Devant le « gratin » du handicap français, Élisabeth Guigou (emploi et solidarité), Jacques Bruhnes (tourisme), Marie-Noëlle Lienemann (logement), Marie-George Buffet (jeunesse et sport), Paulette Guinchard-Kunstler (personnes âgées), Catherine Tasca (culture et communication), Jean- Claude Gayssot (équipement, transports et logement) et Ségolène Royal (enfance, famille et personnes handicapées) ont valorisé les actions mises en oeuvre par leur ministères respectifs, annoncé quelques mesures nouvelles et dessiné les perspectives de leur action pour les mois et années qui viennent.
La ministre de l’Emploi et de la Solidarité a affirmé que « le choix de vivre chez soi et à domicile doit pouvoir s’exercer librement ». Après son propos liminaire, elle a annoncé la fusion en une seule des deux sections de la Cotorep afin d’améliorer les prises en charge. Élisabeth Guigou devrait également signer avant la fin du mois de mars le décret qui ouvre aux handicapés dépendants âgés de moins de 60 ans l’accès aux services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), et prévoit d’étendre à l’ensemble des régions, d’ici à la fin de l’année, les Centres d’Information sur la Surdité initié par Dominique Gillot. Jean-Claude Gayssot a voyagé léger pour ce colloque, annonçant une intervention en direction d’Airbus Industrie afin que le constructeur dote en série ses avions d’équipements plus accessibles par les personnes handicapées motrices. Également annoncées, une demande de plan d’adaptation aux besoins des voyageurs handicapés du parc d’autobus existant formulée auprès des groupements professionnels des transporteurs (GART, UTP, STIF, etc.), ainsi qu’une proposition de concertation entre l’Association des Maires de France et le Coliac (Comité de liaison pour l’accessibilité du cadre bâti) pour rendre dans un délai de cinq ans l’espace public urbain plus accessible.
Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication, a tranché en faveur de la demande de nombreuses associations en mettant désormais une condition essentielle au subventionnement de nouveaux lieux culturels : l’accueil de tous les publics handicapés (les autre mesures sont à lire en page Culture). La ministre en charge des personnes handicapées a multiplié les annonces en matière de prise en charge des enfants handicapés : ils devront désormais être accueillis dans les crèches et autres structures de la petite enfance sous peine de suppression ou de remboursement des subventions publiques, leur inscription à l’école est un droit et l’orientation par les Commissions de l’Éducation Spéciale l’exception, la situation des enfants déscolarisés doit être traitée en priorité, un plan Handisup’ est destiné à améliorer l’admission d’étudiants handicapés dans les Universités. Geste symbolique, Ségolène Royal a obtenu de Jack Lang que la Charte Handiscol’ soit affichée dans chaque établissement scolaire.
De gros moyens ont été déployés pour accueillir le colloque : la grande salle de l’Unesco, les débats animés par le journaliste Stéphane Paoli et l’ex- présentateur des Dossiers de l’écran Bertrand Jérome, filmés en continu et retransmis sur grand écran, traduction intégrale en LSF, film d’introduction des thématiques, buffet copieux offert à tous les participants à midi, badges personnalisés, bref une organisation quasiment parfaite et somptueuse. Qui fait regretter que la salle n’ait pas eu davantage la parole, confisquée par les « spécialistes » et politiques participant aux six tables- rondes qui se sont succédées à un rythme d’enfer : quelqu’un aurait peut- être demandé comment les personnes handicapées pourraient profiter d’un cadre urbain et d’activités rendus parfaitement accessibles en ne disposant que des maigres revenus de la Solidarité nationale ou de la Sécurité Sociale… Enfin, on remarquait que le Délégué Interministériel aux Personnes Handicapées, Patrick Ségal, était simple spectateur dans ce colloque, et cela ne semble avoir étonné personne…
Tous ces débats et discours s’inscrivant dans la continuité de l’action gouvernementale laissent une impression surréaliste : il était notamment étonnant d’entendre Ségolène Royal exposer son calendrier de travail des six prochains mois, alors qu’elle ne sera probablement plus ministre dans quelques semaines. Et pour bien marquer ce décalage, au moment même ou les congressistes se séparaient, l’Agence France Presse annonçait à la Nation que le chef du Gouvernement se portait candidat à la Présidence de la République. Quel timing !
Laurent Lejard, février 2002.