FIPHFP

Les 232.000 travailleurs handicapés des trois fonctions publiques n’emploient pas tous des outils numériques, mais nombreux sont ceux qui en utilisent. Parmi eux, des agents en situation de handicap des membres supérieurs, sourds ou malentendants appareillés, aveugles ou fortement malvoyants ont besoin d’un poste informatique ou système téléphonique adapté, de logiciels ou matériels spécifiques pour accéder comme les autres aux outils de gestion et de communication. Si la plupart de ces besoins sont couverts, des failles d’accessibilité demeurent du fait de l’absence de prise en compte lors de la conception de logiciels ou de plateformes Intranet et Internet. Une situation que vit Delphine Harmel, non-voyante, chargée de mission au ministère de la Culture, et qu’elle relatait lors du colloque « Accessibilité numérique : quels impacts sur l’emploi des personnes handicapées » organisé par le FIPHFP à Paris le 13 novembre dernier.

Delphine Harmel réalise son travail administratif au moyen d’outils informatiques adaptés, logiciels et matériels : « Tout a été fait par le biais de la correspondante Handicap et de son équipe qui se sont démenées pour que le poste de travail soit installé et conforme aux besoins d’un agent handicapé visuel, mais il reste des outils difficiles d’accès. » Et d’évoquer des outils interministériels, dont un espace collaboratif partagé avec d’autres agents sensibles aux questions d’accessibilité au travail et qui repose sur une plateforme préformatée : « Elle n’est pas totalement inaccessible, mais c’est compliqué, pas intuitif, ça prend du temps. Il existe un espace un peu indéfini entre les outils accessibles et les outils inaccessibles. C’est ce flou, en fait, qu’il faudrait ensemble qu’on s’efforce de faire régresser pour que le travail d’un agent en situation de handicap soit plus fluide, et du coup plus efficace et satisfaisant. »

Un sujet que relève Denis Boulay, en charge de l’accessibilité numérique à la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France. « C’est toute la difficulté de comprendre ce qu’est l’accessibilité numérique. En 2014, sur 602 sites web publics évalués, 22 avaient remis leur attestation de conformité au RGAA. » Ce Référentiel Général d’Accessibilité pour les Administrations détaille les dispositions à prendre pour rendre pleinement utilisables les services numériques par des agents ou usagers quelles que soient leurs déficiences. La loi pour une République numérique oblige en effet les gestionnaires de sites web publics à informer les usagers de leur conformité aux règles du RGAA, mais très peu l’ont fait, par méconnaissance et aussi parce que les techniques sont en évolution constante. Dans un environnement mouvant, comment agir ? « Un service numérique devient une opportunité quand on a fait le b-a ba, estime Antoine Cao, représentant la Direction interministérielle des systèmes d’information et de communication de l’État (DINSIC). Il ne faut pas attendre la stabilisation normative pour agir. » Antoine Cao travaille actuellement avec le FIPHFP à la mise au point d’une application présentant des solutions existantes et des bonnes pratiques, et veut créer une communauté d’utilisateurs.

« Quand le numérique est accessible, c’est une chance pour tout le monde, assure Nathalie Dross-Lejard, Déléguée aux employeurs publics et aux partenaires nationaux du FIPHFP. Dès qu’on produit un support de communication, le penser accessible est profitable à tous. » Pour stimuler les employeurs publics, elle propose un éventail de solutions, allant de l’audit d’accessibilité à la certification en passant par la formation des équipes. Et elle insiste sur l’intérêt de faire connaitre les solutions, de créer un réseautage pour les diffuser.

Confrontés à des technologies mouvantes, les employeurs publics se doivent de faire le choix de mutualiser leurs efforts d’accessibilité numérique pour adapter l’environnement de travail de leurs agents en situation de handicap et la relation avec les usagers, et ainsi rendre service à tous.

Yanous.com en partenariat avec le Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique (FIPHFP), décembre 2017.

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