Monique Bessomo est une Camerounaise à la vie remplie de combats au quotidien et de bonheur d’écriture. Handicapée lorsqu’elle était enfant, fauchée par un véhicule dont le conducteur a fui, elle est à l’origine de la création de la Ligue de solidarité des femmes handicapées du Cameroun (LI.SO.F.HA.C), créée il y a dix ans. Basée dans le village Ekoko II (près de Yaoundé, la capitale du pays), elle accueille prioritairement des femmes handicapées, mais les hommes, les parents et les valides sont également bienvenus. La Ligue milite pour une intégration des femmes handicapées dans la communauté, avec des petits moyens mais une devise : Honnêteté – Entente – Solidarité.
Monique, qui a une formation d’ergothérapeute, a créé le Centre des oeuvres de la Face Sacrée qui comprend une unité de rééducation fonctionnelle, une autre de formation et production et un foyer d’accueil. Femmes, enfants et hommes, qu’ils soient handicapés ou enfants de parents handicapés, sont accueillis, soignés, formés. Des valides démunis sont aussi acceptés, afin qu’ils côtoient des personnes handicapées et soient des porte- parole de l’intégration par l’exemple. Les pensionnaires entretiennent les plantations de patates douces et d’épinards, apprennent la couture ou la broderie et fabriquent robes et ensembles : ce qu’ils produisent est vendu ou consommé sur place. Une éducation civique leur est prodiguée : ils acquièrent des notions d’économie sociale, d’horticulture, de français, de mathématiques et d’organisation coopérative. Les personnes malades bénéficient d’un soutien social et d’une orientation vers de structures de soins.
En relais de ces initiatives, la Ligue gère les cotisations de ses adhérents et les dons collectés afin de les redistribuer sous plusieurs formes: la caisse de secours peut financer des soins médicaux ou aider une veuve, la caisse personnelle octroie des prêts aux membres de la Ligue, la caisse ration sert à faire la fête. On trouve même une cotisation du savon et des allumettes ! Mais c’est dans la poésie que Monique Bessomo aime à traduire sa pensée et ses aspirations, pour elle bien sûr, mais surtout pour l’Afrique qu’elle proclame ainsi :
Mon cher Pays
L’Afrique
Mon cher Pays l’Afrique
De Tunis au Cap
De Gambie en Somalie
Je suis dans mon pays
L’appartenance à toi
M’est attribuée par tes voisines
Alors que chez toi:
« Je suis Camerounaise »!
Pour ta voisine l’Europe:
Je suis Africaine
Pour ta voisine l’Asie:
Je suis Africaine
Pour ta transvoisine l’Amérique:
Je suis Africaine
Cette identité globale
M’honore et j’en suis fière
Vive mon Pays l’Afrique !
L’oeuvre et les écrits de Monique Bessomo sont présentés sur le site Internet des Femmes écrivains et littératures africaines.
Jacques Vernes, novembre 2001.