésor de Toutankhamon. Sous l’impulsion personnelle de son directeur Mamdouh Eldematy, les visiteurs aveugles du musée peuvent désormais accéder aux merveilles de l’art antique grâce à l’ouverture d’une section spécialement aménagée où ils peuvent toucher des répliques d’un certain nombre de chefs d’oeuvres, tel le masque d’or de Toutankhamon.
Les deux plus hauts minarets de la ville, s’élevant à plus de 90 mètres appartiennent à la splendide mosquée d’albâtre de l’illustre Méhémet- Ali, considéré comme le fondateur de l’Egypte moderne. Edifiée dans le style Ottoman baroque, elle est considerée comme une jumelle des mosquées d’Istanbul en Turquie. Autour s’étend la Citadelle au dôme d’argent, construite par le Sultan Saladin Ier (en arabe Salah·ad-Din Yusuf) entre 1171 et 1182 et qui fut par la suite la demeure de tous les grands dirigeants d’Egypte jusqu’au début du dix- huitième siècle.
Aux portes du désert se dressent les figures, le symbole et mystère de l’Egypte, qui ont de tous temps fasciné et nourri l’imaginaire. Se tenir aux pieds des Pyramides de Chéops, Chéphren et Mykérinos, sous la garde majestueuse du Sphinx de Gizeh, l’une des sept Merveilles du monde, signifie toujours un moment chargé d’émotion. En effet, comment ne pas se sentir humble devant plus de cinq mille ans d’histoire ?
Cinq mille ans certes, mais cependant pas les plus anciennes en Egypte. La toute première pyramide construite en Egypte est celle du Roi Djoser, érigée en 3100 avant J.C. Elle se trouve à Saqqarah, la plus ancienne nécropole de Memphis, la première Capitale de l’Egypte unifiée (Haute et Basse Egypte) par Ménès, fondateur de l’Egypte de la première Dynastie. Sur le site de Memphis se trouvent la colossale statue de Ramsès II datant de la 19eme dynastie, (entre 1279 et 1213 av J-C) ainsi que le Sphinx d’albâtre, érigé en honneur d’un pharaon inconnu durant la 18eme dynastie (entre 1700 and 1400 av J-C).
Aux portes de la Nubie se trouve Assouan. Tellement différente du reste de l’Egypte, la cité respire pleinement l’Afrique. Une promenade en felouque au moment du coucher du soleil est sûrement l’une des meilleures façons de s’abandonner au calme et à la rêverie. Pour en savoir plus sur le peuple nubien et sa culture, une visite s’impose au Musée Nubien, fondé pour la sauvegarde des monuments et de la culture nubienne. Assouan possède également un immense barrage, l’un des plus importants au monde et première source d’énergie en Egypte.
En suivant le cours du Nil, à 45 Km, on arrive à Kom- Ombo, qui abrite un célèbre Temple dédié aux deux divinités, Haroeris à tête de faucon et Sobek, à tête de crocodile. A mi- chemin entre Assouan et Louxor se situe Edfou dont le Temple ptolémaïque est dédié au dieu- faucon Horus. Louxor, évoquée par le célèbre poète Homère comme « Thèbes aux cents portes », constitue, par sa richesse infinie en tombeaux et temples pharaoniques, le paradis des archéologues du monde entier. Louxor est divisée en deux Vallées. La Vallée Est abrite le somptueux Temple de Louxor, ainsi que le site de Karnak, connu comme le « plus grand musée du monde à ciel ouvert ». La Vallée Ouest en revanche abrite la Vallée des Rois où seules les Tombes de Ramsès III, Sapta et Ramsès IX sont accessibles aux visiteurs handicapés. Aucun véritable problème en revanche quant au Temple d’Hatshepsout. A la Vallée des Reines finalement, les Tombes les plus accessibles sont celles de Thiti et Amon Her Khopersher.
Durant tout ce périple en Haute Egypte, il est préférable de suivre le Nil par la route et loger en hôtel à Assouan et Louxor (les chambres sont adaptées aux fauteuils roulants) car les bateaux de croisière, qui effectuent le même parcours sur le fleuve, manquent vraiment d’accessibilité.
C’est au bord de la Mer Rouge que l’on jouit du contact le plus privilégié avec la nature. El Gouna, loin du tourisme du masse, est une oasis de tranquillité. Cet archipel d’îles entourées de lagunes turquoises se situe au coeur de l’un des plus beaux sites de récifs coralliens de la Mer Rouge. Que ce soit la toute première fois, ou que l’on soit déjà expert en plongée, c’est là la meilleure occasion de tenter en toute sécurité une merveilleuse excursion sous- marine, parmi des eaux peuplées de centaines d’espèces de poissons exotiques et de coraux. Un instructeur spécialisé initie à la plongée, avec tout l’équipement nécessaire et adapté aux besoins spécifiques de chacun. Il explique aussi comment reconnaître les coraux de feux, auxquels mieux vaut éviter de se frotter ! Le complexe touritisque d’El Gouna est le plus moderne et le mieux équipé du pays en matière d’accessibilité.
Alors, à bientôt en Egypte !
Delphine Rassouw, Travel Ways Egypt, juin 2003
Renseignements complémentaires : Au sujet de l’Egypte contemporaine en général, on pourra consulter utilement les pages que lui consacre l’Institut du Monde Arabe. Le site Egypt.edu constitue quant à oui une superbe initiation à la civilisation egyptienne. Egypotologie.com propose en outre une liste de liens en français très bien documentée. Pour des renseignements plus touristiques, l’Office du Tourisme égyptien dispose de nombreuses informations pratiques. Et si vous voulez lire d’autres récits de voyage en Egypte, consultez en priorité les pages de Vincent Di Sanzo ou celles (plus brouillon mais particulièrement riches) de Nicolas Bochinski. Enfin, pour vous laisser guider à travers les terres mythiques d’Egypte et découvrir l’hospitalité, la simplicité et la bonne humeur des égyptiens, vous pouvez prendre contact (en français) avec Travel Ways Egypt, Attia El Sawalhy, Serag Mall Nasr City, Le Caire. Tél: 202 27 39 400/ 500/ 600, Fax: 202 273 00 25.