Ils sont trois à s’être déclarés pour les présidentielles 2007 : Michel Baillif, artisan retraité, Jean-Christophe Parisot, conseiller en communication, et Eric Taffoureau-Millet, artiste de variétés. Ce dernier ayant refusé de répondre à nos questions, seuls Michel Baillif (Président fondateur de la Fédération Nationale de l’Invalidité et de la Retraite, FNIR), et Jean-Christophe Parisot (fondateur et ancien président du Collectif des Démocrates Handicapés qui se présente au titre de la Force Citoyenne et Handicapée) reviennent ici sur le sens de leur engagement.
Question : Vous avez décidé de vous présenter à l’élection présidentielle. Quelles sont les raisons, les motivations de cette décision, alors que vous n’avez que peu de chance de passer l’obstacle des parrainages ?
Michel Baillif : Tout d’abord, ce n’est pas moi qui ai pris cette décision, c’est tout un ensemble, les adhérents de la FNIR et le conseil d’administration m’ont demandé de poser ma candidature afin de défendre le problème des invalides. En un premier temps, pendant leur période d’invalidité et en second au passage à la retraite. N’oublions pas que pour un invalide, il est mis d’office à 60 ans à la retraite pour inaptitude au travail. Il le subit et ne peut le refuser, en aucun cas. Moralement il est déjà très dur d’accepter l’invalidité et c’est encore plus difficile au passage à la retraite, d’accepter le terme « inaptitude au travail ». Etant invalide, moi-même j’ai subi toutes ces étapes et à cela vient s’ajouter la question financière. Une première fois nous sommes pénalisés à la mise en invalidité, notre pension d’invalidité étant calculée sur les 10 meilleures années cotisées, ce qui fait une première chute, ensuite à la mise à la retraite nous subissons la loi Fillon, d’août 2003. Le calcul est fait de la même façon que pour une personne valide, c’est à dire par rapport à l’année de naissance. Je représente également les handicapés car pour leur part ceux qui perçoivent l’allocation adulte handicapé, celle ci passe au 1er janvier 2007 à 80% du SMIC mais arrête d’être versée lors des 60 ans de l’handicapé, ensuite c’est le flou, rien ne remplace actuellement l’AAH. C’est pour cette raison que je représente aussi les handicapés. Quant aux parrainages, les maires des petites et grandes villes ont reçu des consignes de vote, c’est pour ces raisons que je vais m’adresser aux maires de petites communes qui sont en principe, sans étiquette, tout comme moi, apolitique.
Jean-Christophe Parisot : Depuis sa création en 2000, les membres du CDH sont présents à toutes les élections démocratiques (municipales, législatives, régionales, sénatoriales et présidentielles) pour attester que les personnes handicapées sont des acteurs et non d’éternels spectateurs. Ma candidature s’inscrit dans une dynamique citoyenne très forte, soucieuse d’enrichir le débat par de réelles propositions. Il s’agit d’humaniser la France du 21e siècle en portant un autre regard sur les différences.
Question : Quelles sont les idées essentielles de votre programme, et les points sur lesquels vous souhaitez convaincre l’opinion publique, voire les électeurs si vous parvenez au scrutin ?
Michel Baillif : Je suis en train d’étudier le problème de logement surtout du logement social et de l’obligation des communes à mettre en place ces mêmes logements. Bien entendu il sera question de pénaliser fortement toutes communes qui ne se plieraient pas à ce problème et peut être d’aller jusqu’à l’inéligibilité des maires qui ne souhaiteraient pas se plier à cette obligation. Mon programme est basé en un premier temps sur le social. Pendant une période d’invalidité les régimes de base de la sécurité sociale seront à égalité avec le régime ex-Cotorep (maison départementale du handicapé, l’Etat s’étant déchargé de ses responsabilités et a transmis les dossiers aux Conseils Généraux sans pour autant subvenir aux coûts financiers), à savoir 80% du SMIC et non imposable. Les invalides 2e et 3e catégorie sécurité sociale ou autre régime et les handicapés reconnus inaptes au travail percevant l’allocation Adulte Handicapé seront à égalité. En résumé pension invalidité = allocation adulte handicapé, minimum 80% du SMIC non imposable. Pour l’invalide passant à la retraite revenir à la loi antérieure à mai 1983 serait plus favorable, le calcul était beaucoup plus simple, la pension vieillesse ne pouvait pas être inférieure à la pension d’invalidité, dans le cas présent minimum 80% du SMIC, bien entendu le handicapé percevant l’AAH percevra également une pension vieillesse de 80% du SMIC, ce système sera appliqué aux basses retraites. Je mettrai en place un minima de retraite mais bien sûr je fixerai un maxima, l’égalité des chances sera en partie respectée. En appliquant ce système, cela permettra à ces personnes de ne plus se soigner pour la dépression (une grande partie est dépressive conséquence de la loi Fillon dû à un manque de finances) ce qui contribuera à ne pas accentuer le trou de la Sécurité Sociale bien au contraire il sera en régression, le commerce ne s’en portera que mieux, et des emplois seront créés. Sur les fraudes ou fausses déclarations, un programme informatique sera mis en place afin de regrouper toutes les administrations, et mieux corriger et gérer leurs fichiers (impôts, Assedic, ANPE, Sécurité Sociale, Urssaf, Caisse d’Allocations Familiales…), le reste du programme est en cours de délibération avec l’équipe qui m’entoure, celle-ci faisant partie de la fédération que je représente. La pollution, le respect de la planète, la recherche d’énergie non polluante, viendront aussitôt après, je n’oublierai pas l’agriculture, l’éducation nationale (l’orientation interviendra au plus tard à la fin de la 5e avec un examen reconnu et mis en place).
Jean-Christophe Parisot : Contrairement aux petits candidats farfelus ou catégoriels qui ne représentent qu’un « secteur » de l’électorat, je suis le porte-parole de millions d’électeurs de toutes catégories sociales et politiques qui veulent que le handicap devienne un thème prioritaire du débat politique. Notre programme est riche d’idées nouvelles : la création d’un revenu social d’existence indexé sur le coût de la vie, un quota de 4% de journalistes et d’acteurs handicapés sur les chaînes publiques sur le modèle de la B.B.C, l’ouverture du débat sur l’assistance sexuelle, la création de syndicats spécifiques aux travailleurs handicapés, l’handi-parentalité, etc. Aucun autre candidat n’a abordé de façon aussi complète et moderne la question du handicap.
Question : Qu’espérez-vous des « grands » candidats, ceux qui ont la certitude d’accéder à l’élection ? Certains vous semblent-ils déjà sensibles au combat qui est le vôtre, et pourraient-ils porter vos revendications ?
Michel Baillif : Je ne peux répondre dans l’affirmative à cette question. Pour ma part, je vais faire parvenir un courrier aux grands présidentiables, si toutefois je ne passais pas le premier tour. Je souhaite être reçu au nom des invalides, des handicapés et des basses retraites par ces grands candidats, leur exposer mon programme basé principalement sur le social. Je ne cache pas qu’il me faudra des écrits afin de leur faire confiance et pourquoi pas une place dans le ministère. Pour ma part, il n’y a qu’un invalide qui perçoit ce grave problème. Mes adhérents ainsi que leur famille attendent de ma part des consignes de vote. Un petit rappel cela représente entre 4 et 6 millions de bulletins de vote. Je donnerai, le moment venu, mes consignes de vote.
Jean-Christophe Parisot : Nous n’avons aucun droit d’auteur sur nos propositions. Puissent-elles être intégrées par tous les candidats qui souvent n’y connaissent rien en matière de handicap. La plupart sont englués dans une logique de marketing et d’image qui les maintiennent à des années lumières des vraies questions de la vie. Il est encore trop tôt pour identifier les candidats porteurs d’espoir. Pour dire vrai, le handicap, ils n’en ont pas grand chose à faire. C’est une lourde erreur stratégique s’ils veulent l’emporter au second tour. Nous représentons 6% de l’électorat !
Propos recueillis par Laurent Lejard, décembre 2006.