Depuis son ouverture en juillet 2015, la MAM’s Elles et Cie (maison d’assistance maternelle associative) reçoit des petits enfants des environs de Coex, bourg vendéen proche de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. En mêlant valides ou handicapés, une mixité naturellement vécue par les petits et qui fait évoluer leurs parents comme l’expliquaient les assistantes maternelles de la bretonne Bulle de Coton en janvier 2019. Autre région mais même prise en charge et conséquences pour MAM ‘s Elles et Cie, qui compte actuellement deux assistantes maternelles. « Les enfants ne font pas de différence entre eux, c’est une grande richesse, explique l’une, Emmanuelle Terrien. Une fois qu’on leur a expliqué, ils voient un nouveau copain de jeu comme avec n’importe qui. Chaque enfant est particulier, bouge différemment, parle différemment. »
La maison a été conçue accessible, et a reçu des enfants vivant avec des troubles de la vue ou de l’audition, atteint du syndrome de Rett, de Marshall, ou des troubles du comportement. Si la Vendée en compte une cinquantaine, la MAM ‘s Elles et Cie est la seule à accueillir en mixité. « Pour les accueils, reprend Emmanuelle Terrien, on échange avec les parents sur les besoins de leur enfant afin de l’élaborer, de quatre à cinquante cinq heures par semaine. On ajuste nos plannings, notamment pour les enfants porteurs de handicap. Chaque assistante maternelle essaye de réserver une place pour un enfant en situation de handicap. A chaque fois, on communique auprès des autres parents avec l’accord des parents de l’enfant handicapé. »
Cet accueil en mixité au sein d’une petite structure de proximité s’avère adapté au milieu rural. « C’est ce qui ressort du choix de parents, par rapport à l’échange entre les enfants, ajoute Hélène Filiatre, l’autre assistante maternelle de MAM ‘s Elles et Cie. Et le besoin d’être en micro collectivité, c’est un choix par rapport à l’ouverture d’esprit, des valeurs importantes pour les parents pour leurs enfants. » Une approche qui se développe en parallèle avec les crèches qui commencent à accueillir en mixité depuis quelques années. « Elever les enfants en apprenant à vivre ensemble, je pense que c’est réalisable partout, reprend Emmanuelle Terrien. Beaucoup de choses sont faites dans les Centres d’Action Médico-Sociale Précoce, il y a une vraie volonté depuis la loi de 2002 de travailler l’intégration. On a voulu créer notre maison d’assistance maternelle pour que les parents soient informés de solutions de soutien et de répit, que les parents poursuivent leur vie professionnelle, leurs loisirs habituels, pour faire la différence par rapport aux orientations faites par les médecins. Et sans oublier le côté social. »
Signer pour mieux se comprendre.
Ce souci d’accueillir et éduquer a conduit ces assistantes maternelles a employer la langue des signes pour améliorer la relation entre adultes et tout-petits en formant les familles à son usage. « On fait de la langue des signes dès la petite enfance, c’est inné au bébé, ajoute Hélène Filiatre. Avant qu’il ait accès au langage, il ne peut pas se faire comprendre; quand on signe avec bébé, il intègre la gestuelle et le langage va venir après. On veut réduire les frustrations des bébés et des parents, pour qu’ils se comprennent mieux. » Une démarche engagée par des mamans entendantes, telle Nathanaëlle Bouhier-Charles qui a publié en 2006 la méthode Signe avec moi. « Le signer bébé est issu de la Langue des Signes Française, poursuit Hélène Filiatre. Avec des gestes adaptés pour dire bonjour, merci, papa, maman, gâteau, encore, j’ai soif. Les parents sont enchantés, ils trouvent ça super, leur communication est facilitée. Les parents utilisent les signes, ils trouvent que c’est un moyen de mieux comprendre leur enfant. Si l’enfant demande à faire pipi ou caca, il signe le pot. Ou il signe gâteau pour montrer qu’il a faim, au lieu de manifester jusqu’aux pleurs. Et les enfants qui ont acquis le signe continuent à l’employer en parlant. »
MAM’s Elles et Cie a obtenu le soutien de la mutualité de Vendée qui finance la moitié du coût de la formation assurée par une professionnelle. L’association MAM’s Elles et Cie en couvre une autre partie et il reste à chaque famille 5 euros par séance, quel que soit le nombre de participants : parents, frères et soeurs, tous sont bienvenus. Pour le plus grand bonheur de tous ces bébés élevés dans ce vivre ensemble qui nous est si nécessaire…
Laurent Lejard, novembre 2019.
Pour en savoir plus, Emmanuelle Terrien et Hélène Filiatre répondront à vos demandes par courriel.