Jeudi 30 avril – La perle de la semaine.
Le Groupe de Réflexion et Réseau pour l’Accueil Temporaire des Personnes en situation de Handicap (GRATH) ferme le site SOS Répit. Développé grâce au mécénat, sa base de données Sarah présentait la disponibilité des places et permettait la mise en relation avec les personnes handicapées et leurs familles. « La Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) a été chargée par le gouvernement de mettre en place dans de brefs délais un système équivalent pour le suivi de la disponibilité des places de répit et vous pouvez vous renseigner auprès de cet organisme pour connaitre la date et les modalités à venir de sa mise en oeuvre », justifie le GRATH. CNSA qui n’est pas en mesure de répondre « officiellement » à ces questions, à la différence du directeur du GRATH, Jean-Jacques Olivin : « Nous avions engagé en début d’année des échanges avec la CNSA et avec les éditeurs de Via Trajectoire en vue d’une collaboration pour un transfert d’expertise et pour le maintien de nos services pendant la période de transition, mais la CNSA n’y a pas donné suite. Le modèle économique de SOS répit, mis gratuitement à la disposition des gestionnaires et des proches aidants en recherche de solution, reposait sur les participations aux frais de service de l’application Sarah pour le suivi des orientations dans 3 départements. Le système d’information pour le suivi des orientations ayant été unifié sur la solution Via Trajectoire, nous ne disposons plus de cette ressource et nous ne pouvons plus conserver les professionnels nécessaires au maintien de nos services en ligne. » Le dispositif unifié de suivi des orientations serait opérationnel, au mieux, pour fin 2020. « C’est un énorme gâchis », déplore Jean-Jacques Olivin qui chiffre l’investissement ainsi détruit à près de deux millions d’euros. En attendant le nouveau système intégré, les demandeurs d’accueil temporaire doivent s’adresser directement aux différents prestataires.
Jeudi 30 avril – Administration – Nouvelle arnaque au handicap.
La Maison Départementale des Personnes Handicapées de Paris et le Conseil Départemental de l’Aude alertent les personnes handicapées sur des tentatives d’usurpation d’identité qui leur seraient préjudiciables. « Si une personne se réclamant de la MDPH vous demande, par mail ou par sms, d’envoyer un justificatif d’identité accompagné d‘un selfie, ne répondez pas. Il s’agit d’une pratique frauduleuse », explique le CD de l’Aude. La société Kapersky précise l’objectif des arnaqueurs qui utilisent les coordonnées pour effectuer divers délits financiers en se réfugiant derrière des identités ainsi récupérées. Une autre arnaque au handicap, documents-mdph qui consiste à vendre des formulaires gratuits, est interrompue : l’hébergeur français de ce site web vient tout juste de le suspendre. Le site similaire mdph-info exploité par le même escroc avait également été suspendu le 14 avril (lire plus bas). Par contre, la répression des fraudes pourtant informée de longue date n’a pas répondu à nos demandes d’information sur son action à l’encontre de cette vente délictuelle de formulaires administratifs.
Mercredi 29 avril – Santé/Vie autonome – Les masques sont payants et taxés.
La vente de masques de protection sanitaire dans la grande distribution fait l’objet d’un accord entre la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, et la Fédération du Commerce et de la Distribution. Elle débutera le 4 mai dans l’ensemble des grandes enseignes, sans prix fixes puisque la ministre n’y est pas favorable au motif qu’un « prix maximum risquerait de freiner l’innovation » et « l’objectif est de permettre aux Français de se servir en masques en fonction de leur budget ». Une orientation libérale qui a fortement irrité des parlementaires de l’opposition alors que l’usage de masques de protection sera obligatoire dans les transports à compter du 11 mai, et que les commerçants pourront refuser l’entrée aux clients non masqués. Actuellement disponibles en pharmacie, les masques lavables réutilisables sont vendus de 5 à 15€ pièce, intégralement à la charge des personnes contraintes de payer cher un produit essentiel à leurs déplacements. Rappelons que le Gouvernement avait décidé le 5 mars dernier, face à une envolée des tarifs, une spéculation éhontée et des arnaques, de fixer une fourchette de prix au gel hydroalcoolique. A noter enfin que les acheteurs devront payer la TVA sur ces masques obligatoires : l’État défaillant à protéger la population encaissera quand même près de 3 millions d’euros par tranche de 10 millions de masques vendus au prix moyen de 5 euros…
Mardi 28 avril – Santé/Société – Début de liberté le 11 mai ?
Le Premier ministre, Édouard Philippe, a confirmé devant les 10% de députés autorisés à siéger à l’Assemblée Nationale que la période de fin du confinement à domicile débuterait le 11 mai. Mais à la condition que les données épidémiologiques confirment le 7 mai l’amélioration de la situation sanitaire, ce qui ne laissera pas aux communes le temps de s’organiser compte-tenu du 8 mai férié et du week-end. Il deviendra alors possible de sortir de chez soi sans contrainte dans la limite de 100 kilomètres du domicile. Aucune restriction n’est envisagée à cet égard pour les personnes âgées ou handicapées, de même qu’aucune disposition spécifique puisque le Premier ministre s’est totalement abstenu d’évoquer la situation des personnes handicapées. Un discours pourtant qualifié sur Facebook d’inclusif par la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, ce qui lui vaut une avalanche de réactions de colère. Pour ce qui concerne la reprise du travail, Édouard Philippe « invite toutes les entreprises, quand leurs moyens le leur permettent, à veiller à équiper leurs salariés. » Le Premier ministre dégage ainsi les employeurs de leur obligation légale et jurisprudentielle de résultat en matière de sécurité au travail. Le Gouvernement espère atteindre l’objectif de tester viralement 700.000 personnes par semaine (à peine plus de 1% de la population) avec prise en charge par la Sécurité Sociale. Les contacts des personnes positives seront retracés pour leur demander de s’isoler volontairement le temps de vérifier leur éventuelle contamination. Les grands événements sportifs et culturels restent interdits jusqu’en septembre, particulièrement ceux qui mobilisent au moins 5.000 spectateurs, et les rassemblements dans les espaces publics comme privés sont limités à 10 personnes. Enfin, Édouard Philippe n’a rien annoncé quant à l’organisation du deuxième tour des élections municipales dans les 5.000 communes qui n’ont pas élu leur conseil dès le premier tour organisé le 15 mars dernier.
Lundi 27 avril – Emploi – Forte hausse du chômage.
Le nombre des demandeurs d’emploi a augmenté de plus de 246.000 (+7,01%) à la fin du mois de mars selon les données de la DARES (ministère du travail), marqué par les deux semaines de confinement à domicile. Au total, ils étaient 3.732.500 à rechercher un emploi sans avoir travaillé à temps partiel (catégorie A), soit une hausse de 0,7% pour l’ensemble du 1er trimestre 2020. Une telle aggravation du marché du travail ne s’était pas produite depuis 24 ans. Le non-renouvellement de contrats courts ainsi que la chute des reprises d’emploi sont les causes essentielles de cette dégradation. Paradoxalement, les régions les moins touchées par l’épidémie de coronavirus sont celles qui enregistrent les hausses les plus élevées de demandeurs d’emploi (par exemple, +9,7% en Bretagne contre 6,7% en Grand Est). Les chiffres publiés ne précisent la situation des travailleurs handicapés dans ce contexte.
Dimanche 26 avril – Santé – Bilan de l’épidémie.
Selon les données publiées par Santé Publique France, l’épidémie de coronavirus Covid-19 a infecté dans le monde 2.744.744 personnes depuis le 31 décembre dernier, dont 1.055.755 en Europe. 195.707 malades sont décédés dont 113.900 en Europe. En France, les nouvelles contaminations et hospitalisations poursuivent une baisse enclenchée depuis deux semaines, avec un total de 117.324 personnes infectées : « Depuis le 14 avril, le nombre de cas de Covid-19 hospitalisés diminue. » Le virus a atteint 60.848 pensionnaires de maisons de retraite (EHPAD) et établissements médico-sociaux (24.393 cas confirmés et 36.455 cas possibles), entrainant la mort 7.896 d’entre eux (sur un total de 20.796 décès, soit 38% des victimes). Si 31.907 salariés de ces établissements ont été atteints, le nombre de leurs décès n’est pas répertorié. 10.139 pensionnaires d’EHPAD sont morts, dont 77% dans leur établissement. Sur les 812 usagers d’établissements pour personnes handicapées qui sont ou ont été hospitalisés, 158 sont décédés et 76 autres sont morts au sein de leur établissement. Ce total de 234 est inférieur à celui de la semaine dernière (lire plus bas aux 24 et 19 avril), ce que Santé Publique France justifie par « une sur-déclaration et surestimation des cas cumulés chez les résidents et le personnel depuis le début de la mise en place de la surveillance » entrainant des ajustements réalisés le 20 avril. Les régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Ile-de-France sont les plus affectées par les hospitalisations en réanimation.
Samedi 25 avril – Les initiatives de la semaine.
- Une association d’Auch (Gers) aménage un centre d’accueil pour personnes atteintes par le Covid-19, sans-abri ou hébergées en logement collectif, avec deux studios accessibles.
- La Caisse Nationale d’Allocations Familiales généralise l’envoi par courriel de documents justificatifs scannés ou photographiés afin d’assurer les maintiens de droits.
- La Fédération Française Handisport se lance dans le jeu électronique, le esport.
- L’article 10 d’une ordonnance gouvernementale prolonge l’AEEH pendant deux mois au-delà de la période d’urgence sanitaire pour les jeunes atteignant l’âge limite de 20 ans et dont la demande d’AAH n’a pas été décisionnée.
- Le même article permet de demander à la CAF de prolonger jusqu’à trois mois l’allocation journalière de présence parentale (AJPP) sans avoir à fournir un nouveau certificat médical.
- Les titulaires de l’allocation compensatrice pour tierce personne ou de la majoration pour tierce personne peuvent obtenir des masques de protection pour les personnels d’aide à domicile qu’ils emploient directement.
- Deux avocats lancent un plateforme en ligne de conseil pour contester des contraventions abusives ou infondées pour non-respect du confinement.
- Le CHU de Toulouse (Haute-Garonne) institue un télésuivi des 700 patients dépendants de son Centre régional de référence Maladies Rares SLA et Maladies Neuromusculaires.
Vendredi 24 avril – L’infox de la semaine.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Le Point, la secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, minore de 20% le nombre d’usagers d’établissements pour personnes handicapées décédés du fait du Covid-19 : elle évoque « près de 250 décès » au lieu des 305 recensés au 14 avril dernier par Santé Publique France (lire plus bas au 19 avril). Elle confirme également la mise à l’écart des associations et même des partis politiques du processus décisionnel, ravalés au rôle d’exécutants et de transmetteurs d’information : « Les associations qui représentent les personnes et les familles sont un relais important, notamment d’information et d’innovation pour accompagner les personnes […] Les présidents des groupes parlementaires ont désigné un référent handicap, ce qui permet l’échange d’informations […] Les élus me transmettent des remontées de terrain et je leur fais part des mesures mises en place par le gouvernement. » Lire cet Éditorial.
Vendredi 24 avril – Les ratés de la compensation.
- Les Sourds de Martinique se plaignent des conséquences de l’absence totale d’information en langue des signes au sujet de la crise sanitaire (lire cette enquête).
- Un ESAT de la Manche fabrique des masques en tissu qui, « destinés aux professionnels mobilisés, n’ont pas vocation à protéger du virus mais [juste] pour apporter une première protection, anti-postillons ».
- Tutelle, continuité des soins, tout ne se passe pas comme annoncé pour les familles et les personnes handicapées.
- L’ancienne secrétaire d’État socialiste aux personnes handicapées, Ségolène Neuville, fustige le gouvernement actuel en oubliant que celui auquel elle a participé a contribué à la suppression de 17.500 lits en hôpital réalisée pendant le quinquennat du social-libéral François Hollande.
- Force Ouvrière s’inquiète des conditions aléatoires de retour au travail des salariés handicapés.
- La revue scientifique La Recherche publie une analyse de l’épidémie de coronavirus en fonction des politiques sanitaires des pays touchés, taille en pièces les prévisions catastrophiques initiales reposant sur des modèles mathématiques et s’inquiète des conséquences sur les autres malades.
- Une jeune IMC est menacée de verbalisation par des gendarmes de Pia (Pyrénées-Orientales) qui ont contesté la validité de son attestation de sortie dérogatoire en FALC (lire l’actualité du 29 mars 2020).
Jeudi 23 avril – Surdité/Médias – L’Oeil et la Main spécial Covid.
L’émission l’Oeil et la Main, diffusée sur France 5, consacrera la semaine prochaine un numéro consacré à des personnes sourdes qui relatent leur confinement dans le cadre de l’épidémie de coronavirus. Claire a constaté que des journaux télévisés sont sous-titrés la nuit, ce qui est nouveau : « Au moment de l’attentat du Bataclan [lire l’actualité du 13 novembre 2015] j’avais regardé les infos la nuit et il n’y avait aucun sous-titre ». Josette discute par visio avec une voisine sourde, Rose-Marie, qui habite de l’autre côté de la rue, et l’aide à comprendre la situation. Marie poursuit son travail dans une maison de retraite, malgré le manque de matériel de protection dont les masques. Wallès raconte comment des professionnels de santé lui ont annoncé qu’il n’était pas contaminé : « Ca a été un moment assez dur pour moi […] Ce n’était pas très clair, je n’ai pas pu bien échanger avec eux, ils portaient des masques. » Marianne a été prise d’angoisse à l’hôpital, face à un médecin masqué avec lequel la communication était impossible. Alexandre et Kim ont élaboré un rythme de vie et d’activités avec leurs enfants. Charlotte a accepté l’invitation de sa grand-mère à la rejoindre dans sa maison en province et travaille sur sa thèse tout en assurant ses cours par visio. Au fil des séquences, chacun relate son vécu, expose ses inquiétudes et initiatives face à une situation nouvelle qui conduit les Sourds à s’adapter… jusqu’à fêter un anniversaire en visio ! Covid-19 un jour sans fin, documentaire de l’Oeil et la Main, sera diffusé sur France 5 lundi 27 avril 2020 à 10h10.
Mercredi 22 avril – Santé/Emploi – Pas de reconnaissance en maladie professionnelle.
Les salariés contaminés par le coronavirus Covid-19 devront effectuer une demande de reconnaissance en maladie professionnelle selon la voie de recours devant les commissions spécialisées, a annoncé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, aux députés de la mission d’information sur le coronavirus. Il y a « des maladies professionnelles qui n’existent que dans le monde professionnel, ça c’est facile, mais il y a beaucoup de maladies, c’est le cas du Covid-19, où la contamination peut avoir lieu partout, c’est le droit commun a priori qui s’appliquera », a-t-elle justifié. La veille, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait annoncé à l’Assemblée Nationale que les personnels soignants bénéficieraient d’une reconnaissance automatique en maladie professionnelle. Ce qui ne satisfait pas des syndicats qui demandent que les fonctionnaires et salariés du privé au contact du public puissent bénéficier de cette automaticité. Dans un communiqué, la FNATH et l’ANDEVA (association nationale de défense des victimes de l’amiante et autres maladies professionnelles) « dénoncent le mépris affiché par le Gouvernement avec une indemnisation au rabais pour ceux qui ont risqué jusqu’à leur vie pour assurer à une population confinée une garantie de soin, d’alimentation et de livraison. À cela s’ajoute le tri entre les victimes : le personnel soignant bénéficiera d’une reconnaissance automatique en maladie professionnelle, et les autres, devront engager des procédures longues, coûteuses, et vraisemblablement vouées à l’échec. »
Mercredi 22 avril – La perle de la semaine.
C’est avec la promotion d’un programme australien payant de « parentalité positive » que les secrétaires d’État chargés de l’enfance et des personnes handicapées, Adrien Taquet et Sophie Cluzel, veulent apporter un soutien aux parents d’enfants handicapés confinés à domicile. « Compte tenu des difficultés liées à la période de confinement, justifie leur communiqué, le gouvernement souhaite accompagner les familles en leur permettant d’accéder à des programmes de guidance parentale reconnus internationalement. Il a obtenu la gratuité du programme Triple P jusqu’au 11 mai pour tous les parents qui souhaitent y participer […] Après le 11 mai, les parents déjà inscrits pourront terminer le programme, les autres devront générer un abonnement payant. » Exploité par la société Triple P International Pty Ltd et propriété de l’université du Queensland, le site web Triple P propose en français des conseils pratiques, exercices et tableau de bord parental. Les conditions et coût de l’abonnement sont introuvables…
Mardi 21 avril – Ca nous avait échappé.
Une organisation devait justifier de trois années d’existence pour espérer siéger au Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH), il leur était demandé de justifier ce fonctionnement sur le formulaire de candidature. Une règle qui a volé en éclat avec la nomination le 13 janvier dernier des nouveaux membres qui siègeront pendant trois ans. En effet, l’Association nationale pour la Prise en compte du Handicap dans les Politiques Publiques et privées (APHPP) présidée par le politicien aveugle Matthieu Annereau (ex-Les Républicains rallié à La République En Marche) avait à peine plus de deux ans d’existence légale. Pour sa part, l’Union des associations nationales pour l’inclusion des malentendants et des sourds (Unanimes) venait juste de passer les neuf mois de vie ; créée le 25 mars 2019, cette Union ne publie pas la liste des organisations membres, est domiciliée à la maison des associations de Paris 3e, n’a ni bureaux ni contacts ni site web mais seulement une page Facebook qui laisse une place importante à la communication gouvernementale. Elle a été fondée à l’initiative de Jérémie Boroy, militant socialiste opportunément rallié à l’action gouvernementale ce qui lui a valu d’être nommé à la présidence du CNCPH le 22 octobre 2019 par la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel. Enfin, le lobby Handi-Voice venait juste de passer les sept mois d’âge, il a été créé le 30 mai 2019. Cette organisation, qu’il ne faut pas confondre avec un concours de chant du Sénégal, fait partie d’un groupe qui se déploie dans le secteur de l’autisme pour populariser l’action gouvernementale.
Lundi 20 avril – Institutions/Santé – Visites autorisées en EHPAD et EMS.
Annoncé hier par le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors du point quotidien d’information sur l’épidémie de coronavirus, le droit de visite est rétabli dès aujourd’hui dans les établissement d’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD). Limité à deux parents en même temps, il doit être réalisé sans contact avec le résident concerné, au moyen d’une paroi assurant une séparation stricte. Selon le ministre, près de la moitié de ces établissements a signalé au moins un cas de contamination par le coronavirus. Pour ce qui concerne les établissements médico-sociaux (EMS), le rétablissement du droit de visite est soumis à la mise en place d’un protocole à déployer par les chefs d’établissements « après concertation collégiale avec l’équipe soignante et en particulier les médecins coordonnateurs » et consultation éventuelle du conseil de la vie sociale (CVS).
Dimanche 19 avril – Santé – 305 usagers décédés.
Selon le bilan hebdomadaire de Santé Publique France, 1.405 établissements médico-sociaux (EMS) pour personnes handicapées ont signalé au moins un cas de contamination par le virus Covid-19. Sur les 6.400 usagers infectés, 305 sont décédés dont 143 à l’hôpital. 53% des victimes sont mortes dans leurs établissements de résidence, contre 78% pour les personnes âgées en maisons de retraite. Les raisons qui expliquent le taux élevé de décès en établissements ne sont pas répertoriées. Si le nombre de personnels infectés est évalué à 6.990, aucune donnée de mortalité n’est là encore recensée. Ce bilan repose sur la période du 1er mars au 14 avril. Les données sont contrastées selon les régions : aucun cas d’infection déclaré dans les EMS de Corse et Martinique, 3 en Guadeloupe et aucun mort, 3 décès dans la région Pays de la Loire et Normandie, 6 en Centre-Val-de-Loire (la moitié dans les établissements), 26 dans les Hauts-de-France (4 dans les établissements), 98 en Ile-de-France (29 dans les établissements), 18 en Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes (dont 12 dans les établissements), 1 seul en Nouvelle-Aquitaine, 7 en Bretagne (dont 5 dans les établissements), 2 en Occitanie (dont 1 dans son établissement). Les régions qui ne sont pas mentionnés ne précisent pas les décès en EMS ou les intègrent avec ceux des maisons de retraite (EHPAD).
Samedi 18 avril – Les initiatives de la semaine.
- Une infirmière et trois aides-soignantes décident de rester confinées dans un foyer pour adultes polyhandicapés de Mézières-en-Drouais (Eure-et-Loir) pour s’occuper des huit pensionnaires malades.
- Tout en comptabilisant le 27e féminicide de l’année, le collectif #NousToutes publie un annuaire départemental des dispositifs d’accompagnement des femmes et enfants victimes de violences.
- Diverses initiatives maintiennent un accès aux activités culturelles pour les personnes aveugles ou malvoyantes pendant le confinement.
- Les bikers des United Riders étendent leurs livraisons à domicile à Montluçon (Allier) et ses environs.
- L’héraultaise Angie chante son vécu de l’épidémie, pour elle « Tout résonne« .
- Et les soignants et résidants de la Maison des Isles à Saint Jean de Moirans (Isère) combattent le virus à leur manière dans un clip.
- Un arrêté ministériel autorise les ergothérapeutes et psychomotriciens à reprendre les soins avec leurs clients à condition que ceux-ci soient assistés d’un aidant.
- La ville de Cannes entame la distribution gratuite à la population de 75.000 masques réutilisables.
- L’autrice de BD Fiamma Luzzati propose l’histoire d’une ado qui doit prendre en charge comme elle peut ses parents malades du Covid-19 et sa soeur autiste.
- L’Association du Locked-In Syndrome (ALIS) publie quotidiennement des chroniques du confinement écrites par des personnes concernées.
Vendredi 17 avril – Santé/Parents – Changement d’indemnisation.
Le Gouvernement annonce l’arrêt le 30 avril de l’indemnisation en arrêt maladie et indemnités journalières des salariés qui gardent leur(s) enfant(s) et de ceux considérés vulnérables « présentant un risque accru de développer des formes graves de la maladie […] A partir du 1er mai, les salariés en arrêt de travail pour ces motifs seront placés en activité partielle et percevront une indemnité à hauteur de 70% du salaire brut, soit environ 84% du salaire net. Ces montants seront portés à 100 % du salaire pour les salariés rémunérés au niveau du SMIC. Cette indemnité sera versée au salarié à l’échéance normale de paie par l’entreprise, qui se fera intégralement rembourser par l’État dans les mêmes conditions que le reste de l’activité partielle. » Ce changement est justifié par la réduction automatique à 66% du salaire de l’indemnisation des travailleurs ayant moins de 5 ans d’ancienneté dans l’emploi. Ce transfert évite également aux employeurs de devoir payer un complément aux indemnités journalières.
Vendredi 17 avril – Transports/Santé – L’IDF pose des conditions drastiques.
La présidente du Conseil Régional et d’Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, demande à l’État de prévoir un plan spécifique pour la reprise des transports collectifs à partir du 11 mai, dans le cadre du déconfinement prévu le 11 mai (lire plus bas au 13 avril). « Je veux mettre en garde le gouvernement sur le goulet d’étranglement que constituent les transports dans la Région Île-de-France pour le déconfinement progressif annoncé par le Président de la République, précise-t-elle dans un communiqué. [Elle] ne pourra pas passer de 500.000 voyageurs quotidiens à 5 millions le 11 mai. Il va falloir continuer à limiter un maximum les déplacements en transports en commun pour assurer la sécurité maximale des voyageurs et ainsi éviter la propagation du virus. Plusieurs mesures comme le port du masque obligatoire, le recours aux mobilités alternatives, le lissage des heures de pointe et le télétravail sont impératives. » IDF Mobilités demande le port obligatoire d’un masque avec contrôle et verbalisation des clients y compris par les agents assermentés des opérateurs de transport, fourniture de masques à chaque francilien, le respect de la distanciation sociale par une offre élevée de véhicules, un plan de nettoyage et de désinfection renforcé des matériels roulants et des espaces publics dans les gares et stations de métro. L’organisme ne précise pas s’il demande également aux opérateurs de transport (RATP, SNCF et sociétés d’autobus) de reprendre l’assistance aux voyageurs handicapés et organiser leur accueil en pleine sécurité sanitaire (lire l’actualité du 18 mars 2020).
Vendredi 17 avril – Les ratés de la compensation.
- Pas de chance pour l’unique voiture d’une aire de repos mosellane de l’autoroute A4 « malencontreusement » stationnée sur une place réservée, des gendarmes passaient par là et l’ont verbalisée.
- Les kinés des Yvelines ne répondent pas à l’appel d’un d’entre eux de reprendre les soins à domicile pour les clients handicapés.
- Quatre résidents d’un FAM de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) décèdent du covid-19 alors que les « réserves d’équipements étaient bloqués par l’État pour les hôpitaux qui étaient prioritaires, et on avait pour seule réponse que les protections arriveraient quand elles arriveraient » déplore une infirmière.
- La mère d’un enfant autiste qui le promenait au Lamentin (Martinique) est verbalisée par les gendarmes, conduisant Sophie Cluzel à rappeler à l’ordre les policiers et gendarmes qui sanctionnent des personnes handicapées sans tenir compte de l’élargissement de leurs conditions de sortie du domicile.
- Le Conseil d’État rejette en référé une requête relative aux procédures d’accès aux soins des personnes âgées victimes du Covid-19 (lire ci-dessous au 4 avril), estimant qu’une sélection des malades n’est pas organisée.
- Un kiné sportif aveugle est verbalisé à Wasserbourg (Haut-Rhin) par un gendarme sur le parcours aller lors de son jogging quotidien et pas par un autre gendarme lors de son retour.
- Le président du Conseil Scientifique de lutte contre le Covid-19 estime à 18 millions le nombre de personnes qui devront rester confinées à domicile après le 11 mai (lire plus bas au 13 avril), âgées, en affection longue durée, avec plusieurs pathologies, etc.
Jeudi 16 avril – Loisirs/Éducation – Prairie a perdu ses mots.
Une fillette ne parvient pas à parler parce qu’elle ne trouve pas ses mots. Ils sont perdus dans sa tête, mangés ou envolés tels des oiseaux migrateurs. Elle fait pourtant de gros efforts, à la maison, chez un orthophoniste, en parcourant les chemins. Et finit au détour d’un trèfle à quatre feuilles par les trouver. Cette histoire dessinée et vivement colorée est proposée aux petits enfants par l’artiste pluridisciplinaire Clémence Bajeux, elle-même maman d’une enfant vivant avec d’importants troubles du langage et longtemps laissée en errance diagnostique. Elle a puisé dans son quotidien pour restituer les difficultés vécues par des enfants dans leur communication verbale, en concluant positivement, comme une récompense des efforts accomplis. Prairie a perdu ses mots, par Clémence Bajeux, éditions Books on Demand, 16,00€ imprimé et 6,99€ en Ebook.
Mercredi 15 avril – Social/Santé – Prime pour les soignants et les plus pauvres.
Après que le Président de la République l’a annoncé lundi, le Gouvernement confirme l’attribution d’une prime de 1.500€ aux personnels soignants travaillant dans des établissements hospitaliers de « la trentaine de départements les plus touchés par l’épidémie » de Covid-19, ainsi que ceux d’autres départements « ayant travaillé dans les services COVID+ des 108 hôpitaux de référence ». Les soignants d’hôpitaux et cliniques privées sont également concernés selon des modalités à élaborer avec leurs Fédérations respectives. Il en sera de même pour les personnels de maisons de retraite (EHPAD) et établissements médico-sociaux, après discussions avec les collectivités locales précise le communiqué. Le Gouvernement annonce également le versement automatique vers le 15 mai d’une aide exceptionnelle aux familles qui vivent avec le Revenu de Solidarité Active ou l’Allocation de Solidarité Spécifique, ainsi que celles qui perçoivent une aide personnalisée au logement (APL). Les premières recevront 150€ plus 100€ par enfant à charge, les secondes 100€ si elles ont un enfant à charge plus 100€ pour chaque enfant supplémentaire. Dans un communiqué, le collectif associatif Alerte regrette la faiblesse de ces aides qui laissent également de côté les personnes âgées ou handicapées, les étudiants et travailleurs précaires, toutes populations confrontées aux difficultés alimentaires.
Mardi 14 avril – Droits – L’arnaqueur MDPH sévit à nouveau.
Après que l’hébergeur OVH a suspendu le site web d’arnaque administrative mdph-info (lire l’actualité du 25 février 2020), cette escroquerie refait surface avec un autre nom, documents-mdph. Déjà repérée en novembre 2013, l’arnaque est opérée depuis le Maroc via le centre de domiciliation d’entreprises Oued Side Story. Elle consiste à vendre des formulaires administratifs, ce qui est un délit puisque de tels documents sont fournis gratuitement. Le site web invoque sans vergogne la fermeture physique des MDPH pour vendre ses prestations fictives, ne mentionne aucun nom de société et indique comme propriétaire un certain Edirisingha Thushara Kamal. Il est hébergé en Allemagne par 1&1 Internet AG. Bien que la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) ait été saisie, elle n’a jamais communiqué quelle action elle aurait entrepris pour faire cesser cette arnaque.
Lundi 13 avril – Santé – Confinement et personnes handicapées.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé à la population, lors d’une allocution radio télévisée, la prolongation jusqu’au lundi 11 mai de son confinement à domicile (lire l’actualité des 12 et 16 mars 2020). Il a demandé « aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap sévère, aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester même après le 11 mai confinées, tout au moins dans un premier temps. » Cela risque d’entrainer un maintien dans leurs familles des enfants et adultes handicapés qui leur avaient été retournés lors de la fermeture d’établissements médico-sociaux, alors que les parents devront reprendre le travail. Ce confinement prolongé devrait également empêcher le retour au travail normal d’une partie des travailleurs handicapés. C’est la seule fois où le Président de la République a évoqué les personnes handicapées, sans préciser d’éventuelles mesures d’accompagnement tenant compte de leurs spécificités. Si la fin du confinement de la population est annoncée, la reprise des activités économiques et sociales sera progressive : réouverture des établissements scolaires le 11 mai mais les cours universitaires « ne reprendront pas physiquement jusqu’à l’été », reprise généralisée du travail dans l’industrie, le commerce et les services sauf les restaurants, cafés et hôtels ce qui créera d’importantes difficultés aux travailleurs contraints d’aller travailler avec leur casse-croute ou d’improviser leur couchage. Les cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées resteront fermés, « les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet prochain ». Au long de son discours, Emmanuel Macron s’est efforcé de gommer l’impression de gouverner à vue sans toutefois y parvenir, tout en concédant les failles et impréparation imputables à l’État et aux gouvernements successifs.
Dimanche 12 avril – Santé – Plus du tiers des décès en établissements.
Selon les chiffres du Gouvernement, la part des malades du coronavirus décédés en maisons de retraite (EHPAD) et autres établissements médico-sociaux (EMS) atteint 56% des victimes mortes à l’hôpital. Cette proportion n’a cessé d’augmenter depuis le 8 avril. A ce jour, le Covid-19 a touché 95.403 personnes, avec 31.826 hospitalisations dont 6.845 en réanimation. 14.393 malades sont morts (soit 13% des décès mondiaux et 20% de ceux survenus en Europe), dont 9.253 à l’hôpital (64% du total des décès) et 5.140 dans des EHPAD et EMS (36%, la part des EMS étant inconnue, lire plus bas au 8 avril) ; Paris est le département qui enregistre le plus grand nombre de morts en milieu hospitalier, 912 depuis le 1er mars. 27.186 malades guéris ou en voie de guérison ont pu regagner leur domicile.
Samedi 11 avril – Les initiatives de la semaine.
- Les clowns hospitaliers de Savoie et d’Isère poursuivent leurs activités en visioconférence avec les hôpitaux, maisons de retraites et établissements pour personnes handicapées via tablettes et mobiles.
- Un musicien chanteur des Côtes d’Armor propose des tours de chant gratuits sous les fenêtres de maisons de retraites et foyers pour personnes handicapées.
- Contrainte d’annuler l’audiodescription de pièces de théâtre, Accès Culture propose des programmes descriptifs détaillés de représentations filmées à visionner sur Youtube pour du Théâtre chez soi.
- L’Adapei de la Drôme transforme un foyer de vie en mini-hôpital pour traiter des usagers de ses établissements contaminés par le Covid-19, mais ne reçoit que 1.200 des 3.000 masques de protection nécessaires.
- Le Conseil Régional Ile-de-France distribue les 10 millions de masques qu’il vient de recevoir, se permettant même d’alimenter l’ARS qui est un service de l’État.
- Une toulousaine sourde cherche à financer un masque de protection comportant une partie transparente permettant de lire sur les lèvres.
- L’Agefiph lance un plan de soutien de l’emploi comportant notamment une subvention du télétravail et un soutien des travailleurs indépendants.
Vendredi 10 avril – Les ratés de la compensation.
- Alors que ses hôpitaux sont saturés par les malades, le directeur de l’ARS de la région Grand-Est poursuit le plan de fermeture de lits et suppression de postes pour appliquer « ce que le ministère a décidé », le ministre de la santé le fait limoger par le Conseil des Ministres et ce directeur évoque un « licenciement politique » pour aider un candidat à l’élection municipale de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
- Après avoir bloqué pendant un mois 2 millions de masques de protection en transit depuis la Suède et à destination de l’Italie et de l’Espagne, l’État confisque deux cargaisons de 4 millions de masques commandés par la région Bourgogne-Franche-Comté destinés notamment aux établissements médico-sociaux pour personnes âgées ou handicapées et aux personnels d’aide à domicile.
- C’est après une seconde plainte que le conjoint violent d’une femme tétraplégique du Mans (Sarthe) est condamné à six mois de prison ferme et maintenu en détention.
Jeudi 9 avril – L’intox de la semaine.
Les personnels d’aide au domicile de personnes handicapées peuvent désormais obtenir des masques de protection contre le virus Covid-19. « Si vous êtes un particulier employeur en situation de handicap et bénéficiaire de la PCH, annonce le secrétariat d’État aux personnes handicapées dans sa Foire aux questions actualisée, chacun de vos auxiliaires de vie salarié peut se rendre en pharmacie d’officine et retirer 9 masques par semaine ». Ce que conteste Marcel Nuss, sexagénaire handicapé dépendant, qui publie également une tribune sur Médiapart : « C’est du foutage de gueule, car les pharmaciens connaissent les consignes sauf que le ridicule lot hebdomadaire de masques qu’ils reçoivent est réservé à l’avance, il faut faire partie d’une liste préétablie, et ils sont contrôlés très régulièrement. Comment font-ils par conséquent pour nous donner ce qu’ils n’ont pas ? Encore et toujours des effets d’annonce et des consignes contradictoires. Comment les gens peuvent-ils s’y retrouver ? »
Mercredi 8 avril – Santé/Institutions – Bilan invisible.
La Direction Générale de la Santé (DGS) n’est pas en mesure de communiquer le chiffre des usagers d’établissements médico-sociaux décédés à cause du virus Covid-19. Depuis quelques jours, une remontée d’information a pourtant été organisée pour connaître quotidiennement le nombre de personnes âgées mortes du fait de l’épidémie dans les maisons de retraite (EHPAD), et ce chiffre est communiqué par le DGS sous l’étiquette » décès survenus en établissements sociaux et médico-sociaux »; cela laisse penser que les décès survenus en établissements pour personnes handicapées y sont comptabilisés. Pourtant, ce chiffre n’existe pas comme l’explique le secrétariat d’Etat aux personnes handicapées : « Nous ne pouvons répondre à votre question concernant le chiffre des personnes hébergées en établissement car nous n’avons toujours pas de remontée sur celui-ci. »
Mardi 7 avril – Fiscalité – Pas de TVA sur certains dons.
Le ministère chargé du budget renonce à faire payer la TVA sur les matériels neufs donnés gratuitement aux établissements pour personnes handicapées ou âgées ainsi qu’aux associations. Il suspend le temps de l’urgence sanitaire la règle fiscale qui oblige à réintégrer et payer la TVA sur les matières premières et composants utilisés pour élaborer des « matériels sanitaires (masques, gels hydroalcooliques, tenues de protection et respirateurs) fabriqués, achetés, ayant fait l’objet d’une acquisition intracommunautaire ou d’une importation, effectués par les entreprises au profit d’établissements de santé […] d’établissements sociaux et médico-sociaux […] de professionnels de santé [ainsi] que de services de l’État et des collectivités territoriales. Cette tolérance s’applique y compris lorsque ces matériels sont acquis dans la perspective d’un don.
Lundi 6 avril – Santé/Vie Autonome – Confusion sur l’assouplissement.
L’allègement des strictes conditions de sortie du domicile des personnes handicapées ne concerne que celles « qui connaissent à cause du confinement des troubles importants du comportement ou une altération de leur santé mentale, et notamment les personnes avec autisme, déficience intellectuelle, déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou troubles psychiques », précise le secrétariat d’État aux personnes handicapées dans sa Foire aux questions actualisée chaque jour. Toutefois, des préfets l’interprètent dans le sens annoncé initialement le 2 avril (lire ci-dessous), en appliquant cet assouplissement à l’ensemble des personnes handicapées, tel celui d’Indre-et-Loire.
Dimanche 5 avril – Santé – Le Covid-19 a tué 8.078 personnes.
Selon le bilan de la Direction générale de la santé (DGS), l’épidémie de coronavirus a emporté plus de 8.000 personnes en France, dont 5.889 décédées à l’hôpital et 2.189 dans les maisons de retraites et les établissements médico-sociaux. Pour ces derniers, le chiffrage demeure incomplet faute de remontées statistique organisée, et il n’est pas précisé le nombre de personnes handicapées mortes du fait du virus. 6.978 malades sont en réanimation, la plupart pour plusieurs semaines, sur près de 29.000 hospitalisés. Depuis le début des évacuations sanitaires, 613 patients ont été transférés d’hôpitaux surchargés vers ceux d’autres régions moins touchées.
Samedi 4 avril – Santé/Emploi – Utilitarisme et pandémie.
« Il est essentiel que l’emploi des personnes handicapées soit pleinement préservé ». Telle est la phrase-choc que BFM TV retient de la conférence de presse à distance tenue par la secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel. C’est son collègue ministre de la Santé, Olivier Véran, qui s’est chargé de déclarer l’intention de rétablir prochainement les soins nécessaires aux personnes handicapées interrompus depuis le confinement, et la dotation des établissements médico-sociaux en masques de protection qui interviendra toutefois trop tard, le virus Covid-19 y étant déjà largement diffusé. Les auxiliaires de vie intervenant au domicile de personnes confinées n’entrent pas parmi les professionnels prioritaires pour l’attribution de masques du stock reconstitué par l’État. Olivier Véran, qui est également médecin dans le civil, a affirmé que le « handicap ne doit pas être un critère de refus de soin, que l’on parle d’une hospitalisation simple ou d’une réanimation », et se refuse à imaginer qu’un tri des malades soit effectué. Pourtant, de tels tris ont déjà été relevés (lire plus bas Les ratés du 3 avril), le Collectif Handicaps 48 s’en inquiète dans un communiqué, de même que le président de l’Unapei, Luc Gateau, dans une interview. A noter que cette pseudo conférence de presse conjointe des deux ministres à été annoncée par courriel à 12h25, les journalistes n’ayant que 45 minutes pour envoyer leurs questions par mél sans pouvoir intervenir directement par visioconférence. Cette précipitation pourrait s’expliquer par la saisine, avant-hier jeudi, du Conseil d’État en référé-liberté par deux associations qui lui demandent d’ordonner au gouvernement de fixer des règles pour l’accès aux soins des personnes âgées victimes du Covid-19. Le Conseil d’État doit se prononcer dans le courant de la semaine prochaine.
Samedi 4 avril – Les initiatives de la semaine.
- Suite à leur report d’un an du fait de l’épidémie de coronavirus, les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020 se dérouleront du 24 août au 5 septembre 2021.
- Par décision du ministre de l’Intérieur, le 114 initialement destiné aux appels d’urgence des personnes sourdes et malentendantes peut être utilisé pour signaler discrètement par SMS des violences conjugales.
- Le Conseil Départemental de La Réunion décide d’accorder une aide mensuelle de 170€ à chaque professionnel d’un service d’aide à domicile pendant la période d’urgence sanitaire.
- La ville de Nice (Alpes-Maritimes) double son service téléphonique d’infos sur l’épidémie d’une interface adaptée aux habitants sourds ou malentendants.
- Des travailleurs volontaires d’un ESAT de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) assemblent des composants de respirateurs vitaux pour les malades du Covid-19.
- Fille de parents sourds, une habitante de Châlons-en-Champagne traduit bénévolement en LSF les discours du maire pendant l’épidémie.
- Les travailleurs handicapés des Entreprises Adaptées d’Handy’Up (Haute-Saône) fabriquent des masques de protection pour ses salariés et d’autres.
Vendredi 3 avril – Les ratés de la compensation.
- Les auxiliaires de vie de l’ADMR du Finistère assurent leurs prestations au domicile de personnes handicapées sans le minimum d’équipement de protection.
- Trois ans après son entrée en vigueur, la carte mobilité inclusion remplaçant la carte européenne de stationnement vaut toujours à ses utilisateurs des verbalisations en Allemagne.
- L’athlète handisport multi-médaillé Arnaud Assoumani pousse un coup de gueule sur le silence des médias qui ont oublié de mentionner les Paralympiques lorsque les nouvelles dates des Jeux de Tokyo ont été annoncées.
- Saturé, l’hôpital de Poissy (Yvelines) renvoie dans son foyer médico-social un homme polyhandicapé en détresse respiratoire à cause du virus Covid-19.
- A Bitche (Moselle), un couple de personnes handicapées âgées est refoulé d’un supermarché.
- Des parents poitevins lancent à l’aveugle une cagnotte pour financer l’aménagement du logement et d’une voiture, sans trop savoir ce qu’il en coûtera.
- Des policiers d’Albi (Tarn) verbalisent les personnes nécessiteuses qui vont chercher des colis alimentaires au Secours Populaire Français.
- Renvoyé dans son foyer-logement par les urgences hospitalières surchargées de Mulhouse (Haut-Rhin) bien que malade du Covid-19 et en difficulté respiratoire, un travailleur handicapé décède dès son retour à l’hôpital.
Jeudi 2 avril – Santé – Assouplissement du confinement.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, a saisi l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme pour annoncer dans une allocution vidéo l’assouplissement du confinement à domicile des personnes autistes. « Vous allez pouvoir sortir un peu plus souvent avec une attestation qui sera faite spécialement pour vous. » L’interdiction de sortir crée des situations éprouvantes pour les familles qui ont été contraintes de réintégrer enfants ou adultes, ainsi que dans les établissements qui les ont gardés en confinement. Peu après l’intervention d’Emmanuel Macron, le secrétariat d’État aux personnes handicapées a précisé dans un communiqué que « les conditions de sortie pour les personnes en situation de handicap et leur accompagnant sont désormais assouplies pour notamment accompagner les personnes en grande difficulté au regard de leurs troubles du spectre de l’autisme, déficience intellectuelle, déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, troubles psychiques. Cet assouplissement doit s’accompagner d’un strict respect des gestes barrière impératifs pour la sécurité sanitaire de tous. » Ces nouvelles dispositions concernent l’ensemble des personnes pouvant justifier de leur handicap, sans nouvelle formalité : « Cette mesure ne fait pas l’objet d’une attestation dédiée, mais consigne est donnée aux préfets et aux forces de l’ordre d’une prise en compte spécifique. Il faut donc toujours pour autant remplir et avoir l’attestation habituelle dérogatoire de déplacement. » Les personnes handicapées peuvent désormais sortir soit seules ou accompagnées, en voiture ou non, sans limite de temps, de distance et de fréquence « pour permettre notamment d’aller dans un lieu de dépaysement ». Les professionnels ou aidants peuvent circuler pour porter assistance « à personnes vulnérables, sans condition de durée ou de distance. »
Mercredi 1er avril – La perle de la semaine.
C’est officiel, l’Allocation Adulte Handicapé mensuelle augmente aujourd’hui de 2,70€ (soit la valeur moyenne de trois baguettes de pain), et cela jusqu’au 1er avril 2021. Cette « hausse » représente près du quart de l’inflation en 2019 et va donc sérieusement entamer la revalorisation de 90€ qui constituait une promesse de campagne du Président de la République, Emmanuel Macron (lire l’actualité du 13 octobre 2019 et cet Éditorial). D’un montant maximum de 900€, l’AAH passe donc à 902,70€ à partir du paiement effectué le 5 mai prochain et pour les 11 mois qui suivront, et ce n’est pas un poisson d’avril…
Mercredi 1er avril – Cécité – Attestation remplacée par la CMI
Le secrétariat d’État aux personnes handicapées annonce dans l’actualisation de sa Foire aux questions que les personnes aveugles ou malvoyantes sont exemptées de l’attestation obligatoire de déplacement si elles peuvent présenter leur carte d’invalidité ou un justificatif de cécité ou malvoyance. Une simplification saluée par le président de la Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et Amblyopes (CFPSAA), Édouard Ferrero : « L’inaccessibilité du formulaire a provoqué chez beaucoup de personnes déficientes visuelles de l’inquiétude et du stress quant à la manière de le remplir. Depuis je n’ai cessé de faire remonter cette inquiétude et demander la possibilité d’accorder à ces personnes l’usage de la carte mobilité inclusion. Enfin une réponse positive. » Édouard Ferrero n’a pas connaissance de plaintes de personnes aveugles suites à des contrôles de police trop pointilleux.
Mercredi 1er avril – Surdité/Accessibilité – Macron en LSF.
Après le discours du Président de la République en déplacement à Mulhouse le 25 mars, celui du 31 mars à Saint-Barthélemy-d’Anjou (Maine-et-Loire) est traduit en Langue des Signes Française par un interprète placé à côté d’Emmanuel Macron. La Présidence de la République va poursuivre autant que possible ces traductions pour les discours tenus à l’Élysée et lors de déplacements préparés suffisamment à l’avance, précise l’un de ses porte-parole. Elle prépare également, pour le second semestre, l’interprétation en LSF des comptes-rendus des conseils des ministres. Lire cette enquête sur l’information des Sourds au sujet de l’épidémie de Covid-19.