Il y a plus de 42 millions d’animaux de compagnie en France, dont près de 8 millions de chiens! Il s’agit là d’une aide psycho-sociologique de masse, apportée par la présence de l’animal à la personne seule, au couple sans enfant ou – le plus souvent et contrairement à une idée reçue – à la famille avec enfants, voire à la famille nombreuse, et évidemment aux personnes fragilisées (personnes handicapées ou malades ou âgées ou en situation sociale difficile). Concernant ces dernières s’ajoute une véritable assistance technique animale.
Une utilité parfois contestable
Examinons d’abord les deux aides dont l’excessive médiatisation est inversement proportionnelle à l’efficacité : le singe capucin et le dauphin. Il était tentant d’imaginer un singe « quadrumane » tierce personne ! Il s’avère que, États-Unis, Canada et Israël ont interrompu leurs programmes. En France, l’intéressant et expérimental « Programme d’aide simienne en faveur des personnes tétraplégiques » lancé en 1989 s’est déroulé comme prévu jusqu’en 1996. Résultat pratique : trois animaux en service. L’aide simienne – séduisante a priori – ne semble pas devoir être retenue. Le singe n’est pas un animal domestique. Il n’a pas, à l’image du chien, 10.000 ans derrière lui de vie commune avec l’homme!
Le dauphin et les enfants psychotiques
Aucune piste scientifique ne permet actuellement d’envisager que le dauphin disposerait d’un talent particulier en matière thérapeutique. Sophie Donio (Dolphin Reaf à Eilat / Israël) estime que l’essentiel est de provoquer l’émotion chez l’enfant psychotique et ajoute : « cela peut être une fleur, un cheval, un ordinateur, n’importe quoi… ». Nous ajoutons avec elle : pourquoi pas un dauphin ?
Cheval et chien, animaux pluridisciplinaires
Déjà en 1755, dans son Encyclopédie, Diderot traite de la thérapie par l’équitation « considérée comme un exercice qui fait partie de la gymnastique et qui peut être employée utilement pour la conservation de la santé et son rétablissement ». Il s’agit ici de l’influence mécanique exercée de par la position que le cavalier doit adopter (Equithérapie). La relation et le contact avec le cheval peuvent apporter aussi un réel bien être psychologique (Hippothérapie). En matière d’assistance et de sauvetage, le « Roi des animaux » n’est pas le lion… c’est le chien : guide d’aveugle, assistance pour handicapé moteur, « écouteur » pour personne sourde, et aussi sauveteur en avalanches ou en décombres ou en milieu nautique.
Le chien-guide d’aveugle
C’est en 1915 que fut créé, en Allemagne, le premier centre d’éducation de chiens-guides (il s’agissait alors de « recycler » les chiens de guerre). En France, Paul Corteville forme le premier chien en 1951. Actuellement coexistent une dizaine d’écoles éduquant des labradors et des golden retrievers, mais aussi des bergers allemands et autres chiens de race. Le coût de la formation d’un chien est de l’ordre de 15.000 euros (100.000 francs). L’animal – qui reste la propriété de l’école – est remis gratuitement à la personne aveugle.
Le chien d’assistance pour handicapés moteurs
Inspirée d’une méthode née aux États-Unis en 1976, l’éducation du chien d’assistance pour handicapés moteurs est une initiative, en France, de l’Association Nationale pour l’Education de Chiens d’Assistance pour Handicapés (ANECAH). Environ 300 chiens aux « sac à dos et harnais bleu et jaune » ont été remis gracieusement à ce jour. Là aussi, le chien reste la propriété de l’ANECAH.
Le chien d’assistance pour personne sourde
ou chien « écouteur » existe dans les pays anglo-saxons (États-Unis, Angleterre, Australie, Nouvelle- Zélande). En France, le concept n’a que peu trouvé d’applications à ce jour. Le projet de « Wouaf Signes » et de sa sympathique présidente, Sandrine Herman (et sa superbe chienne Honey), animatrice de l’émission TV L’Oeil et la Main, mériterait de trouver les appuis nécessaires.
En matière de sauvetage
en avalanches, l’encombrant et pataud Saint-Bernard a depuis longtemps cédé la place berger allemand qui aurait tendance à être remplacé par le, encore plus léger et plus souple, berger belge malinois. Lesdits bergers allemand et belge sont également le plus souvent utilisés en tant que chien de catastrophes. Quant au chien de sauvetage nautique, le Terre-Neuve a le monopole.
Si, en matière de « thérapie facilitée par l’animal » auprès des personnes malades ou âgées ou en situation sociale difficile, le chien est le meilleur « adjuvant thérapeutique », avec le chat… il ne faut pas oublier les oiseaux, les poissons anti-stress et autres animaux considérés comme de compagnie…
Bernard Belin, décembre 2001.
Bernard Belin, directeur du Comité de Coordination pour l’Action en faveur des Handicapés (CCAH) est l’auteur de l’ouvrage « Animaux au secours du handicap », qui traite aussi de la thérapie facilitée par le végétal par le biais des jardins à caractères sociaux, véritables outils de réinsertion. L’humour n’est pas absent de ce document à caractère scientifique et à implication psycho-pédagogique et médico-sociale (Éditions L’Harmattan).