FIPHFP

Couvrant 28 communes et près de 800.000 habitants, Bordeaux Métropole a mis le télétravail en place pour tous les agents administratifs, à leur demande. « Il est intégré à la Direction des Ressources Humaines, explique Eugénie Soulard, Chargée de mission Innovation Sociale. Actuellement, il est proposé une procédure de télétravail pour raison médicale, dérogatoire au dispositif général, on n’y distingue pas les travailleurs handicapés au sein de ce groupe. » Deux télétravaillent depuis leur domicile et deux autres sur des sites de la Métropole dans des bureaux mis à disposition, tout en restant attachés à leur service et à un site précis. Ce télétravail concerne deux journées au plus par semaine, sauf en cas de raison médicale. « L’avis est rendu par notre médecin du travail, poursuit Eugénie Soulard. Chaque télétravailleur gère son organisation, utilise messagerie et téléphone, cette organisation dépend également de l’effectif de leur équipe de travail. » En mode « bureau nomade », le télétravail permet de rencontrer d’autres professionnels, avec des échanges qui ouvrent de nouveaux horizons que ceux du service de rattachement. Pour leur part, les télétravailleurs à domicile bénéficient d’un transfert de leur ligne professionnelle et un ordinateur portable est mis à leur disposition. Cela n’entraine pas de différence côté statut, évolution professionnelle et rémunération, avec en plus un forfait annuel de 60 euros pour frais de travail à domicile.

Gestionnaire commande publique, Anne Eyheramono, 57 ans dont 36 années de carrière essentiellement à la ville de Bègles, télétravaille depuis octobre 2015. A partir de 2011, elle s’est retrouvée multi-handicapée par les séquelles visuelles d’une neuropathie optique, des troubles musculaires résultant d’une myélite générant une nette réduction de son périmètre de marche et une fatigabilité physique accrue, son travail au bureau en devenait pénible. « J’ai appris à connaître mes limites, relate-t-elle, pour ne pas les dépasser parce que cela se paye par la douleur. J’ai vécu deux longs arrêts de travail de trois mois en deux ans, et une perte de confiance en moi alors que j’étais cadre. » Après qu’elle a été reconnue travailleur handicapé par la Maison Départementale des Personnes Handicapées, le médecin du travail a préconisé une poursuite d’activité à temps-plein dont quatre demi-journées en tététravail à domicile avec aménagement de poste, effective en octobre 2015. « Je travaillais à domicile quatre demi-journées par semaine, reprend Anne Eyheramono. La mairie de Bègles a acquis le matériel en étant conseillée et accompagnée par le GIHP et le Sameth, pour choisir la pièce de mon domicile la mieux adaptée à mon poste de travail, avec un écran d’ordinateur et un filtre adéquats, un clavier lumineux, un éclairage étudié. Les mêmes étude et réalisation ont été effectuées dans mon bureau, avec l’installation du logiciel de grossissement Zoomtext. »

Quelques mois plus tard, l’intégration de compétences et d’agents de la Mairie de Bègles au sein de Bordeaux Métropole n’a pas eu d’impact pour Anne Eyheramono. Elle a continué à télétravailler dans les mêmes conditions, et avec le même équipement; cette fusion s’accompagnait d’une mutualisation de moyens : « J’ai fait la demande de télétravail pour raisons médicales auprès de Bordeaux Métropole à l’automne 2016. Elle a été validée en janvier 2017 dès mon intégration au sein de cette collectivité. Tout était déjà en place, le matériel resté à mon domicile puisque les moyens avaient été mutualisés. La Métropole m’a proposé un ordinateur portable, que j’ai décliné parce que je n’en avais pas besoin. Il a simplement fallu reconfigurer l’accès au réseau. » Les jours de travail à domicile sont davantage consacrés à l’étude et la rédaction : « Je suis davantage sur écran quand je travaille à domicile deux jours dans la semaine, poursuit-elle, et au contact du service et des collègues quand je suis à mon bureau du pôle territorial de Pessac, les trois autres jours. Le matin, je salue mes collègues par courriel, et je maintiens la relation par téléphone ou mél. C’est une organisation qui s’est imposée pour un rythme harmonieux, et pour bien savoir ce qui reste au bureau et à la maison. Il est nécessaire que je conserve tous les documents en double, avec une traçabilité constante de leur état au bureau et au domicile. Je tiens un cahier de liaison et un carnet des priorités du jour, je transporte les documents dans une sacoche dédiée. Le lundi, c’est séance d’impression. Le service s’efforce de tenir les réunions de travail quand je suis au bureau. Cette organisation structure l’activité, parce qu’on sait toujours où on en est. »

Elle est créditée de 7 heures 15 de présence pour chaque journée de télétravail : « Le médecin du travail m’a bien précisé de ne pas dépasser mon temps de travail. Ma journée est assujettie à mon ressenti physique. Je m’impose des créneaux et j’effectue les pauses habituelles, je m’habille comme si j’allais au bureau, je ferme les dossiers quand mon mari arrive. » Comme son bureau à domicile est dans une pièce spécifique de la maison, l’activité professionnelle à domicile n’empiète pas sur la sphère privée.

1.200 enseignants travaillent depuis leur domicile pour le CNED

Basé à proximité du Futuroscope de Poitiers (Vienne), le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED) accueille près de 1.200 professeurs qui travaillent à domicile. Ces enseignants, confrontés à une altération de leur état de santé qui les empêche temporairement d’enseigner devant les élèves, ont ainsi sollicité de leur rectorat une affectation sur un poste adapté. Ils exercent chez eux, le temps de cette période particulière, afin de recouvrer la capacité d’assurer la plénitude des fonctions prévues par leur statut particulier ou de préparer une réorientation professionnelle. Ils assurent l’enseignement depuis la primaire jusqu’au lycée, des cours de BTS, licences, masters, de langues, de préparations au concours de recrutement des personnels enseignants, de la fonction publique, des formations professionnelles, etc., avec des missions de tutorat, d’animation de classes virtuelles ou de travaux collaboratifs.

Quand on arrive au CNED, on enseigne toujours, mais différemment, dans un contexte professionnel numérique. « La dématérialisation s’est faite progressivement, il reste marginalement une activité reposant sur des supports papier », précise Isabelle Preud’homme, responsable du programme accessibilité du CNED jusqu’en 2017. Dans le cadre d’une convention avec le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), le CNED équipe depuis 3 ans ces enseignants en poste adapté en prenant en charge la fourniture et l’installation à leur domicile d’un équipement informatique spécifique. Des formations sont également organisées pour son appropriation. A ce jour, 949 enseignants sont ainsi équipés. Une adaptation du poste de travail est aussi parfois nécessaire (fauteuils ergonomiques, mobilier…) et est effectuée par les académies. Pour travailler à domicile dans la sérénité.

Yanous.com en partenariat avec le Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique (FIPHFP), avril 2018.

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