Dès l’annonce des lieux devant accueillir les épreuves des Jeux de Paris 2024, apparaissait une nette différenciation entre Olympiques et Paralympiques : des épreuves et événements au coeur de Paris pour les premiers, dans des stades et installations plutôt en périphérie (Seine-Saint-Denis, Yvelines et autres sites) pour les seconds.
Cette semaine, on appris que la cérémonie d’ouverture des Olympiques se déroulerait le 26 juillet 2024 sous la forme d’une grande parade de six kilomètres sur la Seine, avec les 10.000 sportifs et la flamme olympique répartis sur 160 bateaux. « Les athlètes seront au coeur du spectacle, justifie le Comité d’Organisation (COJO). En plaçant le défilé des délégations en ouverture, Paris 2024 casse les codes traditionnels. Dès l’introduction, puis tout au long de la cérémonie, ils seront mêlés aux performances artistiques, illustrant la volonté de Paris 2024 de réaliser des Jeux pour et par les athlètes. » 600.000 spectateurs sont espérés sur les quais bas (payants) et hauts (gratuits) par le COJO.
De tels déploiement d’inventivité, d’énergie et de moyens seront-ils convoqués pour la cérémonie des Paralympiques ? « Nous produirons deux cérémonies d’ouverture différentes, avec deux concepts créatifs faisant appel aux meilleurs talents, précise le COJO. Les concepts des prochaines cérémonies seront étudiés en 2022. Paris 2024 s’est effectivement engagé à organiser a minima deux cérémonies au stade de France sur les quatre au total. Des études ont été lancées et permettront d’aboutir au choix définitif des lieux lors du premier semestre 2022. » Si le COJO invoque « le même niveau d’ambition en termes d’émotion et de qualité du spectacle, tout en respectant l’identité propre de l’événement » pour l’ouverture de Paralympiques, il y a fort à craindre qu’elle soit confinée dans le Stade de France, hors de Paris.
Des para-athlètes ont déploré de ne pas être conviés à la parade du 26 juillet 2024, contraignant le président du COJO, Tony Estanguet, à réagir dans la presse. Après avoir entonné le refrain du changement de regard sur les personnes handicapées, il a invoqué l’envoi d’handisportifs dans les établissements scolaires lors de la prochaine semaine olympique et paralympique de fin janvier 2022, et rappelé que les deux compétions ont le même logo ; là, il trompe le public, le logo est double, avec les cinq anneaux olympiques pour les JO et trois espèces de virgules nommées « agitos » pour les JP, pour la simple raison que le Comité International Olympique a historiquement interdit l’utilisation de « ses » anneaux pour les Paralympiques ! Les installations sportives seront certes les mêmes, mais pas les moyens ni l’ouverture sur la ville et la population. Et les Paralympiques se dérouleront en pleine rentrée scolaire des Parisiens et Franciliens, pas le meilleur moment pour changer le regard sur les personnes handicapées…
Laurent Lejard, décembre 2021.