Comme tous ceux qui sont répartis sur le territoire national, le CIDFF de Vendée agit pour prévenir les violences faites aux femmes et les informe sur leurs droits en matière de retour à l’emploi, d’égalité professionnelle, de parentalité, et promeut l’éducation à la citoyenneté. « Il réalise également des pré-bilans de compétences pour aider au retour à l’emploi et à la formation professionnelle, explique l’une des bénévoles, Josette Maas. Notamment pour des femmes migrantes afin qu’elles puissent travailler, rompre l’isolement, apprendre la langue. Pour cela, le centre travaille en réseau avec des associations et des personnes compétentes. On agit également sur l’égalité professionnelle hommes femmes, qui progresse. On est bien accueillis en entreprise pour faire de la formation auprès des personnels. On propose des jeux de rôle, avec des hommes qui jouent une femme salariée. Les interventions en entreprise peuvent être dérangeantes pour certains salariés. » Cet aspect prévention des stéréotypes sexistes concerne également les jeunes collégiens et lycéens.
Médecin généraliste retraitée, Josette Maas a rejoint le Centre début 2018, avec une longue expérience du combat pour les droits des femmes : « C’est une longue histoire. J’ai des cheveux blancs, 70 ans ! J’ai été atteinte à la jambe droite par la polio en 1953. Ça ne m’a pas créé de difficultés pour suivre des études de médecine et travailler, mais parfois on décidait à ma place pour certaines choses. J’ai été médecin généraliste, je me suis intéressée aux humains. Maintenant que j’ai davantage de temps, je souhaite agir pour les droits des femmes et contre les violences qu’elles subissent et auxquelles je m’intéressais depuis longtemps. » Pendant sa carrière, elle a travaillé dans un centre du Planning Familial où elle effectuait des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Elle avait fait ses études de médecine à Toulouse (Haute-Garonne), puis son internat à l’hôpital de Narbonne (Aude). Mais c’est près de la Roche-sur-Yon, en Vendée, qu’elle s’est installée comme médecin généraliste : « À mon arrivée de terres protestantes plus faciles à vivre, j’ai découvert l’enseignement catholique privé qui reçoit plus de la moitié des élèves, avec de gros lycées, une université, une grande école. Au centre de planification et d’IVG, pendant la période où Philippe de Villiers était le patron du département il y a eu des manifestations anti-IVG dans les couloirs. Depuis, ces tensions se sont apaisées, diluées. »
Autre récente recrue du CIDFF de Vendée, Vincent Delavaud-Chabot s’affirme féministe : « La question m’intéressait beaucoup, le travail effectué est intéressant. Au début, j’étais peu disponible, et l’an dernier j’ai dit oui. » Il travaillait dans la fonction publique, mais des problèmes physiques et psychologiques l’ont poussé vers l’invalidité et une retraite anticipée. Sa sensibilité féministe remonte à l’enfance : « C’est dû à mon vécu, au contact de mes grands-mères vendéennes qui ont mené une vie indépendante, parfois rude, avec un caractère bien trempé pour surmonter les épreuves de la vie. » Ce sont elles qui lui ont donné le goût du tricot, un loisir qu’il pratique toujours et popularise au point d’organiser en novembre dernier un marathon de tricot solidaire : « Avec deux amies, on a créé l’association Fil Love, pour transmettre nos savoirs et créer du lien. Je suis également bénévole à la Cimade, je donne des cours de français aux migrants. Le combat des femmes pour arriver en France n’est pas facile, souvent elles subissent des viols pendant leur exode. Et en France, un autre combat les attend : la demande d’asile, avec beaucoup de refus et l’impossibilité de se poser, qui génère une instabilité. Aujourd’hui, je suis malheureusement habitué à ces circonstances, mais certains vécus peuvent être difficiles à entendre. » Vincent Delavaud-Chabot participe au CIDFF depuis quelques mois : « J’en découvre les différentes actions, en travaillant surtout sur la communication. » S’il a également constaté une certaine détente sur un territoire encore très conservateur, il estime qu’en matière de droits des femmes « on n’est jamais à l’abri d’un retour en arrière : le droit des femmes nécessite d’être toujours en action. »
Propos recueilis par Laurent Lejard, février 2019.