L’obligation éducative pour tous les enfants et adolescents handicapés a été affirmée dès 1975 avec comme objectif prioritaire, l’intégration en milieu scolaire ordinaire. Cet objectif a été confirmé par la loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989. La mission conjointe des inspections générales de l’éducation nationale et des affaires sociales menée durant la période 1998- 1999 a clairement indiqué le bénéfice que pourraient tirer d’une telle intégration les jeunes handicapés, tant pour leur réussite scolaire que pour leur épanouissement personnel. Cependant les experts ont souligné de nombreuses insuffisances et des disparités géographiques importantes en ce qui concerne leur accueil dans le second degré. Il a donc été décidé de mettre en place, dans chaque Académie, un plan de scolarisation des élèves handicapés dans les collèges et les lycées d’enseignement général ou professionnels. Cette démarche doit être conduite de façon à améliorer significativement, dans les trois ans à venir, les conditions de scolarité de ces élèves.
L’intégration individuelle, chaque fois qu’elle est possible, sera toujours privilégiée. Mais quand les contraintes liées à l’état de santé ou à des déficiences sont trop lourdes pour être prises en compte dans des classes ordinaires, des modalités de scolarisation plus souples et plus diversifiées seront offertes. Désormais, tous les dispositifs collectifs d’intégration sont dénommés Unités Pédagogiques d’Intégration (UPI). Une circulaire parue au Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale le 1er mars en explique le fonctionnement. Les UPI ont été développées à partir de 1995 pour scolariser en collège les enfants présentant un handicap mental. Les nouvelles UPI doivent être créées pour des élèves présentant des déficiences motrices et sensorielles. Elles visent explicitement à éviter une interruption prématurée des activités d’apprentissage et des manifestations de la vie scolaire susceptible d’induire un isolement préjudiciable au développement de leur personnalité.
La mise en place d’une UPI repose sur une démarche concertée avec tous les partenaires impliqués après une analyse précise des besoins réels et des dispositifs existants, suivant une convention révisable chaque année. L’UPI ne doit en aucun cas être considérée comme une « filière », mais bien comme un dispositif ouvert sur et au sein de l’établissement scolaire. L’accueil dans une UPI se fait sur la base d’un projet individuel d’intégration, selon les besoins et les potentialités de l’élève, sous la responsabilité du chef d’établissement d’accueil.
Des décisions politiques étaient attendues par beaucoup afin que les jeunes, quels que soient les besoins éducatifs qu’ils présentent, puissent trouver dans le milieu scolaire ordinaire la possibilité d’apprendre et de grandir avec les autres et préparer leur avenir d’hommes et de femmes libres. Dans quelle mesure les décisions prises répondent- elles aux voeux des parents d’enfants et d’adolescents handicapés, comme aux besoins des professionnels de l’intégration scolaire ?
Un certain nombre de problèmes posés par le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées réuni le 20 avril 1999 ont trouvé des solutions : création d’UPI pour prendre en compte les déficiences sensorielles et motrices, financement de matériels pédagogiques adaptés au bénéfice d’élèves présentant des déficiences sensorielles ou motrices par une circulaire du 5 avril dernier. Tous les textes officiels, lois, décrets, circulaires, sont lisibles sur le site web de l’éducation nationale.
Malgré tout, des questions non encore élucidées représentent des obstacles majeurs à une véritable intégration des élèves handicapés : la place, le rôle, le statut, la formation des auxiliaires d’intégration scolaire (AIS) capables de répondre aux besoins réels des enfants et adolescents en situation de handicap dans le milieu scolaire n’a toujours pas été résolu. La déficience motrice tient une place exceptionnelle dans les questions que posent les familles en détresse à la permanence téléphonique de la cellule d’écoute Handiscol. La puissance publique et ses administrations n’échapperont pas à leurs responsabilités en disant qu’il faut rapporter ces inquiétudes à des questions d’aménagement de locaux, d’accessibilité, d’équipements technologiques plutôt qu’à des difficultés d’intégration. L’exclusion est une réalité de fait pour des centaines d’élèves et, de toute évidence, la solution ne se cache pas derrière des concepts mais plutôt derrière des prises de décisions timorées et des choix budgétaires incompatibles avec la volonté affichée de réduire les inégalités.
Les récentes élections municipales ont entraîné un remaniement ministériel qui autorise quelques espoirs. Madame Ségolène Royal s’était largement investie dans l’intégration scolaire quand elle était ministre déléguée auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargée de l’Enseignement scolaire. Aujourd’hui, le chef du Gouvernement lui a confié le sort des personnes handicapées. Sa pugnacité viendra- t-elle à bout des accrocs qui empêchent ici et là de voir se concrétiser harmonieusement des textes généreux ? Nous sommes obligés de parier sur sa connaissance des dossiers et sur sa conscience des épreuves qu’ils recouvrent…
Pierre Brunelles, mai 2001.