Les nombreux rois de France, et les aristocrates qui les servaient, ont fait construire en Val de Loire de nombreux châteaux fortifiés ou d’agrément, parmi lesquels de véritables joyaux architecturaux. Nous avons visité pour vous Blois, Cheverny, Chambord, Chenonceau, Chaumont, Azay-le-Rideau et Amboise…
Blois, c’est quatre styles en un château : le gothique du XIIIe siècle, le gothique flamboyant de l’aile Louis XII, la Renaissance avec l’aile François Ier, le classique pour l’aile Gaston d’Orléans. La Salle des Etats est tout ce qui reste de château médiéval : elle est la plus grande salle civile gothique demeurant en France. Le célèbre escalier de pierre, remarquable d’ornements sculptés était en piteux état au XIXe siècle : Blois a été sauvé d’une lente destruction (désaffecté dès le milieu du XVIIe siècle, il servit ultérieurement de caserne) par Félix Duban, émule de Viollet- le- Duc. Sa restauration de la décoration murale respecterait la polychromie d’origine. Elle restitue une atmosphère sombre dans les différentes pièces, meublées de coffres, de tables et de lits : durant les XVe et XVIe siècles, les rois changeaient fréquemment de résidence, la monarchie était itinérante de même que les meubles et les objets usuels. Tout devait être démontable, transportable dans des coffres- forts aux pênes multiples dont quelques exemplaires remarquables sont présentés ouverts, laissant voir la complexité incroyable de leur serrurerie. Blois a connu un épisode majeur de l’histoire de France, l’assassinat en 1588 du Duc de Guise, fils aîné de François Ier qui revendiquait le trône de France. La salle du meurtre se visite, ses murs sont ornées de tableaux XIXe de style Troubadour contant cette scène historique…
L’accessibilité est mauvaise : les personnes en fauteuil roulant pourront entrer dans la cour en se faisant ouvrir la grille et c’est tout ce qu’elles pourront visiter, avec la Chapelle Saint- Palais. Les autres personnes handicapées bénéficient d’un tarif réduit. L’esplanade du château offre un beau point de vue sur la Loire et la vieille ville. La façade arrière dite des Loges est à contempler à partir du jardin public (accessible) qui surplombe les rues.
Cheverny est un peu une imposture : affirmer sur les guides que ce château est « le plus magnifiquement meublé » est plutôt prétentieux. La plupart des meubles n’ont rien d’exceptionnel, à l’exception d’une commode Louis XIV en marqueterie d’écaille et laiton, splendide. Les peintures sont des copies ou des tableaux d’école. Le seul attrait de ce château construit au début du XVIIe siècle et dont les façades ont été bien conservées et restaurées, est d’avoir été pris pour modèle par Hergé pour dessiner Moulinsart, demeure du capitaine Hadock. Pour le reste, la bâtisse a été aménagée dans le goût du XIXe siècle en conservant quelques éléments peints de décors muraux et se visite en moins d’un quart d’heure : une douzaine de pièces est ouverte au public, soit moins de la moitié du bâtiment. Les personnes en fauteuil roulant bénéficient de la gratuité (les autres personnes handicapées paient plein tarif), mais ne peuvent entrer dans le château sans être portées, d’autant qu’une seule salle se visite au rez- de- chaussée. L’exploitation du château par une société privée fait que tout est à supplément : exposition temporaire, visite du parc en véhicule électrique collectif, promenade en bateau sur le (petit) canal. On peut juste parcourir les allées de terre sablonneuse cernant le château ou conduisant à l’Orangerie. Des places de stationnement réservé mais de trop petites dimensions sont situées à droite de la grille d’entrée. Une visite dont on peut se passer…
Rattrapez-vous avec Chambord et son vaste domaine. C’est le château de François Ier. Vaste, compliqué avec ses innombrables couloirs, percé de centaines de fenêtres, orné de dentelles de pierre, on ne se lasse pas de le contempler et de chercher des détails d’architecture remarquable. Le château est en fait un vaste donjon adossé à une enceinte contenant communs et écuries. Au centre du donjon, un escalier à double révolution (imaginé, dit- on, par Léonard de Vinci) dessert les deux étages et le toit : il est conçu pour que les passants ne s’y croisent jamais. De nombreuses tours lanternes et clochetons dominent les toitures, donnant un caractère tarabiscoté à l’ensemble. Autre décoration remarquable, les plafonds à caisson sculptés du deuxième étage, l’un des lieux de tournage du film Peau d’Âne de Jacques Demy.
Il faut croire que Chambord, véritable château- musée, est toujours en chantier : en cette année 2002, l’entrée du public se fait par un préfabriqué, les écuries sont en travaux. Environ deux cents mètres séparent les places de stationnement réservé de la cour, dont le sol recouvert de gravier très grossier est difficilement roulable. Une rampe donne accès au rez- de- chaussée du donjon: toutes les pièces attenantes sont de plain- pied. Les étages ne sont desservis que par des escaliers. Chambord dépend du Centre des Monuments Nationaux, donc entrée gratuite sur présentation de la carte d’invalidité. Compter trois bonnes heures pour une visite complète. Le parc comporte des sentiers de randonnée qui vous conduiront à travers la forêt, dont une partie abrite encore le domaine des fameuses chasses présidentielles…
Chenonceau. Diane de Poitiers aurait bien voulu continuer à habiter ce « château des Dames » après la mort d’Henri II mais Catherine de Médicis en décida autrement en s’installant à Chenonceau (sans x, pour marquer la différence « royale » par rapport au bourg de Chenonceaux voisin). Le bâtiment est unique en son genre : un donjon lacustre carré prolongé par deux galeries superposées qui enjambent le Cher. Dans leurs piles se trouvent les cuisines, le ravitaillement étant effectué par bateau. Autre pièce remarquable : le fameux « cabinet vert » de Catherine de Médicis, véritable centre politique de la France d’alors. Le château servit d’hôpital durant la première guerre mondiale, certains réaménagements en sont demeurés. Les visiteurs attentifs remarqueront dans les angles des pièces du premier niveau la beauté du carrelage de faïence dont le décor est hélas parti sous les semelles des innombrables touristes qui affluent ici. Le parking des voitures, qui comporte des places réservées, est éloigné du château par une esplanade en terre battue longue de cinq cents bons mètres. Le premier niveau du bâtiment est accessible par des rampes sur les escaliers, les salles sont de plain- pied pour la plupart. L’une d’entre elles comporte un seuil qui nécessite d’être aidé pour passer. Les personnes en fauteuil roulant entrent gratuitement, les autres personnes handicapées bénéficient d’un tarif réduit.
Chassée de Chenonceau, Diane de Poitiers s’installa (temporairement) à Chaumont. Construit sur une terrasse surplombant la Loire, l’édifice avait une forme carrée jusqu’à la démolition de son aile nord. Extérieurement il donne l’impression d’être un château- fort défensif mais, une fois dans la cour, on découvre un château à dimension humaine et de style Renaissance. Chaumont fut habité jusqu’au début du XXe siècle, sa dernière propriétaire étant la princesse Marie- Charlotte de Broglie qui en fut expropriée par l’Etat : la réfection et l’entretien du château l’avait ruinée ! Mobilier et décoration sont dans le goût bourgeois du XIXe siècle et s’avèrent assez décevants.
On entre facilement à Chaumont, en stationnant coté Conservatoire des Jardins (prendre la route qui monte le long du château) et en suivant une allée en terre battue qui traverse le parc. Plusieurs arbres centenaires retiendront votre attention, dont des cèdres monumentaux. Le rez- de- chaussée comporte quelques seuils qui nécessitent d’être aidé, tous n’étant pas dotés de rampe. Chaumont dépend du Centre des Monuments Nationaux, entrée gratuite sur présentation de la carte d’invalidité.
Une pièce d’eau alimentée par l’Indre et un L de pierre sur une île en son centre, voici Azay- le- Rideau, sans doute le plus charmant des châteaux de la région. On y accède par une langue de terre ou un pont de bois. Il fait bon flâner dans les allées du parc pour découvrir toutes les facettes architecturales du bâtiment, regarder et entendre s’écouler l’eau de l’Indre, admirer les arbres anciens provenant de pays lointains. Son fondateur, Gilles Berthelot, financier du roi François Ier, connut une déchéance funeste, accusé de malversations et exécuté en 1527. François Ier donna le domaine à l’un de ses compagnons d’armes dont la famille le conserva et l’habita jusqu’à sa cession, en 1791, à Charles de Biencourt. C’est sa lignée qui nous a laissé Azay dans son état actuel : le dernier marquis, ruiné, vendit le château à l’Etat en 1905.
Il y a une quinzaine de pièces à visiter; elles ont une dimension humaine, proportionnées pour faciliter la vie quotidienne, aux murs tendus de tapisseries (aux couleurs passées et de peu d’intérêt). Azay fut une résidence dont le réaménagement dans le goût bourgeois du XIXe siècle n’a pas laissé de meubles remarquables à l’exception d’un cabinet en poirier noirci avec incrustations sur ivoire gravé de scènes montrant les désastres de la guerre qui vaut d’être admiré en détail. L’entrée du château était en chantier cette année 2002, bâches et échafaudages masquant l’un des principaux attraits architecturaux de la façade : l’escalier. Le sol du parc est en terre battue, on y marche et circule aisément. Les personnes en fauteuil roulant ne pourront entrer au rez- de- chaussée qu’en étant aidées : il est surélevé, quelques marches le desservent. L’étage leur sera inaccessible. Le parc est plaisant, à l’anglaise, de dimensions restreintes. L’église gothique ne se visite pas. Azay dépend du Centre des Monuments Nationaux, entrée gratuite sur présentation de la carte d’invalidité. Un audioguide disponible sera bien utile aux aveugles et malvoyants. Le stationnement se fait sur des parkings éloignés de l’entrée.
Amboise appartient toujours à la famille royale, par l’intermédiaire de la Fondation Saint- Louis présidée par le Comte de Paris. Le site est superbe : un rocher forme une terrasse surplombant la Loire, en plein coeur de la ville. Dès l’Antiquité, la position fut fortifiée. Il ne reste que peu de bâtiments de ce qui fut un très gros château, d’abord de défense, puis d’agrément. De style gothique pour moitié et Renaissance pour l’autre, il sera habité jusqu’au milieu du XVIIe siècle, époque après laquelle les destructions commencèrent : il ne reste aujourd’hui que le cinquième des constructions !
On ne visite d’ailleurs guère de pièces à Amboise, tout juste une dizaine. Les pièces du premier étage, meublées dans cet éternel et sinistre goût bourgeois du XIXe siècle, peuvent se passer de visite. En fait, le grand intérêt du site est le panorama sur la ville, les anciens remparts et la Loire. Particularité d’Amboise, une rampe hélicoïdale couverte permettait aux cavaliers d’entrer au château sur leur monture.
L’accessibilité des personnes handicapées motrices, qui bénéficient d’un tarif réduit, est mauvaise: en ville, une longue rampe à larges marches dallées (et glissantes par temps de pluie) conduit à un escalier puis à une autre rampe. Les personnes en fauteuil roulant n’ont guère espoir de pouvoir visiter! La cour et les allées du parc sont couvertes de gravier; vous y trouverez quelques machines conçues par Léonard de Vinci (char d’assaut, planétarium) et des jeux de billes à l’ancienne, auxquels vous pourrez vous amuser. Le stationnement est possible sur des places réservées près de l’entrée du château.
A proximité d’Amboise, sur la route de Chenonceaux, arrêtez- vous à la Pagode de Chanteloup. Construite entre 1775 et 1778, elle est le seul vestige intact du domaine du Duc de Choiseul, démantelé durant les années 1820. Située au coeur d’une clairière, elle borde le canal et le bassin des jeux d’eau. Au nord s’étendaient le jardin et le château, dont rien ne subsiste. On peut admirer le panorama du sommet de la pagode mais les escaliers sont de plus en plus étroit au gré de l’amincissement des étages. Les personnes handicapées peuvent éviter de parcourir l’allée piétonne longue de 500 mètres et accéder en voiture à l’entrée de ce site très romantique; elles bénéficient d’un tarif réduit sur demande. Toutefois, le sol des allées et de l’esplanade, recouverts d’une épaisse couche de gros graviers, est difficilement roulable. Là encore, des jeux en bois « à l’ancienne » devraient faire le bonheur des petits et des grands.
Les châteaux de la Loire sur le web : Nous n’avons rien trouvé d’intéressant concernant Amboise. Azay- le- Rideau est présenté par un passionné. Blois figure sur le site de la municipalité. Chambord vous offre une visite virtuelle et de nombreuses informations sur le domaine. Chaumont est proposé par le Conservatoire des Jardins. Cette présentation de Chenonceau est très détaillée et permet d’en comprendre la construction. Cheverny se visite en quelques images…
Jacques Vernes, septembre 2002.