Frédéric Langeois est un militant politique aux convictions très affirmées. Paraplégique aujourd’hui âgé de 43 ans, il est le père d’une fille de 7 ans mais assume son homosexualité. Né en Charente-Maritime, il a suivi des études supérieures de commerce, puis administratives, avant de se spécialiser en sciences politiques, ce qui l’a conduit, lorsqu’il vivait à Paris entre 2006 à 2012, à participer au plus haut-niveau de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), dit-il, à l’élaboration de dispositions destinées à mettre en oeuvre la loi de février 2005. Il a alors côtoyé Xavier Bertrand, Nora Berra, Valérie Létard, et rencontré Nicolas Sarkozy sur le retour en politique duquel il fonde tous ses espoirs militants, bien que ce dernier ait annoncé son intention de supprimer le mariage pour tous.
Frédéric Langeois a également passé quelque temps à la France Forte, courant très à droite de l’UMP dont il a été délégué régional Poitou-Charentes jusqu’au début 2014. Il a rejoint quelques mois l’Union des démocrates et indépendants (UDI) dans laquelle il a soutenu l’un des candidats malheureux à la présidence du parti, ce qui l’a ramené début décembre à l’UMP. Revenu en Charente-Maritime depuis 2013, Frédéric Langeois veut y obtenir son premier mandat électif et sera candidat aux élections départementales des 22 et 29 mars prochains dans le canton de Saint-Porchaire Pont-l’Abbé : « Je me présenterai même si je n’ai pas l’investiture de l’UMP, affirme-t-il. La moyenne d’âge de la population du canton est élevée. Il est ‘avalé’ par la ville de Rochefort, n’est qu’à dix minutes de Saintes. Je me suis déjà investi dans la gestion du canton, pour les loisirs et la scolarité. » L’UMP ayant investi Michel Doublet, ancien sénateur âgé de 75 ans et conseiller général sortant, c’est donc en franc-tireur que Frédéric Langeois devra se soumettre aux suffrages des électeurs.
Frédéric Langeois s’est engagé à droite par conviction, d’abord au Rassemblement Pour la République (RPR) ancêtre de l’actuelle UMP, tout en contestant le clivage habituel : « On n’est pas de gauche pour le social et de droite pour l’argent ! Je trouve que les citoyens n’ont pas de conscience politique, ils votent pour leurs intérêts et parce que c’est pas trop mal. Moi, quand je vote pour quelqu’un, je sais pourquoi, j’ai étudié ses propositions. Il y a beaucoup trop de clivage, même sur le handicap. Je n’appelle plus ce pays une démocratie. Il est de plus en plus mal géré, il n’y a plus de pilote dans l’avion. Aujourd’hui, on n’avance pas. »
Pourtant, s’il estime que le handicap doit réunir tout le monde, n’étant pas de droite ou de gauche, il relève que l’actuel Président de la République, le socialiste François Hollande, a gelé le montant de l’allocation aux adultes handicapés alors que son prédécesseur, l’UMP Nicolas Sarkozy, l’avait revalorisé de 25 %, mais ne peut que constater l’inaction de l’État et des gouvernements de droite dans la concrétisation de l’accessibilité prévue par la loi du 11 février 2005 : « Elle doit être mise en oeuvre, insiste-t-il. La mise en accessibilité doit être financée par l’argent public et l’argent privé. Il faudrait ponctionner la rémunération des ministres et des élus pour financer l’accessibilité. » Un propos quelque peu contradictoire avec l’action et les propositions de son propre parti politique, et sa propre opinion : « Ce n’est pas de cette année, c’est depuis tout le temps, on privilégie les personnes valides ! Quand on pense accessibilité, on voit les fauteuils roulants. Alors qu’elle est utile à tout le monde. Et elle met les gens en sécurité. »
Au quotidien la vie de Frédéric Langeois ne semble guère confortable : « Pour vivre, je perçois une pension d’invalidité complétée par l’Allocation Supplémentaire d’Invalidité : trouver un emploi et le garder est très difficile, on est exclu. » Mais il veut néanmoins en tirer un enseignement : « Être handicapé n’est pas un handicap. Il suffit de se bouger. »
Propos recueillis par Laurent Lejard, janvier 2015.